Amnesty international privée de deux réunions à Aix et Marseille sur “l’apartheid israélien”

Info Marsactu
le 24 Nov 2022
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Coup sur coup, la faculté de droit d'Aix et la mairie de Marseille ont annulé en dernière minute des conférences d'Amnesty International sur la politique israélienne. Les deux institutions avancent des raisons techniques quand l'ONG parle de "censure".

Une conférence à la cité des associations a été annulée par la Ville de Marseille. (Photo : NG)
Une conférence à la cité des associations a été annulée par la Ville de Marseille. (Photo : NG)

Une conférence à la cité des associations a été annulée par la Ville de Marseille. (Photo : NG)

Les refus sont tombés coup sur coup à deux jours du rendez-vous. Amnesty International devait tenir deux réunions publiques à Aix et Marseille autour de son rapport consacré à “l’apartheid commis par Israël” ces mercredi et jeudi 23 et 24 novembre. Elle en a été privée. Ce jeudi matin, elle cherchait encore une salle de repli à Marseille.

Les avis négatifs de dernière minute émanent de deux institutions publiques : la mairie de Marseille et la faculté de droit d’Aix-en-Provence. Dans les deux cas, ce sont des raisons techniques qui ont été avancées par les institutions pour éconduire l’organisation non gouvernementale. Pour chacun de ces rendez-vous, des discussions étaient toujours en cours mercredi soir.

Amnesty International dénonce “une censure” de la mairie de Marseille

Interrogé par Marsactu, le président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller, charge en particulier la Ville de Marseille qui a annulé le rendez-vous fixé à la cité des associations sur la Canebière ce jeudi soir. “On nous l’a fait savoir 48 heures avant la conférence, en disant que c’était une soirée à caractère politique. Nous refusons de l’admettre et nous avons rouspété vivement. Amnesty international est une association de défense des droits humains qui n’est inféodée à aucun parti politique”.

Le chef de file de l’ONG défend par ailleurs les termes utilisés dans le rapport : “Au regard des trois conventions internationales qui qualifient le crime d’apartheid, nous avons réuni 300 pages de faits qui nous font dire qu’il y a bien crime contre l’Humanité”.

On est sur un sujet de règlement intérieur et de protection de la neutralité du service public.

Une source à la mairie

Pour lui, la situation constitue “sans aucun doute une censure. Il y a quelques semaines Ramy Shaath, un militant égyptien qui vient de sortir de prison a été invité au même endroit, cela n’a posé aucun problème”. La Ville de Marseille a, selon nos informations, proposé un local géré par une association en échange qui n’a pas convenu à Amnesty. “On n’est pas sur une question politique, on est sur un sujet de règlement intérieur et de protection de la neutralité politique du service public”, assure-t-on à la mairie.

Un problème pour la sécurité du public selon la fac de droit

À Aix, la conférence prévue ce 23 novembre n’a pas eu lieu sur décision du directeur de la faculté de droit et de sciences politiques, Jean-Baptiste Perrier. “Il y a beaucoup de réunions de ce type à l’université, je ne suis pas au courant de toutes. J’ai été prévenu de celle-ci lundi. C’était initialement présenté comme un cours et non pas comme une conférence. Dès lors qu’il y a une personnalité extérieure, qui plus est sur un sujet polémique il faut prendre des mesures de sécurité qu’il était impossible de prendre en deux jours”, assure le doyen.

Le collègue qui a proposé cette conférence a toute la liberté pour la reprogrammer si les conditions de sécurité et le calendrier le permettent.

Jean-Baptiste Perrier, doyen

L’ancien titulaire du cours de droit pénal international précise : “Il n’y a pas de censure. On peut discuter de tout à l’université. J’ai de très bonnes relations avec Amnesty International. La question est pertinente, elle reste posée à l’ONU, la Cour pénale internationale est saisie. Le collègue qui a proposé cette conférence a toute la liberté pour la reprogrammer si les conditions de sécurité et le calendrier le permettent.” Le président d’Amnesty International France Jean-Claude Samouiller fait plutôt crédit au doyen, mais rappelle tout de même avoir formulé sa demande “il y a quatre ou cinq mois”.

Des alertes des renseignements territoriaux et du CRIF

“Soit il y a eu des pressions, soit les propriétaires des salles ont peur de rentrer dans ces questions”, tente d’expliquer Jean-Claude Samouiller. Selon nos informations, tant l’université que la mairie ont été destinataires de plusieurs alertes ces derniers jours. Tout d’abord, les renseignements territoriaux leur ont fait savoir que des groupes radicaux pro-israéliens avaient repéré le rendez-vous et auraient pu tenter de le perturber au risque de susciter des problèmes de sécurité.

Ensuite, des associations, dont le Conseil représentatif des institutions juives de France leur ont fait savoir leur désaccord. Le CRIF présente le travail d’Amnesty International comme “un rapport antisémite” qui contribue à “la montée de l’antisémitisme dans notre pays”. Un débat qui ne semble pas prêt d’avoir lieu en Provence.

Modification à 9 h 10 : précision sur la recherche de lieu alternatif encore en cours pour tenir la réunion ce jeudi soir.

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Commentaires

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  1. Alain Castan Alain Castan

    Une censure insupportable sous la pression du gouvernement d’apartheid israélien. Merci le Printemps marseillais !

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  2. Jeanne 13 Jeanne 13

    De mieux en mieux des réunions politiques sur la situation de cuba de l Egypte…ont eu lieu dans ces mêmes locaux sans que cela ne pose aucun problème
    Mais dés qu il s agit d Israël et de poser une réalité les pressions et lobby se mettent en action vive la liberté d expression !

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    • Alceste. Alceste.

      La réaction du CRIF est d’une clarté biblique sur le sujet.Tout est dit.

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Le premier problème est que toute analyse critique de la politique, extérieure comme intérieure, de l’Etat d’Israël est assimilé par la droite israélienne et par les organisations juives de droite (dont le CRIF) comme antisémite donc tombant sous le coup de la loi. L’Etat d’Israël se définit comme “juif et démocratique”: démocratique pour les juifs et juif pour le reste du monde (palestiniens de nationalité israélienne inclus).

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  3. Lazarre Lazarre

    C’est insupportable de voir l’étendue du pouvoir des extrémistes juifs. A force d’éluder le sujet de la colonisation et de l’apartheid, on entretient la rancoeur dans notre pays et on fabrique nos monstres.
    J’attendais mieux de la part du Printemps marseillais.

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  4. Helene Goldet Helene Goldet

    Complètement d’accord pour trouver cette interdiction scandaleuse.

    Plus généralement, l’interdiction des réunions à caractère politique dans les salles municipales me choque. Je voudrais savoir sur quels textes elle repose, propres ou non à la ville de Marseille.
    En pratique, cette interdiction est régulièrement contournée par des associations, selon des critères qui sont laissés à l’appréciation des élus de la ville ou des secteurs s’agissant des salles gérées par les mairies de secteurs.
    Il serait à mon sens normal que les élus, et les partis qu’ils représentent, qu’ils soient élus locaux ou députés puissent disposer des salles de la ville pour faire des comptes rendus de mandats, et plus généralement des réunions politiques ,qu’ils se situent dans la majorité ou dans l’opposition.

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      Le prétexte bateau est en général risque de troubles à l’ordre public
      Pas besoin d’autre justification c’est le même qui sert pour interdire les manifestations sur la voie publique

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  5. Louise LM Louise LM

    Honteux
    Les responsables de la censure ne sont même pas capables de l’assumer et se cachent derrière des questions techniques

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  6. Félix WEYGAND Félix WEYGAND

    Il faut vraiment en finir avec cette lâcheté devant les extrémistes.
    Il y a peu une demi-douzaine d’anciens ministres des affaires étrangères européens (Hubert Védrine pour la France) publiaient une tribune dans la presse (Le Monde pour la France) pour poser que “la politique israélienne envers les palestiniens équivaut au crime d’apartheid” et on n’aurait pas le droit d’en débattre à Marseille ou à Aix-en-Provence dans l’enceinte de la Mairie ou de l’Université à l’initiative d’une ONG de défense des droits de l’homme prix Nobel de la paix, prix des droits de l’homme des Nations Unies, etc.
    Ces gens là sont des idiots ! En plus d’être des lâches !
    Quand aux membres locaux du lobby du courant fasciste israélien, ils devraient réfléchir plutôt avec Eva Illouz : “Pour ceux qui, comme moi, se définissent comme sionistes – malgré ses iniquités, la création d’un foyer national juif était légitime et nécessaire –, écrire ces mots – fascisme juif – est choquant. Mais quelques faits imposent ce jugement.” et réfléchir à ce qu’ils sont en train de faire, non seulement aux palestiniens mais aussi à tous les juifs qu’ils embarquent dans leur aveuglement.

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  7. Clément Yana Clément Yana

    bizarre , personne ne s ‘émeut des deux attentats qui ont touché des civils à Jerusalem, un jeune mort de 16 ans et 18 bléssés graves ….j ‘ oublie : ce ne sont que des juifs .

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