UN NOUVEL ESPACE URBAIN (4)

Billet de blog
le 17 Mai 2020
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Les élections municipales ont lieu demain

UN NOUVEL ESPACE URBAIN (4)

Nous avons entrepris, depuis quelques semaines, de concevoir un nouvel espace urbain pour Marseille, afin de profiter de l’échéance des élections municipales pour permettre à la ville de retrouver un espace qui soit pleinement conçu pour ses habitants

 

Un espace que l’on habite

Un espace urbain est un espace que l’on habite, mais, au-delà, c’est un espace dans lequel on ne vit qu’à condition de l’habiter pleinement. Encore importe-t-il de savoir en quoi consiste habiter pleinement un espace. Habiter un espace, c’est y vivre à la fois dans la réalité de sa propre existence, dans la dimension imaginaire des rêves que l’on y élabore, et dans la dimension symbolique des paroles que l’on y énonce, des signes que l’on y échange avec les autres, avec ceux qui sont à la fois nos voisins et nos concitoyens. C’est que l’espace de la ville est un espace qu’il est pleinement politique d’habiter. Habiter l’espace urbain, ce n’est pas seulement y mettre en œuvre l’expérience de son existence, ce n’est pas seulement y mettre en pratique les impératifs de la vie, c’est y exercer, en même temps, une forme de citoyenneté : habiter l’espace de la ville, l’espace de la cité, c’est en être citoyen. C’est pourquoi l’espace urbain devient politique par le fait même que les citoyens y habitent ensemble, s’y soumettent aux mêmes lois, y expriment des identités partagées, y mettent en œuvre les logiques des cultures qu’ils construisent ensemble. Mais, à Marseille, il y a plus : l’espace urbain est un espace chargé d’histoire, et il s’agit d’un espace qui s’est construit, au fil des siècles, à la faveur de la rencontre de cultures diverses, il s’agit d’un espace qui, dans ses rues, sans ses places et dans son littoral, donne à lire des histoires et des cultures nourries d’une diversité qui les enrichit d’une forme de pluralisme. Habiter Marseille, c’est habiter un espace fondé sur des identités multiples, et, bien sûr, c’est aussi cette diversité même qui va s’exprimer à l’occasion des prochaines élections municipales.

 

Un espace que l’on habite avec les autres

Le propre de cet espace de la ville que l’on habite, c’est que l’on n’est pas seul à l’habiter : on partage cet espace avec d’autres qui y vivent avec nous. Habiter une ville, c’est habiter un espace peuplé de celles et de ceux qui sont nos voisines et nos voisins, et qui se reconnaissent dans les mêmes cultures, dans les mêmes lois et dans les mêmes langages que nous. L’altérité, la différence, la relation à l’autre, sont les éléments qui fondent la culture urbaine à Marseille, depuis toujours, depuis que des marins venus d’ailleurs sont venus s’installer dans ce qu’ils ont appelé Phocée, du nom de la ville d’où ils venaient. Cet espace est, ainsi, depuis toujours, un espace de la rencontre et de la pluralité, et c’est cette diversité même qui a nourri la culture urbaine, comme on peut encore le voir dans la diversité du patrimoine architectural qui peuple cet espace et faisant de lui un espace de la pluralité.

 

Un espace où l’on retrouve son identité

Dans la pluralité même de cet espace urbain, ceux qui y vivent retrouvent les signes de leur identité, ils y retrouvent leur langage, leurs paroles, leurs écrits, les signes de leur existence et même de leur histoire. L’expérience de l’élection de la municipalité est l’occasion de l’expression de plusieurs pluralités, de plusieurs diversités, qui vont formuler des discours politiques appelés à dialoguer entre eux, ou à se confronter les uns aux autres, et, comme toujours dans le domaine de l’agora, c’est dans la confrontation à l’identité des autres et à leur engagement que l’on peut engager l’expression de l’identité politique dont on est porteur. On relèvera, en particulier, ici, trois diversités qui expriment des identités politiques. La première est, comme toujours dans le champ politique et dans l’expérience électorale, la confrontation entre les partis, entre les engagements, ente les imaginaires politiques. La gauche du Printemps marseillais, des partis de gauche comme le parti socialiste, les Insoumis ou le parti communiste, ou encore comme le mouvement qui s’est donné le nom de « Réinvente la gauche », va s’opposer à la droite et au libéralisme des Républicains ou du libéralisme macroniste, mais aussi à la droite, dite extrême, du Rassemblement national. La seconde diversité qui s’exprime, à Marseille, à l’occasion de cette élection est la diversité des cultures, des histoires et des mémoires. C’est toute une pluralité d’expériences du fait urbain qui s’exprime dans cette confrontation électorale. Enfin, une troisième diversité s’exprime à l’occasion de cette élection : celle des projets urbains. Peut-être s’agit-il de la diversité la plus intéressante et la plus importante qui se manifeste à l’occasion de cette élection : c’est la diversité des projets urbains, qui, au-delà de ce qu’ils signifient les uns et les autres dans l’expression des identités dont ils sont porteurs, peuvent enrichir le débat municipal de la diversité des imaginaires qui peuvent, les uns et les autres, avoir du sens pour la ville qu’ils nourrissent.

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