Rêvons globish avec le festival de Marseille

Idées de sortie
le 15 Juin 2018
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Rêvons globish avec le festival de Marseille
Rêvons globish avec le festival de Marseille

Rêvons globish avec le festival de Marseille

Depuis trois ans, le Festival de Marseille explore de nouveaux horizons sous la direction de Jan Goossens, avec l’idée directrice de placer la pluralité des habitants de Marseille au centre des attentions.

Dans le quotidien Libération du 20 mai 2018, Jan Goossens s’est exprimé sur la pertinence d’un pass culture, proposé par Françoise Nyssen, émettant l’idée que le moteur principal d’un retour du public vers le spectacle vivant n’est pas la gratuité, mais plutôt le regard critique que l’on doit porter sur une programmation parfois trop académique et très éloignée de ce que vivent les quartiers périurbains et les territoires d’outremer. Partant de ce constat, le débat devient explosif et mérite toute notre attention sur la question de qui va vers l’autre et où se trouve le point de rencontre.

Jan Goossens prend le pari d’ouvrir sa programmation sur l’Afrique et l’Indonésie : une manière de sortir le public de ses repères et de casser les préjugés en allant voir par soi-même. De Eko Supriyanto à Serge Aimé Coulibaly, le corps traverse des origines et des cultures qui le façonnent et l’habillent. L’histoire entremêle l’idée d’une réalité crue et d’un conte, parce que l’on ne peut pas vérifier par soi-même, et la dissonance entre ici et là-bas construit un nouveau récit. Le débat sur la manière dont le théâtre doit être déclamé est un leurre, car seul le voyage renouvelle les formes et les réappropriations. Ce qui est lointain devient local, et la singularité d’un parcours devient le témoin d’une identité.

Cependant, on constate que la politique du Festival de Marseille n’est guère éloignée de celle des CCN. L’artiste est un nomade implanté dans un réseau qui n’a pas de frontière, et Jan Goossens n’échappe pas à un système qui veut que chacun accueille ceux qu’il connaît dans une complicité devenant une amitié. D’Alain Platel à Boris Charmatz, de Jan Lauwers à Olivier Dubois, ce sont des noms que l’on connait bien et que l’on retournera voir avec plaisir, mais qui n’inscrivent pas un renouveau, loin de là.

Il est finalement et peut-être beaucoup plus intéressant de cultiver cette rareté et cet appauvrissement des propositions à la manière du globish, car après tout, c’est un nouveau langage, source de fous rires et de malentendus qui apparait ; et l’on voit bien que du one man show à la tartuferie, tout redevient possible. Comment croire que dans un monde où l’on construit des buildings en verre au milieu du désert, la parole du Bédouin, équipé lui-même d’un téléphone par satellite, ait encore une portée politique ?

L’autochtone rêve d’intégrer le réseau de la mondialisation pour exprimer sa parole à New York, à Tokyo, à Paris, quittant de lui-même sa vie d’acteur local pour participer pleinement à la mondialisation des sentiments.

Karim Grandi-Baupain

Festival de Marseille : du 15/06 au 8/07 à Marseille. Rens. : 04 91 99 00 20 / www.festivaldemarseille.com

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