Quand l’Etat suzerain reprend le vassal Marseille en main
Je commence à digérer petit à petit toutes les annonces du Premier Ministre, après les avoir entendues quatre ou cinq fois à la radio, et avoir lu le document gentiment mis en ligne par Marsactu… ça commence à devenir clair dans ma tête et, tout en gardant du recul et en attendant de voir ce que ça donnera sur le terrain, j’ai envie de dire merci, enfin ! Je pourrais presque être content si je n’avais pas autant honte !
Bien sûr,à première lecture, on ne peut que se réjouir que l’Etat remplisse ses missions régaliennes dans la deuxième ville de France, vienne au secours d’un territoire qui en a besoin, s’occupe de Marseille et de sa région. J’ai suffisamment râlé ici contre le manque d’intérêt de Paris pour ne pas avoir la politesse de dire merci. Mais j’ai aussi souvent appelé à une gestion régionale de la politique pour ne pas être embêté de voir que toutes ces bonnes idées ont besoin de venir d’en-haut, parfois imposées (métropole, centre éducatif fermé…), soit accordées (L2, policiers supplémentaires…). J’ai honte !
Honte de nos élus qui ne sont pas dignes de représenter une ville qui a l’ambition d’être une métropole internationale. Messieurs Gaudin, Guerini, Caselli et leurs amis, qui n’auront été capables que d’attendre un mouvement l’Etat, qui dans sa grande mansuétude, se rappelle enfin que Marseille est en France (puisqu’ils l’a voulu ainsi) et qu’il doit remplir ses devoirs de suzerain. Honte que ces messieurs aient besoin de deux Préfets supplémentaires pour faire leur travail. Ce catalogue de mesures est une humiliation pour des élus locaux trop passifs, c’est le constat de leur échec, sinon à faire, au moins à obtenir de l’Etat ce qu’il doit à Marseille et à la Provence. Ils me font penser à cette noblesse de province dont le rôle était d’obtenir l’attention du Roi pour qu’il décidât d’octroyer quelque chose à la-dite Province.
Honte de ce pays centralisé où une cour de 15 ministres réunis à Paris pendant deux heures sans aucun élu local peuvent plus changer les choses que des années de travail sur place. Si la L2 ne se termine pas non plus cette fois-ci ce sera grave, mais si elle est enfin terminée c’est pire : ça veut dire que nos élus ne servent à rien ! Autant réunir un comité interministériel tous les deux ans et nommer des Préfets pour exécuter.
Enfin honte de nous tous qui avons élu tous ces gens et nous réjouissons apparemment de la manière dont fonctionne le système.
Si Marseille veut devenir une ville européenne qui compte, elle doit pouvoir jouir d’une certaine autonomie, mais seule une ville responsable peut être autonome. Cette reprise en main, que l’on peut saluer tant le déficit d’attention de l’Etat était grand, est surtout la marque de l’irresponsabilité de l’administration locale à conduire ce territoire.
Un Marseille mené par une administration responsable pourrait (et devrait) demander un maximum d’autonomie dans la gestion de ses budgets, mais aussi la capacité à recruter des fonctionnaires qualifiés, et ne plus avoir besoin de l’autorité ou du talent d’un ministère pour décider qu’un projet Mucem avance ou pas, qu’un projet L2 se termine ou pas… La métropole marseillaise devrait recevoir des espaces dont elle dépend (Provence, France, Europe) une dotation annuelle globale avec la responsabilité de l’administrer.
Car malheureusement, sans cette capacité à établir soi-même ses priorités et à être en mesure de les financer, aucune ville qui n’est pas capitale ne peut prétendre à jouer un rôle conséquent en Europe, ni ailleurs.
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