Mes châteaux d’If:La puissance invaincue des Marvels détruit la planète Guédiguian.

Billet de blog
le 28 Nov 2023
0
Mes châteaux d’If:La puissance invaincue des Marvels détruit la planète Guédiguian.
Mes châteaux d’If:La puissance invaincue des Marvels détruit la planète Guédiguian.

Mes châteaux d’If:La puissance invaincue des Marvels détruit la planète Guédiguian.

 

The Marvels, nouvel avatar des films de super héros, s’est féminisé en diable.

Trois femmes unies dont une admiratrice de super-héros qui vit dans une famille d’origine indienne combat une Krees qui veut virer les Skrulls de la planète Tarnax. Tu scrolls? Gare aux médocs ! C’est le retour des Marvels en Corréze avec un fond de féminisme ou de luttes des femmes pour les ressources naturelles. Plus énergique qu’une manif contre les violences féminines, mais sans message explicite. Pas trouvé Juliex Coupax ou alors c’est le prince qui fredonne dans la super planète avec les babos en couleurs qui chantent tout le temps. La cheffe des Krees qui ressemble à Isa de Bourgeon ( Les passagers du vent) sera vaincue alors qu’elle a parfaitement raison de se venger. La blonde Marvel avait quand même éteint sa planète en réduisant le soleil ce qui fait que tout un peuple vivait masque sur le nez et sérieusement à l’ombre. Un cauchemar pour nous Marseillais. A Metz, ils ont même pas eu peur.

Donc la blonde, la black et la petite indienne enveloppée vont nous matraquer de concepts scientifiques fumeux, genre le spectre de la lumière de la fonction quantique s’échappe dans la cuvette des toilettes cosmique , mais pas grave, on attend l’action. Et ça fonctionne, on se bat en dansant, on saute d’un corps à l’autre comme d’un astre à un corps céleste. Et Dieu dans tout ça? Pas vu dans tout le cosmos, le gonze! Absent de cette fable sur l’eau, la terre et le ciel. M’enfin comment et où vont-ils chercher l’énergie qui fait tourner tous leurs vaisseaux? Ça m’échappe.

En somme un film ou passe comme une puissance invaincue des femmes dans le Cinéma.

 

C’est tout de même plus rapide et plus convaincant que le film pour retraités provençaux et ex-communistes qu’a réalisé Robert Guédiguian. On s’endort chez les gens ordinaires sensés représenter les Marseillais, autour du drame du 5 novembre. Ariane Ascaride alias Rosa au chevet de l’hôpital public est tellement loin de tout ça qu’elle ne nous convainc même pas de voter pour virer la droite marseillaise qui doit rigoler en voyant le film. Je dis Ariane Ascaride parce qu’à force, on ne voit plus des acteurs mais nos personnages habituels. Où est le procès à cette équipe de truands et de bras cassés de la droite marseillaise ? Bon, si je veux être sympa, on retrouve un fait ou deux comme ce chantier de peinture dans un école marseillaise orchestré par l’ Insoumis Delogu mais pour le reste Guédiguian est scotché à l’ Arménie. L’Arménie par ci, l’ Arménie par là. Qui parle de ça dans les quartiers populaires où se passe le film?

Si Robert Guédiguian veut faire un film autour de l’Arménie et des communistes, je lui suggère le livre toujours aussi déconcertant, Rue du Prolétaire Rouge des renégats Nina et Jean Kéhayan. On y a lit bien des choses sur la vérité du peuple et les mensonges d’État. Et vice et versa.

