Mes châteaux d’If: l’Escamoteur.

Mes châteaux d’If: l’Escamoteur.

Qui a balancé Action Directe le groupe politique armé, mené par Nathalie Méningon et Jean Marc Rouillan dans les années 70-80. La réponse fait l’objet d’une bande dessinée signée Goethals et Collin.

Réponse immédiate pour les éjaculateurs précoces : un beau mec affabulateur et galeriste – qui tente de l’épater…la galerie – que Jean Marc Rouillan rencontre à Toulouse au  bar le Florida en 1974. Rouillan est encore tout emballé par 1968 où il jette des pavés sur la gueule des flics avant de prendre les armes contre le franquisme et le capitalisme en général quand ce n’est pas un général qu’il prend pour cible. On y apprend qu’il était admiratif de Carlos, mais pas au point de tomber dans le piège de la BRI et du service Recherche. Outre l’approche policière, les rapports avec les socialistes dont les envoyés de Mitterrand sont exposés d’une manière inédite.

Si la bande dessinée prétend raconter la vie de Gabriel Chahine, enfant du Liban, admirateur de Degaulle et ennemi de Nasser, l’histoire tourne autour de la bande à… Action Directe, racontée par la police. Ce n’est pas inintéressant, c’est même bien construit comme un polar, traque des bandits, filatures etc..mais il manque le point de vue de Rouillan. Ce dernier a commis au moins quatre livres sur sa propre histoire et sa version des faits. De mémoire (3 tomes) jusqu’à l’Histoire d’ Action directe, tous parus chez Agone ( Marseille)

Rouillan qui vit aujourd’hui dans sa région d’origine a passé quelques années à Marseille, embauché par son éditeur. On trouvera ici le récit d’un prisonnier libérable. Il publiait tous les mois une chronique carcérale dans CQFD, mensuel marseillo mondial.

Étrange bande dessinée qui semble escamoter le personnage central qui finalement est bien Jean Marc Rouillan. Reste un contexte politique post 68 avec les interactions au Moyen Orient qui remet en tête l’histoire politique de la gauche, de ses tentatives armées et ses solutions électorales qui ont échoué dans un maelstrom libéral donnant Tapie autant que Guy Lux. La réussite par l’argent c’est aussi ça la victoire de Mitterand. Sur cette époque, lire Christian Astolfi et son De notre monde emporté qui se déroule dans les chantiers de la Seyne dur Mer (Editions le Bruit du Monde. Marseille) entre victoire socialiste et défaite de l’amiante.

Zou, un peu d’aïoli et …passez muscade, comme disent les escamoteurs. On retrouve l’ expression savoureuse dans Angelo de Giono.