Mes châteaux d’ALGER: Rwama.

Mes châteaux d’ALGER: Rwama.

Salim Zerrouki signe deux albums sur sa jeunesse autour d’un immeuble dans la cité Olympique d’Alger. Le plus bel édifice de la nouvelle Algérie est un miroir des fractures de la société algérienne en construction. «Il avait même un bac à sable ! » Le président Houari Boumédiène eut l’idée de jeux méditerranéens en 1975. On construit une cité olympique à Alger. Les entraîneurs étaient russes, cubains ou d’Allemagne de l’Est. Rachid Mekhloufi, disparu l’année dernière, remporte la médaille d’or pour l’ Algérie. L’ancien attaquant de Saint Étienne avait quitté la France pour rejoindre l’équipe du FLN.

Ce qui explique pourquoi le titre de l’ouvrage Rwama, les Francais, qui fut le nom de leur immeuble. Allez comprendre…Un jour ne restèrent dans l’immeuble que des fonctionnaires algériens. Les années Chadli démarrèrent, la corruption s’amplifia et l’immeuble se dégrada. Vinrent les coupures d’eau. Salim Zerrouki raconte par le prisme de la vie quotidienne, ce qui traversa la vie des Algériens. Arabe littéraire imposé contre l’Algérien, raquettes de tennis moulés et imitées, islamisation des cours d’école, la récit avance dans une Algérie inégalitaire qui va précipiter l’ascension du Front Islamique du Salut. Il raconte aussi la vie des gamins dans une cité comme ce vol d’une bobine électrique qui servit à fabriquer des milliers de scoubidous. Le rappel des émeutes de 1988, cette révolte de la jeunesse en Stan Smith, paraît plus que nécessaire car la répression du mouvement fut violente et préfigura les massacres des dix prochaines années. Répression à coups de gègène, de tirs à la kalachnikov puis désamorçage avec des imams qui en profilèrent pour entrer en scène. En 1989, le FIS fut accrédité pour les élections dans le lot des concessions du pouvoir.

Rwama, tome 1 et 2, Salim Zerrouki, Dargaud, 23.95, 192 Pages, 2024 et 2025.