Après la crise Covid, les hôpitaux de Marseille toujours en réanimation
Dans une conférence de presse sur "l'état de santé" de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, la direction de l'institution a alerté sur la dette abyssale qui grève son fonctionnement.
Photo : Emilio Guzman.
06Il y a du mieux, mais le géant hospitalier est toujours bien malade. La métaphore médicale est assumée par la direction générale de l’assistance publique marseillaise qui proposait, ce lundi, un “bilan de santé de l’AP-HM”. Et comme sur le tableau clinique présent au pied du lit d’un malade, il y a des indicateurs qui offrent une teinte verte de bon aloi, d’autres qui présentent un rouge vif, synonyme d’alarme.
Le point le plus critique est celui des finances et du budget puisqu’une nouvelle fois, les hôpitaux de Marseille bouclent l’année avec un déficit à trois chiffres. “Nous tablons sur un déficit autour 100 millions d’euros sur un budget global d’1,85 milliard, évalue François Crémieux, le directeur général de l’AP-HM. C’est un niveau de déficit élevé qui traduit de vraies difficultés et une vraie inquiétude.” Cette perte s’explique par plusieurs facteurs. Comme les autres hôpitaux publics, ceux de Marseille souffrent de l’inflation générale, sur l’énergie comme sur les matériaux médicaux. “Cela représente 25 millions d’euros de coûts supplémentaires“, constate le directeur.
Inflation et poids de la dette
Vingt-cinq autres millions sont dus à l’écart entre l’évolution des rémunérations, tirée notamment par le Ségur de la santé, et leur prise en charge par l’État. Enfin, le dernier élément qui pousse les finances de l’AP-HM vers le rouge écarlate concerne l’évolution des taux d’intérêt. “En 2023, nos charges financières sont passées de 21 à 29 millions d’euros“, pointe encore le directeur qui évalue à 60 millions la part du déficit lié à ces trois causes.
Parmi les investissements incontournables à venir, la modernisation des deux immeubles principaux de la Timone et de l’hôpital Nord.
Les 40 millions restants relèvent donc “du déficit historique de l’AP-HM, notamment liés à la vétusté des locaux“, auquel il faut ajouter les difficultés de ressources humaines. Depuis 2013, les directeurs successifs ont programmé des investissements colossaux pour remédier à cette vétusté historique, grévant d’autant plus le taux d’endettement de l’assistance publique qui culmine toujours à 60 % du budget. La dette cumulée atteint 867 millions, pour l’essentiel contractée entre 2005 et 2015. Un poids dont l’État a accepté de délester 250 millions d’euros sur dix ans, comme dans les autres centres hospitalo-universitaires de France.
Malgré cela, et bien avant l’aggravation du déficit, l’AP-HM n’avait plus les mains libres pour faire face aux investissements gigantesques auxquelles elle doit faire face et, singulièrement, la modernisation des deux immeubles de grande hauteur que sont la Timone et l’hôpital Nord, “des bâtiments en fin de vie“, constate François Crémieux. C’est l’État, pour la moitié, et les collectivités locales, qui vont porter l’essentiel de ces grands investissements, avec 368 millions d’euros de subventions.
Un soutien qui s’accompagne d’une demande de rétablissement de l’équilibre financier que l’institution peine à tenir. Les membres du conseil de surveillance de l’AP-HM, présidé par Michèle Rubirola, ont donc fait hurler les sirènes, en espérant susciter un geste des pouvoirs publics. “Le conseil appelle fortement les pouvoirs publics à corriger cette situation, non pas seulement avec des aides de fin d’année qui maintiennent l’établissement en permanence dans l’incertitude, écrivent-ils dans une délibération en décembre. Mais structurellement, afin de permettre au CHU de poursuivre sa trajectoire d’adaptation de son offre aux besoins de la population de son territoire et d’investissement d’avenir.”
