Pertuis : plaidoyer pour la métropole
La métropole n'attendra pas Pertuis. A trop minauder, la ville pourrait bien manquer un rendez-vous historique, avec les conséquences nocives que cela impliquerait.
Pertuis : plaidoyer pour la métropole
Quelques articles, des réseaux sociaux atones, deux ou trois distributeurs de tracts croisés sur le marché… À la frontière nord de la métropole, Pertuis ne passionne pas les foules. Il ne saurait être question ici de prendre parti pour ou contre quiconque. De toute façon le leadership du maire actuel ne semble pas se discuter, à l’image du magnat Zilch dans les Lucky Luke : il est moins question de remettre en cause le patron que de discuter quelques enjeux. Or, au cours de ce mandat, le devenir de Pertuis dans (ou hors) de la Métropole Aix-Marseille nécessitera peut-être des choix cruciaux engageant la ville sur plusieurs générations.
S’il est de bon ton d’accuser la Monstropole de tous les maux, les figures de style peinent à répondre à la seule question qui vaille : que fait-on, concrètement ? Certains semblent réclamer le choix entre fromage et dessert, entre Pays d’Aix et Métropole : un combat d’arrière-garde à l’heure où les débats sont déjà passés au cran supérieur, la fusion entre Département et Métropole. Surtout, il se dessine de la part de différents candidats une image inquiétante de Pertuis, tantôt présentée comme « capitale du Pays d’Aigues » ou perçue uniquement en compagnie de ses « partenaires du Sud-Luberon ».
Soyons clairs : sommes-nous prêts à quitter la métropole pour « régner » sur Cadenet ou La Tour d’Aigues ? Nous n’avons rien à y gagner. La médiathèque, la piscine, la déchetterie, entre autres, sont des équipements métropolitains : voulons-nous réellement financer leur fonctionnement sur nos seuls impôts ? Les villages alentour, dont les habitants profitent de ces infrastructures, sont-ils prêts à en assumer le coût ?
Pensons-nous réellement que les sociétés liées à Iter choisiront de ne pas s’implanter dans la métropole Aix-Marseille ? Si Pertuis en sort, il suffira à ces entreprises de passer une sortie d’autoroute supplémentaire : Le Puy, Venelles, Peyrolles, etc., garantiraient un accès à Cadarache inchangé à 10km près et les services métropolitains en plus.
Si nous sortons de la métropole, pensons-nous réellement que cela aidera à faire du rétablissement de la ligne ferroviaire Pertuis-Aix un chantier prioritaire, alors que tant reste à mener en matière de transport sur l’ensemble de l’agglomération ?
Quitter la métropole, une erreur historique à ne pas commettre
Pour l’instant, Pertuis est sur la même longueur d’onde que les maires du pays d’Aix, affichant une attitude pour le moins méfiante. Mais ne nous y trompons pas, le jour où la situation se débloquera enfin, l’État comme les collectivités ne se laisseront pas entraver pas les caprices pertuisiens : soit nous nous intègrerons, soit nous sortirons, mais nous ne plierons personne à nos conditions. Après des atermoiements interminables, il ne faut pas exclure que la construction métropolitaine se débloque soudainement, nous obligeant à prendre en un temps réduit des décisions qui nous engageront pour des décennies.
Or, aucun argument ne semble compenser les conséquences néfastes d’un départ. Le risque de couper Pertuis des villages alentour ? D’une part, très égoïstement, je ne me vois pas renoncer à Aix et Marseille pour Villelaure et Ansouis. D’autre part, comme évoqué plus haut, même l’intérêt général rappelle que les habitants de ces villages profitent de ces équipements métropolitains. Voir Pertuis quitter le Vaucluse pour les Bouches-du-Rhône à l’occasion de la fusion ? Et pourquoi pas après tout ? Nous sommes de toute façon inclus dans le bassin de vie Aix-Marseille, les flux de circulation quotidiens en témoignent. À moins d’être un aficionado du n°84, je ne vois pas ce que Pertuis perdrait dans l’affaire. Certes, il y a la perte d’indépendance dans les décisions locales. Mais le fantasme souvent formulé d’une arrivée massive des quartiers Nord de Marseille, outre ses relents peu agréables moralement, ne tient pas : en matière de logements sociaux, les attentes sont bien plus fortes sur d’autres communes de la métropole que sur Pertuis.
Il est vrai que la répartition des compétences et le mode de décision reste à définir, et que ce sujet est une source d’inquiétude pour plusieurs communes : mais la solution reste avant tout d’en discuter à l’intérieur de l’institution, en compagnie des autres maires. Je préfère de loin un maire forcé de faire des compromis pour gérer les moyens qu’on lui alloue, qu’un maire totalement libre de régner sur un portefeuille vide.
En résumé, la métropole semble soulever un rejet nourri à la fois d’inquiétudes concrètes et de fantasmes insensés, alors qu’une réflexion simple mais objective laisse craindre les conséquences désastreuses d’un départ. Pertuis a-t-elle le poids nécessaire pour reprendre à son compte les compétences métropolitaines ? Certainement pas. Quand on a le poids politique et économique de la Bulgarie, on ne tente pas le Brexit.
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