REPENSER LE POUVOIR DANS LA MUNICIPALITÉ MARSEILLAISE

Billet de blog
le 24 Jan 2021
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Au-delà du remplacement de Michèle Rubirola par Benoît Payan, sans doute est-il important de s’interroger sur les logiques du pouvoir municipal à Marseille, de réfléchir aux logiques qui structurent le mandat des acteurs de la municipalité marseillaise. C’est que l’exécutif qui oriente l’évolution de la ville et qui dirige la politique urbaine a à se situer à la fois par rapport à la politique mise en œuvre par la municipalité dirigée par J.-C. Gaudin de 1995 à 2020 et par rapport au projet élaboré par le Printemps marseillais à l’occasion des élections municipales de 2020.

 

Le pouvoir de la municipalité marseillaise

La première question qu’il importe de se poser est celle du pouvoir de la municipalité. Sans doute est-ce sur la logique du pouvoir sur la ville que repose la politique urbaine à Marseille. Le pouvoir de la municipalité, que les élections municipales ont confié au Printemps marseillais, sous la direction de M. Rubirola puis sous celle de B. Payan, se caractérise par trois engagements, qui orientent, en quelque sorte, la mise en œuvre de la politique de la ville, à Marseille. Le premier est la recherche d’une véritable égalité entre tous ceux qui habitent cette ville, afin qu’il soit enfin mis un terme aux inégalités développées par la municipalité dirigée par J.-C. Gaudin. Le second élément de la politique de la ville élaborée et mise en œuvre par le Printemps marseillais est la recherche d’une meilleure articulation entre l’aménagement urbain et les exigences de l’écologie et de la recherche d’un environnement véritablement de nature à garantir de meilleures conditions de l’habitat. Enfin, le pouvoir de la municipalité marseillaise dirigée par le Printemps marseillais se trouve confronté aux exigences du Covid-19 : c’est toute une politique municipale de la santé publique que la municipalité dirigée par le Printemps doit engager dans la situation de crise dans laquelle nous vivons, à Marseille comme dans d’autres villes.

 

La ville et la métropole dans la politique marseillaise

Sans doute peut-on observer que ce qui caractérise le pouvoir sur la ville de Marseille est la tension entre la ville et la métropole – entre les acteurs politiques porteurs du pouvoir sur la ville et ceux qui sont porteurs du pouvoir sur la métropole. Ce que signifie cette tension est l’antagonisme entre un exécutif de gauche, à la tête de la ville de Marseille et un exécutif de droite, à la tête de la métropole. Il n’est pas inutile de rappeler en quoi consistent les spécificités d’une politique métropolitaine de gauche et celles d’une politique métropolitaine de droite. Quatre éléments semblent donner une signification aux différences qui distinguent l’une de l’autre les deux politiques métropolitaines. D’abord, le souci qui oriente une politique métropolitaine de gauche est celui de l’égalité. Une politique métropolitaine de gauche se fonde sur la recherche de la fin de l’opposition sociale entre les quartiers Nord de Marseille et ses quartiers Sud et entre la ville-centre de la métropolitaine et les quartiers et les villes de la périphérie. Par ailleurs, une politique métropolitaine de gauche recherche l’institution d’un réseau métropolitain de transports en commun. À cet égard, la dévolution du pouvoir sur les transports en commun aux autorités métropolitaines va sans doute soulever des tensions entre le pouvoir municipal et le pouvoir métropolitain, et il faudra bien que la municipalité dirigée par B. Payan se confronte réellement à la métropole dirigée par M. Vassal. Un troisième domaine marque la différence entre une politique municipale de gauche comme celle de la municipalité de B. Payan et une politique métropolitaine de droite comme celle de la métropole dirigée par M. Vassal : le souci de l’environnement. En effet, la diminution de la pollution qui marque Marseille aujourd’hui ne peut être pleinement atteinte que par une réduction de la place de l’automobile particulière dans l’espace de la ville, qui ne peut être atteinte que par une politique municipale soucieuse de l’environnement avant de l’être par la mise en œuvre d’une politique de transports soucieuse de la consommation singulière et de l’usage des voitures particulières. Enfin, c’est dans le domaine du logement que la municipalité dirigée par B. Payan devrait s’engager en rupture avec la politique de la municipalité dirigée par J.-C. Gaudin, notamment dans une meilleure répartition des logements sociaux dans l’ensemble de l’espace de la métropole et dans une meilleure politique de l’entretien des quartiers de la ville et de l’hygiène et de la propreté dans une politique plus active des ordures et des déchets. C’est l’écologie urbaine qui constitue un des domaines majeurs de la différence entre une politique de la ville de gauche et une politique de la ville de droite.

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