Le grand Marseille aujourd'hui

REPENSER LA MÉTROPOLE

Billet de blog
le 25 Juin 2017
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Comme d’autres grandes cités, Marseille n’est pas seulement une ville : elle est aussi une métropole. Cela a trois significations. D’abord, cela implique qu’au-delà des limites de la ville, Marseille a une influence, et même une sorte de pouvoir sur les villes qui l’entourent. Ensuite, l’identité marseillaise ne se limite pas à celles et à ceux qui l’habitent, mais manifeste une véritable culture urbaine propre. Enfin, sur le plan à la fois politique et institutionnel, une métropole représente un ensemble de pouvoirs, d’acteurs politiques et un budget qui, au-delà de la ville, et tout cela fait vivre une vie politique sur tout un espace.

Une histoire de la métropole

Le fait métropolitain à Marseille est ancien – et, sans doute, depuis sa fondation même. En effet, quand elle est fondée, vers 2600 avant Jésus-Christ, par des marchands et des marins venus de Phocée, cité grecque d’Asie mineure, le fait métropolitain s’inscrit d’emblée dans les logiques politiques et institutionnelles de Massalia. Même si la métropole ne se situe pas à Marseille, le fait urbain s’inscrit dans un espace métropolitain, donne à la ville des dimensions qui vont au-delà de celles d’une simple ville. Dès sa naissance, Marseille est ouverte sur la Méditerranée, elle vit depuis le commencement des échanges avec tout un ensemble de villes qui, comme elle, appartiennent à un véritable réseau urbain. Plus tard, c’est cette dimension métropolitaine qui mettra Marseille à la limite de la France, d’abord parce qu’elle se situe, de fait, sur le littoral puisqu’il s’agit d’un port, et, ensuite, parce que la culture propre à cette ville sera toujours fondée sur des échanges avec la culture française. Enfin, c’est sur le plan politique et sur le plan économique qu’à partir du XIXème siècle et de l’ouverture du canal de Suez en particulier, que Marseille entrera dans la modernité avec les dimensions, les dimensions et l’identité d’une métropole urbaine.

Une reconnaissance institutionnelle tardive

Toutefois, il faudra attendre 2000 pour que soit instituée la métropole Aix-Marseille Provence. En effet, à la fois en raison de l’opposition de Gaston Defferre, maire de Marseille de 1953 à 1986, qui ne voulait pas d’une communauté urbaine où il risquait de ne plus avoir le pouvoir, et en raison de spécificités politiques et économiques propres à Marseille, alors que les premières communautés urbaines (Bordeaux, Lille, Lyon et Toulouse) sont nées en 1965. Cette sorte d’écart entre l’institutionnalisation du fait métropolitain dans les villes françaises et la métropole de Marseille permet de mieux comprendre, sur d’autres plans, trois particularités de Marseille. La première est l’ouverture sur l’étranger et sur l’échange, tenant à la fois au fait que Marseille est un port et que, située sur la Méditerranée, elle a été soumise, plus que d’autres villes françaises, aux contraintes de l’histoire de cette aire, notamment la décolonisation et l’évolution du marché du pétrole. Une deuxième caractéristique du fait métropolitain marseillais tient à l’histoire de la ville : il s’agit de la confrontation ancienne entre Aix et Marseille, et, au-delà, entre Marseille et la Provence. Il s’agit, à la fois, d’une question de pouvoir, d’une question économique et d’une question culturelle. Enfin, une troisième particularité de la métropole de Marseille est sa situation économique préoccupante, à la fois en raison du déclin de l’importance de la mer dans l’économie et en raison de la persistance d’un chômage élevé qui, à terme, fait risquer à la ville une forme de perte de sa population.

L’avenir de la métropole

L’avenir de cette institution encore nouvelle qu’est la métropole de Marseille se pose de façon urgente. En effet, l’écart est trop important entre, d’un côté, la richesse du passé de la métropole marseillaise et l’ancienneté de son âge, et, de l’autre, la gravité de la crise qui se pose aujourd’hui à elle, pour que l’on continue à détourner les yeux. D’abord, il importe, pour que les métropoles existent, de changer les modes de désignation de leurs institutions. En effet, pour que les citoyens d’une métropole se sentent pleinement porteurs de son identité, il faut qu’ils participent directement à sa vie institutionnelle : les assemblées métropolitaines doivent être désignées au suffrage universel direct pour que ceux qui y vivent s’en sentent pleinement les citoyens. Par ailleurs, les médias ont commencé depuis longtemps à faire ce travail, mais les outils et les acteurs de l’information doivent eux aussi, contribuer à ce que l’on peur appeler l’apprentissage de la citoyenneté métropolitaine et la sensibilisation du public au débat métropolitain. Enfin, pour que la métropole ait un avenir, sans doute faut-il qu’elle retrouve pleinement la dimension internationale qui fut la sienne par l’organisation d’un réseau international des métropoles méditerranéennes, qui permettrait les échanges entre elles et qui permettrait de poser à la juste échelle les problèmes économiques et environnementaux des métropoles urbaines. Il est urgent que la vie institutionnelle rencontre enfin la réalité de la dimension économique et de la dimension culturelle de la vie urbaine.

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