Une bonne blague toutefois du fils de Rosa sur son bar, dernier refuge après le Haut-Karabagh qui justifie qu’il conserve son troquet avec ses pochtrons arméniens«La petite Arménie ». Si Marseille c’est seulement l’Arménie en plus petit, alors on fait quoi des Algériens très présents à Marseille mais absents du film, d’une Comorienne, d’un Tunisien, d’une Italienne et… d’un Sénégalais morts à Noailles? Même les descendants Espagnols ou Corses doivent se demander où ils sont. Quand aux rapatriés d’Algérie…  Reste Gérard Meylan, estaquien à jamais, crédible car on le voit encore aux manifs, simple et endossant son rôle de dernier des communistes. Lui joue Tonio avec son beau chapeau incarnant Deferre se prenant pour Mélenchon se prenant pour Gramsci. Laisse tomber la caricature.

Dans Gloria Mundi, son film précédent, l’ambiance était accablante et la morosité totale entre Uber et exploitation sociale de migrants mais notre réalisateur, s’il avait oublié ce qui socialement venait de se dresser contre l’ordre social dans la ville, ne déméritait pas pour raconter la classe moyenne déclassée, c’est à dire la sienne. Celle des couches plus anciennes de l’immigration. Là, son Marseille est trop propre. Il pose sa caméra sur le Vieux Port comme si la ville se résumait à ce coin vendu aux touristes.

Ariane vivait dans les immeubles Pouillon à l’ombre. Là elle s’avance dans les premiers immeubles face au Vieux Port. Désolé, on voit trop de corniche, d’ Anse de la fausse monnaie, et pas assez de St Mauront, pas assez de délabrements de Noailles jusqu’au parc Corot où un gang nigérian vient d’être jugé en novembre. Ou sont les jeunes dézingués par les voitures armées de kalachs des trafiquants, où sont les mômes tués par la Police? On n’est pas obligés de faire du Olivier Marchal ou Cédric Jimenez pour rendre un tant soit peu de vérité sur cette ville.

Guédiguian représente en effet la branche communiste humanitaire disparaissant. Manque de punch dans ce film. Les images du CRA sont presque trop légères, celles des humanitaires trop éloignés de la crasse de Noailles, même Kevin Vacher est trop grand avec son keffieh, et Michelle Rubirola trop petite. La caméra troque Mohamed Ali contre Géronimo mais on reste K.O. Ces ficelles sont lourdes, Rosa pour Rosa Luxembourg qu’on nous explique comme un grand-père qui casse les bonbons à ses petits enfants qui veulent écouter Jul, ou Meylan avec son bouquin sur les grèves. Chaque référence politique est posé comme un plat de viande sur une table végé.

Reste l’amour traversant notre Ariane Asacaride qui dit «J’ me casse» , à toute la classe politique incapable de s’unir. Pour partir avec le double ou triple de Guédiguian , Darroussin, bedonnant et sous exploité dans ce film. Il ne convainc personne quand il annonce son discours autour d’Homère. On préférera la colère de Nicolas Mémain devant la Mairie de Marseille.

Loupé pour ceux qui voulaient revivre l’émotion et la colère d‘une ville qui éjecta 25 ans d’alliance droite-gauche guériniste, elle était pourtant là cet hiver 2018 entre la Plaine enfermée dans ce haut mur et Noailles écrasée sous les décombres, elle était entre les Gilets Jaunes et les milliers de protestataires contre l’habitat indigne.

La réalité aujourd’hui, après les centaines de mises en péril, la panique générale, la Rbnbisation du centre ville, c’est une ville donnée aux touristes pour les spectacles audiovisuels de portée mondiale, c’est les All blacks jusqu’à la Plaine et les bords de mer offerts aux Jeux Olympiques. Marseille en grand, 5 milliards qui vont s’éparpiller dans un mille feuilles de structures s’empilant, entre Splan et Sploc. Là il y avait sujet d’un film sur les voraces qui mettent la ville en pièce, sur le peuple qui se condamne lui même. On reste désabusé par cette ville comme Gérard Meylan qui en a marre d’aller chercher sa copine la pute encore tabassée, toujours tabassée comme si la ville voulait encore se prendre des claques.

The Marvels.2023. Nia DaCosta

Et la fête continue. 2023,Robert Guédiguian

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire