L’art dans la ville à Marseille
UNE ÉCOSTHÉTIQUE POUR MARSEILLE
Ne cherchez pas dans votre dictionnaire : je me suis amusé à imaginer un mot nouveau. Cela fait du bien à la langue, de se rajeunir ainsi, de se donner, ainsi, de nouveaux horizons, de pouvoir parler de nouveau un langage qui articule l’art et l’espace
L’art et l’esthétique de la ville
Ce que je propose de nommer écosthétique, c’est une articulation entre l’écologie et l’art, une façon de penser l’inscription de l’art dans l’espace, ou, si l’on préfère, de permettre à l’espace – en l’occurrence à l’espace urbain – de faire vivre l’art dans ses rues et dans ses places, dans ses constructions et dans ses œuvres d’art urbain, ou, si l’on préfère, de street art. L’écosthétique est une façon de rendre la ville un de ses rôles majeurs : celui d’un paysage. C’est que Marseille, comme toutes les villes, est à la fois un espace que l’on habite, un espace où l’on travaille, où l’on a des relations et où l’on échange les uns avec les autres et un espace que nous avons plaisir à regarder : un paysage offert à nos regards. C’est cela, l’écosthétique : une façon de penser l’art dans la ville et de lui donner du sens, mais, au-delà, une façon de lire l’art dans la ville, une façon de comprendre les significations que l’art donne à la ville et à la vie que l’on peut y mener. Car c’est aussi, l’écosthétique : une façon de pleinement comprendre comment l’art donne une multiplicité de significations aux espaces dans lesquels ils s’inscrit. Par l’écosthétique, nous apprenons à lire la ville dans la langue que lui donnent les arts et leur culture. La politique de la ville ne doit pas se réduire à une politique d’intégration sociale des quartiers abandonnés : elle est une politique qui donne du sens à la ville grâce aux cultures et grâce aux arts.
Marseille, ville d’arts et de cultures
C’est, en effet, depuis toujours, cela, Marseille : une ville dans laquelle la multiplicité des peuplements, la pluralité des cultures, le grand nombre des peuples qui l’ont traversée ou qui l’ont habitée, ont, chacun à sa façon, conversé ou échangé avec les lieux du monde urbain, ont tous inscrit dans les lieux de la ville la polyphonie des cultures et des langages qui leur donne une signification multiple, plurielle. Pour ne prendre qu’un exemple, la mer, dans la ville, n’a pas le même sens si ce sont les Grecs qui lui donnent sa signification ou si ce sont les navigateurs du XVIIème ou du XIXème siècle. Une ville d’arts et de cultures, c’est une ville dont la multiplicité des arts et des signes qu’ils construisent permet de comprendre la pluralité des significations en y lisant la multiplicité des codes. Mais une ville d’arts et de cultures, comme Marseille, c’est aussi un espace dans lequel les cultures se rencontrent, à la fois dans les musées, dans les lieux de musique et de spectacle, et aussi, au-delà, dans les rues et dans les parcours du quotidien. Une ville d’arts et de cultures, c’est une ville dans laquelle les œuvres des arts de rue et des carnavals permettent de pleinement comprendre les images et les sons qui peuplent les lieux et l’histoire de sa diversité.
Une ville qui ne soit pas un décor, mais où l’art vit
C’est que Marseille est une ville dans laquelle les arts et les cultures ne sont pas enfermés dans des espaces où l’on ne peut que les regarder, mais vivent aussi grâce aux habitants qui les font vivre : habiter Marseille, comme, sans doute, n’importe quelle ville, ce n’est pas seulement y dormir et y travailler, ce n’est pas seulement y parler les uns avec les autres, c’est aussi y vivre pleinement, grâce à l’art. On pourrait dire cela de ce que l’on pourrait appeler une ville pleine, ou un art de ville : il s’agit d’expériences qui permettent de donner une signification multiple à une ville grâce aux arts qui la représentent, qui la parlent, en nous permettant de la comprendre. Une ville pleine, c’est une ville forte des arts qui la font vivre, une ville qui retrouve la multiplicité de ses identités dans la polyphonie des arts du regard et du son qui s’y déploie dans tous les lieux où ils se rencontrent. En unissant l’écologie et l’esthétique dans l’écosthétique urbaine, nous pouvons retrouver la ville qui est la nôtre et que nous nous approprions pleinement en ne nous contentant pas d’y loger, mais aussi – peut-être surtout – en y écrivant et en y lisant les expressions de la culture et de l’identité dont nous sommes porteurs, d’où que nous venions. En articulant l’esthétique et l’urbanité, l’écosthétique fait de la ville un espace de signes
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