Après son “élimination politique”, Robert Assante négocie un emploi à la RTM

Photo : Esther Griffe.

“Pour moi, la politique s’est arrêtée le 17 mars.” Au téléphone, Robert Assante semble encore atteint par cette séance du conseil métropolitain où sa vice-présidence aux transports s’est envolée. Adjoint au maire de Marseille, vice-président aux transports de la communauté urbaine, il convoitait de longue date cette fonction d’envergure dans la toute nouvelle institution. Et pensait pouvoir compter sur le soutien du président de la métropole Jean-Claude Gaudin. Mais la présidente du conseil départemental Martine Vassal souhaitait placer “son” vice-président, Henri Pons à ce poste. Le 17 mars, ce dernier recueille 118 voix, Assante, 70. Le battu refuse alors de s’exprimer dans la presse. Il est sonné.

Deux mois plus tard, l’élu, 63 ans, a déjà trouvé comment rebondir. Un emploi, un “lot de consolation” pour les mauvaises langues, l’attend à la RTM. Jusqu’à fin 2015, il siégeait au conseil d’administration de cette régie publique des transports – une fonction non rémunérée -, au nom de feu la communauté urbaine. Il pourrait y faire son retour, non pas comme traminot, mais en tant que chargé de mission. Interrogé, Robert Assante confirme qu’il discute actuellement en vue de son recrutement. “Les choses devraient se préciser la semaine prochaine”, élude-t-il quand la RTM se refuse à tout commentaire. Une éventualité observée avec “vigilance” par Patrick Parra, secrétaire général de l’union départementale CFDT et ex délégué de son syndicat à la RTM. S’il préfère rester prudent dans l’attente du contenu de ladite mission, le syndicaliste se rappelle que l’élu en question – dont il évite de prononcer le nom – “faisait partie de ceux qui disaient que la RTM coûtait cher” à la collectivité…

“Je ne mettrai plus les pieds à la métropole”

Reste que pour entrer comme salarié à la RTM, Robert Assante devra choisir d’abandonner son mandat métropolitain, la régie étant une émanation de cette même métropole. “Ce n’est pas un choix politique, c’est une élimination politique”, rectifie-t-il. Balayant les remarques sur l’éthique de ce recrutement, il assure que son seul souci est d’être “juridiquement irréprochable”.

Ce détachement semble aller de paire avec son désengagement de la politique. “Je ne mettrai plus les pieds à la métropole ou au conseil de territoire. Je n’y suis déjà pas allé lors des dernières séances. Mes lettres de démission devraient partir la semaine prochaine.” Dans ces conditions, peut-il conserver un poste de 5e adjoint au maire de Marseille, lequel est aussi président de la métropole ? “Je ne pense pas”, admet-il, sans tirer un trait définitif sur ce plan.

Je t’aime, moi non plus

Une manière de ne pas totalement clore sa carrière politique ? Le secret du suffrage empêche de désigner ceux qui ont sapé ses ambitions. Mais il signe le point final d’une succession de désillusions. Du moins depuis qu’il a choisi le chemin de la dissidence aux cantonales 2011. Dans l’équipe de Jean-Claude Gaudin dès la victoire de 1995, Robert Assante, réputé bosseur, a piloté pour lui des dossiers chauds voire sulfureux comme celui de l’incinérateur de Fos-sur-Mer.

Après un nouveau cavalier seul au premier tour des municipales 2014 et son ralliement aux listes Gaudin pour le second, il devait conserver la mairie des 11e et 12e arrondissements. C’est finalement la députée LR Valérie Boyer qui s’était installée dans son siège. En échange de cette rupture d’accord, Robert Assante avait alors négocié un poste d’adjoint au développement durable – un des ses domaines de prédilection – et une vice-présidence aux transports à la communauté urbaine de Marseille. Mais dès juin 2014, on lui faisait à nouveau payer sa dissidence. L’élection de Laure-Agnès Caradec à la présidence de l’Agam, l’agence d’urbanisme – une fonction qui lui avait été promise – annonçait un mandat difficile pour cette personnalité assez isolée. Aux départementales 2015, il était le seul élu sortant à être écarté par l’union de la droite. Sa chute dans le jeu d’équilibre complexe de la métropole en aura été l’ultime illustration.