Reality : comment dit-on cagole en napolitain ?
Qui est allé voir le dernier film de Garrone ? Reality est encore diffusé tous les jours aux Variétés et au Prado, je vous le conseille chaudement ! Pas tant pour l’histoire et le rythme (un peu trop Cannes à mon goût), mais pour la dose de culture napolitaine qu’on prend en intraveineuse pendant 1h55. Pour célébrer une fois de plus ce qui nous lie à notre sœur italienne, car ce film est bien plus marseillais que la plupart des productions françaises.
L’histoire en deux mots : un poissonnier napolitain passe un casting pour entrer dans le Loft italien, et commence à ne plus vivre que pour ça. Son obsession est un prétexte pour montrer les dégâts de la télé-réalité sur le bon sens populaire, on est très loin des ouvriers façon Guédiguian. Ici pas d’envolées lyriques sur la solidarité à l’apéro, mais des sorties Plan-de-Campagne ou Aqua City. On fait semblant d’être riches pour impressionner la production, et lorsqu’on donne des poufs en sky argenté aux nécessiteux c’est encore pour se faire bien voir…de la prod. Pas très glorieux mais on a tous quelqu’un en tête comme ça. Et ce n’est pas la seule vraisemblance.
“Vrenzole”, vous connaissez ce mot ? D’après une napolitaine vivant à Marseille, ça veut littéralement dire cagole. Il suffit de taper le mot dans Google Images pour en avoir le cœur net. Son “mari” s’appelle le “Cuozzo”, le cacou donc ! Couleurs, vocabulaire, habitudes… pour tout savoir (en italien), c’est par ici.
Le film est carrément ambiancé “vrenzole”, ça crie, c’est coloré, c’est franc et direct, c’est jamais trop élégant… Mais putain, ça parle un peu de nous quand même, et c’est suffisamment rare de trouver de vraies cagoles hors de Marseille pour qu’on le signale.
Le ciné napolitain pour compenser l’atonie de la production marseillaise ?
C’est important de pouvoir parler de soi, de se représenter sous différentes formes. Malheureusement le ciné français dépeint souvent des référents parisiens ou très ruraux dans lesquels on peut éventuellement retrouver une représentation de nous idéalisée (fantasmée?) mais pas l’esprit cagole par exemple.
Le ciné napolitain peut dans un premier temps pallier ce manque et nous montrer à nous-mêmes, et pourquoi pas dans un second temps nous inspirer dans l’introspection pour un nouveau ciné marseillais qui parle vraiment aux marseillais dans qu’ils ont de plus glorieux et de plus bas. A moins que nous n’ayons pas un soupçon d’auto-dérision ? Mais je ne pense pas.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Commentaires
0 commentaire(s)
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.