Première journée à Marsactu

Le palais de justice de Marseille. (Photo : Fazla Mohamed)

Hier matin, à 9 h 30, toute l’équipe de Marsactu s’est réunie pour la conférence de rédaction. L’objectif : Discuter des actualités du moment et établir le programme de la semaine. Chacun propose des sujets, débat des priorités et ensemble, nous décidons des articles à rédiger. Aujourd’hui, un dossier retient particulièrement notre attention : une enquête sur le trafic de drogue à Marseille réalisée par Clara Martot Bacry.

Ensuite, vers 13 h 30, direction donc le palais de justice au 6ᵉ arrondissement accompagnée de Clara Martot Bacry dans un tribunal de justice. Dans la salle, l’ambiance est plutôt silencieuse. Les témoignages se succèdent, mettant en lumière la gravité des faits et les enjeux de la justice face à ces drames du quotidien. Prendre des notes, analyser, capter les réactions. Notre travail ici consiste à retranscrire fidèlement ce qui se joue ici, avec objectivité.

Le premier témoignage est une violence conjugale et nous ferons face à un couple qui a des enfants. Le mari est accusé de frapper sa femme. Elle a reçu énormément de coups par son mari, nous pouvons constater qu’elle a un bleu dans son œil.  On peut constater que le mari est énormément sur la défensive et qu’au moment où l’avocat de la femme sort le certificat du médecin, on constate qu’il jetait un regard stressé vers son avocat. Le deuxième témoignage, c’est un polonais SDF (Sans domicile fixe) qui vit dans la rue, ça va faire un mois et demi. L’autre soir, il se fut tard et il voulait traverser quand la police l’a interpellé. Ils lui ont dit qui trainait trop près d’une voiture, avaient comme un pressentiment que le Polonais comptait la cambrioler vu qu’il regardait la voiture d’un air bizarre, étrange. Selon moi, ça pourrait être l’effet de la drogue vu qu’il était bourré, comme il ne comprenait aucun mot et ne parlait pas français, il ne comprenait rien de ce que la police allait lui faire donc il a essayé de se débattre. Et il a été accusé d’avoir été agressif envers la police et d’avoir mordu un policier. Quand ils l’ont fouillé, ils ont trouvé un couteau dans sa poche qu’il utilisait pour tartiner son bout de beurre, car dans sa région ce n’est pas interdit de se balader avec un couteau et il pensait qu’à Marseille, il pouvait. Mais pour eux, c’était une arme, preuve qu’il était dangereux. Et maintenant, ils veulent qu’il soit sanctionné pour violence sur agent et port d’arme prohibé. Alors qu’il n’a même pas de quoi manger tous les jours.

Dans le tribunal de la Belle de Mai, nous avons fait face à un témoignage poignant d’une femme dont le beau-frère nommé Amine est impliqué dans un trafic de stupéfiants et dont la sœur se trouve au cœur d’une affaire de blanchiment d’argent et, sans le savoir, a transporté de l’argent sale, ignorant totalement l’origine des fonds qu’elle transportait.

Après plusieurs heures, retour à la rédaction, il faut maintenant structurer notre tout premier article, choisir les mots justes, raconter notre journée avec précision.

Une journée bien remplie, entre réunion et immersion sur le terrain, qui illustre une fois de plus de la richesse et l’exigence du métier de journaliste. Mais au-delà de ça, cette expérience a été bien plus qu’une simple journée. Entre l’apprentissage sur le terrain et le plaisir d’écrire restera gravé en moi comme une expérience inoubliable d’une longue aventure dans le monde du journalisme.