Mes châteaux d’If: Margerin, intégralement populaire.
Mes châteaux d’If: Margerin, intégralement populaire.
Le bar, le pichet à eau pour le Ricard, le sucrier Ricard, le distributeur de cacahouètes, le flipper à l’entrée, le porte manteau, les cendriers, l’éponge prés du robinet, le peigne dans la poche arrière de l’ouvrier, les pots de crayon: voila un décor qui réjouit. Un putain de décor de banlieue ouvrière comme de petit patelins. C’est planté là comme la tournée du facteur dans les bars. Ça sent le perniflard et la petite musique quand on mettait un franc dans la machine à cacahouètes et qu’il y avait des œufs durs au comptoir.
Le comptoir du bar c’est un véritable endroit de liberté tant qu’on y est pas accroché toute la Sainte journée. Chez Margerin, tu trouves tout ça avec la passion des motos chez des mecs pas méchants en blouson noir, la foi dans la pièce de rechange, le délire pour tout ce qui vient des States. Tout ça chez des prolos parisiens dans leurs cuisines, la clope au bec, l’esprit des copains chevillés aux santiags. Un truc rock and roll qui zigzague entre une chanson de Renaud et un pot de Harley.
T’as aussi chez Margerin la passion de la cage d’escalier, le grenier en bazar où t’as envie de rester tout l’après midi avec Gaston Lagaffe, des nunchakus suspendus, une vieille lampe, un électrophone, des affiches de concert, un coffre et une chambre, surtout une chambre à air crevée que t’as gardée.
Cette intégrale trace un chemin des années 76 jusqu’à 89 dans les magazines Métal Hurlant qu’on ne présente plus et Rigolo où on trouvait Luis Rego, Chantal Montellier, Wuillem, Antoine de Caunes, Farid Chopel ou Karl Zero.
Elle permet de retrouver la fameuse Anne Gaillard, la passionaria des consommateurs de ces années là, “cette Hitler de France Inter” selon Jacques Séguéla.
Surtout, on nage dans la nostalgie avec l’appart de la porte de Champerret, la cour en pavés, le balai derrière la porte, les chaussons et Ici Paris. L’œil de Margerin balaie tout à partir d’un coin de chambre. Il se glisse chez monsieur tout le monde ce qui fait qu’on se sent chez Margerin comme dans ses chaussons, chez soi. Les parents qui s’engueulent dans la voiture par un beau dimanche à cause des gosses qui chahutent, les pauses déjeuner sur le bord de la toute, Cendrillon version Ginette et Simone dans une 203 Gordini. Son enquête sur la télévision et ses usages en 1989 est sociologique. Et parfaitement représentative. Margerin est un grand témoin de la France de cette époque. Par contre il ne touche pas à la politique. Margerin est heureux et insouciant comme ses personnages et ça fait du bien aussi.
Margerin a peint le monde des années 60 chez les petites gens. Cette intégrale montre un auteur qui n’a pas encore trouvé Lucien et le monde de la moto. L’auteur raconte ses débuts dans la BD et comment Enki Bilal fut le lauréat du premier concours où il fut remarqué. En démarrant à Métal Hurlant ( quel titre tout de même!) Margerin devra intégrer de la SF. Il s’y emploiera en intégrant des aliens comiques. Belle faculté d’intégration.
MARGERIN, L’Intégrale, Franck Margerin présente. Fluide Glacial. Parution 11/10/2023.29.90 euros
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