Sur une planète très très loin d’ici, Marseille Capitale
Pour comprendre l’absurdité du centralisme, ça peut-être rigolo d’en déplacer le centre le temps de quelques lignes. Imaginez une seconde, très très loin d’ici, une planète copiée collée de la nôtre, tout pareil à un détail près. On l’appelle la planète bleue, elle compte bien cinq continents, et sur le plus « vieux » d’entre eux, un pays a la forme d’un hexagone. Jusque-là, rien de bien original, mais voilà, bordé par quatre mers, il a choisi la plus méridionale d’entre-elles pour y installer sa capitale.
Cette capitale, exagérément désignée la « plus belle ville du monde » est un port dominé par une basilique sous laquelle se pressent des millions de touristes. Marseille, c’était son nom, était aussi la plus vieille des villes de ce pays organisé pour que sa capitale concentre jalousement tous les pouvoirs.
Politique bien sûr, le gouvernement, les chambres, les ministères, les « grands appareils » d’Etat, tous se concentrent dans une zone comprise entre les boulevards du Prado, le Vieux-Port et la mer. On dit même qu’il suffit de faire une simple allusion à un déménagement derrière les montagnes qui bordent cette ville pour instantanément créer un sentiment de panique chez ces fonctionnaires nourris aux réflexes de Cour et terrorisés par l’éloignement géographique du « Palais » de Bagatelle où vit le Président de ce pays.
Mais aussi les pouvoirs économique et médiatique, puisque personne n’a jamais vraiment réussi à distinguer celui-ci de celui-là. Grands patrons et grands journalistes sont plus mobiles que les fonctionnaires, pour des raisons budgétaires, ils ont parfois dû consentir à passer la ceinture montagneuse qui protège la belle capitale immaculée de la médiocrité du pays environnant. Ils se sont installés dans des zones d’activités et autres quartiers d’affaires qui offrent l’avantage de la praticité à défaut de la splendeur du centre-ville.
Culturel enfin, puisque ce pays avait décidé de l’inféoder au politique, et qu’on ne concevait pas que création digne d’intérêt puisse exister en-dehors de l’environnement béni de la capitale. Et pour être sûr qu’il en fût ainsi, les politiques avaient fait en sorte que l’immense majorité des institutions et des moyens soient réservés à cette ville.
Et voilà comment prospérait cette ville-port, tel un phare rayonnant sur la mer face à elle, et les terres dans son dos. « Tout part et vient d’ici » chantaient des artistes locaux, le pouvoir, les autoroutes, les TGV (on vient d’inaugurer un Marseille – Milan en 2h, une merveille !), les ordres et la lumière.
Tous les ans les magazines encourageaient les habitants à partir : « Quitter Marseille, et réussir dans le nord, c’est possible ! » mais bien peu s’y aventuraient… Derrière les montagnes, point de salut ! Alors il y avait bien quelques « métropoles régionales » plus au nord… certes.
Dans un geste de mépris on leur avait fait croire à une « décentralisation », une bonne blague. Comme disait l’autre, il fallait bien que cela change pour que tout reste pareil, alors s’ils voulaient les contrôler, il fallait bien leur donner des miettes. Ça avait toujours permis de se débarrasser de quelques administrations de second ordre, de créer des réseaux aux acronymes impossibles, et surtout, de ne pas parler de l’essentiel.
Il faut dire qu’ils n’étaient pas très malins dans le nord (oui, les habitants de la capitale désignaient le reste comme le nord), Marseille avait appelé ça « décentralisation », ça voulait bien dire qu’encore une fois ça partait du centre qui en gardait toute la gestion ! Mais personne n’avait tiqué.
En plus, le monde entier connaissait la capitale ! Et les élites entretenaient bien ça en réduisant systématiquement ce qu’il se passait dans le pays à ce qu’il se passait au milieu de ces montagnes. Quand on les questionnait sur l’extérieur, ils disaient : « ah non, mais dans le nord, il n’y a rien, enfin je ne sais pas, à part Pra Loup je ne connais pas grand-chose en fait ! ».
Il y avait une ville qu’ils détestaient par-dessus tout, c’était Paris, une grande ville du nord qui n’avait rien, mais alors, absolument rien à voir ! C’est simple : elle faisait tout à l’envers, comme pour chercher à ne pas recevoir la lumière de la capitale. Il y a quelques années, certains bobos avaient essayé de s’y installer, attirés par son soi-disant dynamisme, mais la plupart étaient revenus à Marseille. Un choc culturel trop fort : le stress, le gris, cet accent bizarre, et cette espèce de fierté mal placée à toujours se prendre pour la capitale…
Alors sur cette planète, dans cette grande capitale bordée par la mer… on se disait que c’était pas facile de trouver une chute à cette histoire parce que voilà, l’idée avait été développée pour s’amuser 5 mns, que tout le monde avait dû comprendre et qu’on allait pas y passer la nuit.
Commentaires
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F…
Bonjour,
Joli conte 😉 Merci quelque fois la fiction ça a du bon, juste histoire de penser quelques instants que cela puisse être la réalité, une drôle d’ambiguïté !
Laure
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Bonjour et encore une fois merci, et sinon, on se rencontre quand ?
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Bonsoir,
C’est une bonne idée nous pouvons nous rencontrer prochainement lors d’une visite prévue ou non au programme de #MP2013… Pour ce mettre d’accord, je pense que par mail (sur le côté à droite sur le blog) serait plus pratique.
A bientôt.
Laure
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