120 jours d’attente pour les fournisseurs de l’hôpital
Tout aussi alarmiste, la commission médicale de santé a pointé dans une motion les conséquences néfastes de cet état de santé précaire : “D’ores et déjà, cette situation produit des effets concrets qui se font sentir sur le rythme de certaines commandes et majorent des difficultés d’approvisionnement. Ces conséquences nous inquiètent vivement, car elles pénalisent notre exercice à tous les niveaux”. Les délais de paiement des fournisseurs ne cessent de se rallonger pour atteindre 120 jours, voire 150 en milieu d’année, là où il n’était que de 50 jours en 2022.
On fait sans cesse référence à 2019, mais en 2019, nous étions déjà dans une crise profonde.
Jean-Luc Jouve, président de la CME.
Fin janvier, l’ensemble des directeurs généraux de centres hospitalo-universitaires ont conjointement alerté l’État, dans un communiqué commun, estimant “choquant que les CHU, bouclier sanitaire du pays durant la crise Covid, sortent extrêmement fragilisés de celle-ci“. Or, pour l’AP-HM, l’avant Covid n’est pas synonyme de pluie de fleurs et de sourires béats. “On fait sans cesse référence à 2019, commente ainsi Jean-Luc Jouve, le président de la commission médicale d’établissement. Mais en 2019, nous étions déjà dans une crise profonde.”
Le tableau des lits ouverts illustre parfaitement ce paradoxe. Après quatre ans de fermeture, les hôpitaux retrouvent péniblement le nombre de lits en médecine adulte et rattrapent lentement son déficit en obstétrique comme en pédiatrie, sans toutefois retrouver les chiffres d’avant la crise.
Toujours des blocs fermés faute de personnel
Cela vaut également pour les recrutements. L’AP-HM a recruté 99 professionnels de plus qu’en 2022, une hausse sensible dans les métiers soignants avec 22 infirmières en plus recrutées dans l’année. Mais ces embauches ne permettent pas de compenser le manque d’infirmiers de spécialité par exemple, en psychiatrie comme en salles d’opération. “Nous maintenons des blocs opératoires fermés faute de disposer des personnels soignants nécessaires pour les faire tourner, se désole Jean-Luc Jouve, lui-même chirurgien. Il faut quatre professionnels de santé pour ouvrir un bloc. Il suffit qu’il en manque un…”
Or, des blocs opératoires fermés, ce sont des listes d’attente de malades qui s’allongent, des actes médicaux qui ne sont pas réalisés, grévant encore plus les finances de l’AP-HM. Pour compenser, les chefs de service tirent sur la même corde usée des heures supplémentaires. “Elles représentaient 450 équivalents temps plein, nous sommes désormais à 300″, constate froidement François Crémieux, esquissant par ce seul chiffre, le besoin réel en personnels…
Commentaires
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Je n’arrive pas à comprendre qu’on attende d’un hôpital public qu’il soit rentable
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Vous avez raison ,
il faut demander à Mr Cremieux pourquoi on a organisé l’assassinat social du
Pr Raoult , du Dr Fouché , du Pr Perronne etc…
leur maniére de soigner ne rapportait pas assez d’argent aux laboratoires etc…
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Sans doute parce que “leur manière de soigner” ne soignait rien, mais mettait au contraire en danger les malades.
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Vous êtes mal informé , Raoult peut se promener dans Marseille, les marseillais le remercient !
Macron non !
Mais sans doute vous savez tout ça !
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Non, pas “les” Marseillais. Évitons les généralisations sans preuve : c’est la méthode Raoult, ça, affirmer mais ne rien prouver.
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Cher monsieur,
Je suis infirmière à la retraite, je travaillais au CHU Timone ,et je connais bien ces problèmes,
RAOULT et son é quipe ont soigné, et bien , apparemment ça vous énerve,
Mais ça change rien , Tout pour critiquer le Pr Raoult, ! Rependre des mensonges, c’est votre seule
tactique pour lutter contre l
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Ah le complexe de certains infirmiers ou infirmières qui se prennent pour des médecins.
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Je vous plains , mais je ne vous répondrais plus !
pas de temps pour des pollueurs de cerveaux !
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Visiblement vous deviez être infirmière en psychiatrie,pour vous prendre pour Freud.
De toutes les façons cela sera un bonheur , cela m’évitera vos commentaires lamentables sur Soros,les Rothchild et le monde supposé de la finance
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☺ 🇫🇷
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