Un aspect négligé de la politique de la ville
POUR QUE MARSEILLE REDEVIENNE UN PAYSAGE
Qu’est-ce qu’un paysage ? Un paysage, c’est un espace que l’on prend plaisir à regarder, dans lequel on a plaisir à se promener, à vivre, parce qu’on s’y retrouve, parce qu’on peut le lire, le comprendre, parce que c’est un espace qui nous dit quelque chose, mieux, parfois, même, que des mots.
POUR QUE MARSEILLE REDEVIENNE UN PAYSAGE
Qu’est-ce qu’un paysage ? Un paysage, c’est un espace que l’on prend plaisir à regarder, dans lequel on a plaisir à se promener, à vivre, parce qu’on s’y retrouve, parce qu’on peut le lire, le comprendre, parce que c’est un espace qui nous dit quelque chose, mieux, parfois, même, que des mots.
Marseille n’est plus un paysage
Peut-être est-ce la première chose qui m’a frappé quand je suis revenu vivre à Marseille, il y a quelques années, après avoir quitté cette ville pour des raisons familiales et professionnelles : alors qu’une ville est toujours riche de paysages et d’espaces aménagés dans lesquels on peut prendre plaisir à se perdre, Marseille n’est plus un paysage. Sauf, peut-être, la mer qui, heureusement, reste encore là, pour que la ville conserve un peu un espace dans lequel elle peut vivre pleinement, il n’y a plus de paysages, il n’y a plus de sites dans lesquels on puisse marcher, déambuler en regardant les maisons, les aménagements, les monuments, les parcs et les jardins. Sans doute, d’ailleurs, y a-t-il, là, une fois de plus, un des aspects de la crise sociale de la ville, à Marseille, de cette fracture de plus en plus forte entre les quartiers pauvres et les quartiers riches. La fracture entre le Nord et le Sud se manifeste aussi dans le paysage. On pourrait dire, ainsi, que Marseille connaît aujourd’hui une véritable crise du paysage. La circulation automobile pollue le regard comme elle pollue l’atmosphère de ses bruits, de ses odeurs irrespirables, de ses désordres et de ses stationnements sans règles. Les immeubles ont été construits n’importe comment, sans égard pour la dégradation des sites, les façades des maisons ne sont pas nettoyées ni entretenues ni ravalées, la prolifération des climatiseurs rend les façades laides. La dégradation des paysages va même, désormais, jusqu’à l’effondrement des maisons et jusqu’à la mort. L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne est un symptôme de cette crise du paysage et de l’urgence qui s’impose à tout mettre en œuvre pour la résoudre. Ce que l’on appelle l’habitat indigne et insalubre est l’un des aspects de l’urgence de cette crise du paysage et de l’espace, à Marseille. Marseille n’est plus un paysage : elle n’est plus qu’une accumulation de constructions sans ordre ni sécurité, sans souci d’une articulation entre le patrimoine et la modernité.
Que faire, pour que Marseille redevienne un paysage ?
Et, pourtant, Marseille pourrait redevenir un paysage comme elle le fut. D’ailleurs, peut-être un des symptômes de cette crise du paysage est-il la prolifération des anciennes images, de ces représentations des paysages de la Marseille du temps de la prospérité. Pour que Marseille redevienne un paysage, on peut identifier quatre éléments de ce que l’on peut appeler une politique du paysage. Le premier est d’engager une politique d’entretien des maisons. La lutte contre l’habitat indigne et insalubre ne doit pas prendre la forme de la destruction des immeubles devenus inhabitables et de la construction de nouvelles habitations comme des tours et des gratte-ciels qui viendraient polluer le paysage, mais elle doit s’engager dans la restauration du patrimoine architectural et dans son entretien. Le deuxième aspect de cette politique du paysage est la mise en œuvre d’une politique réelle de l’environnement et de la lutte contre la pollution. Pour cela, il devient urgent de réduire la circulation automobile, de développer des espaces piétonniers, comme, d’ailleurs, le font, aujourd’hui, la plupart des grandes villes dignes de ce nom, d’accroître l’offre de transports en communs, en particulier par l’extension du réseau de métro et par le retour des trolleys, moins bruyants et moins polluants que les bus. Un troisième aspect de la politique du paysage est l’élaboration d’une véritable politique de la propreté : les ordures traînent sur les trottoirs, les conteneurs à ordures sont disposés n’importe comment, alors que la ville et la métropole devraient faire porter des efforts sur le nettoyage des rues et sur la propreté de l’espace urbain. Mais, bien sûr, cela nécessite des moyens et l’élaboration d’un projet politique de l’environnement et de l’entretien des rues. Enfin, pour que la ville redevienne un paysage, il importe que les pouvoirs politiques cessent de ne la considérer que comme une accumulation de fonctions juxtaposées (se loger, consommer, aller à l’école, aller travailler, se soigner), mais que la ville redevienne un espace que l’on habite, c’est-à-dire un espace qui ait du sens pour ceux qui y vivent et pour ceux qui la visitent, un espace de paysages et de sites proposés aux regards, un espace dans lequel on se retrouve.
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