Matta, trésors et vestiges : des expos marseillaises
On n’arrête pas la culture ! En 2013 aussi, je continue de rendre visite aux musées marseillais régulièrement. La semaine dernière, après avoir visité la nouvelle Friche et le J1, je suis allé voir le nouveau Cantini et l’inébranlable Vieille Charité (tous les musées changent, et Mamie Charité demeure). Petit compte rendu de trois expositions que tout sépare, sauf peut-être le fait de mettre en scène les hauts et les bas des musées marseillais. (Et mon premier coup de fil anonyme pour demander un droit de réponse)
Matta
Cantini d’abord, qui accueille Roberto Matta. Je ne savais rien sur cet artiste, si ce n’est qu’il était Chilien et que le musée de Baden-Baden lui consacre aussi une exposition. J’ai appris pêle-mêle qu’il avait vécu en Europe et aux États-Unis, qu’il avait fréquenté Breton et les surréalistes, et que le gouvernement de Pinochet l’avait destitué de sa nationalité chilienne. J’ai été surpris qu’un artiste des années 40, 50 et 60 me fasse autant penser au street-art et à la BD, j’ai vu du Cours Julien et du Enki Bilal dans ses oeuvres, beaucoup de violence, une esthétique à la Fritz Lang qui fout mal-à-l’aise. Et si, très franchement, je n’aimerais pas en mettre dans la salle d’attente de mon futur cabinet, j’ai trouvé ça très intéressant et très riche de sens. Un commentaire m’a fait rire dans le Livre d’or “il est intéressant de voir ces œuvres “révolutionnaires” en ces temps de socialisme mou”, comme quoi tout n’est pas si lisse que du David Guetta au pays de MP2013.
Les trésors
La Vieille-Charité montre les trésors des marseillais, ces offrandes faites aux Dieux de Delphes à l’époque de Massalia. C’est bon pour la fierté d’être marseillais : et oui, pendant que nos ancêtres faisaient céramiques splendides pour les offrir à Apollon, maniant la feuille d’or et les pigments de toutes sortes, le reste de la France chassait le sanglier. Et c’est bien le plus intéressant de cette expo, ou alors c’est que je n’ai vraiment aucune sensibilité à l’Antiquité. Ah oui, j’ai apprécié de voir qu’un de mes anciens profs de fac, M.Jockey, avait bossé sur l’expo.
Les vestiges
Toujours à la Vieille-Charité, une exposition de photographie cette fois, Josef Koudelka (tchèque, ex-Magnum) présente sa série “vestiges”, des clichés extraordinairement beaux des vestiges grecs et romains du pourtour méditerranéen. Tout en sérénité, on voyage entre Rome, Ostie, Baalbek, Petra… et on (re)découvre ces sites exceptionnels immortalisés avec talent. Je pèse chacune exagérations que je fais, j’ai tout simplement adoré son travail. La pierre blanche, le fond noir, tout ce qu’il reste des racines de notre civilisation est là, ciselé dans les paysages méditerranéens que nous connaissons tous.
New-Cantini et Old-Charité
Le new-Cantini est très chic, blanc et or, on voit même new-Vuitton depuis l’entrée, tout ça accentue le côté milanais de la rue Grignan. J’ai beaucoup apprécié la mise en lumière des tableaux, et la grande salle qui permet de contempler les œuvres XXL du révolutionnaire chilien.
A l’inverse, la Vielle-Charité est un peu à la peine. Même si le bâtiment est superbe, l’éclairage des œuvres est toujours problématique, règle n°1 : on ne met pas des spots face à des photos en noir et blanc encadrées ! Parce que sinon ça devient très compliqué de pouvoir admirer la photo sans reflets !
Et les surveillantes de musées…
Mise à jour 18/04/13 : j’étais allé trop loin dans le paragraphe sur les surveillantes de musées, je m’explique ici. J’espère bientôt pouvoir écrire quelque chose de mieux documenté sur les musées en général, parce que ce que nous avons vu pose tout de même question.
Je n’étais ni venu pour démonter le métier, par jalousie aux fonctionnaires, ni avec une intention maligne. J’étais venu avec des amis pour voir les expos et le débat sur les surveillantes est venu tout seul en sortant.
Je regrette les mots choisis, mais j’étais loin d’être le plus dur dans mes commentaires à la sortie des expos, et je ne pense pas que nous ayons été les seuls à remarquer les téléphones, les fous-rire et le chewing-gum. “Et alors ?” ben oui, qu’est-ce que ça fait ? Je n’ai pas d’avis tranché sur la question, mais j’observe que des gens autour de moi trouvent ça scandaleux, d’autres très bien, c’est pourquoi j’ai essayé (peut-être maladroitement) d’ouvrir un débat.
La plus grosse erreur est peut-être de ne pas avoir suffisamment nuancé : d’avoir parlé des 4 ou 5 que j’ai remarqué ces jours-là, et pas de toutes les autres qui faisait leur boulot plus discrètement. J’aurais aussi pu dire que j’ai été plutôt bien reçu partout dans les musées de Marseille, même si j’entends que d’autres ne l’ont pas été (cf les commentaires). Et surtout, qui est responsable de ça ? Comment s’organisent les musées de Marseille ? Peuvent-elles travailler dans de bonnes conditions ?
On le voit, la question de départ en soulève d’autres. Et j’espère pouvoir en parler bientôt, car j’imagine que les quelques commentaires anonymes et le coup de fil masqué ne sont pas une tentative d’intimidation mais la réactions épidermiques de gens blessés à juste titre.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Le débat reste ouvert…
Commentaires
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Dans les musées à Marseille il y aurait beaucoup à dire sur l’accueil réservé aux demandeurs d’emploi je trouve. J’ai observé à plusieurs reprises que l’idée d’un accès à la culture à un moindre coût est souvent mal perçu à l’accueil. Allez savoir pourquoi… En tous cas c’est assez énervant. Quant à l’image que les gardiennes renvoient de la ville en tweetant, je trouve ça moins préoccupant que l’agacement suscité par une communication passée en pleine salle d’expo (vécu!).
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Merci de votre contribution, la mauvaise expérience en tant que demandeur d’emploi était dans un musée en particulier ou à plusieurs reprises ?
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À plusieurs reprises à vrai dire… Mais je crois que l’attitude des personnes à l’accueil à l’egard des demandeurs d’emploi est variable non pas d’un lieu à l’autre mais d’une personne à l’autre malheureusement. Sûrement parce qu’il n’y pas de discours sur l’accessibilité derrière…
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La critique est aisée mais l’Art est difficile
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C’est vrai que le dicton le dit, cependant, je trouve que tout dépend de la critique : il n’est pas toujours facile de faire une critique nuancée et constructive. Qu’en pensez-vous ?
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Etre surveillant de musée n’est pas aussi facile qu’ont le croit !Et la jalousie est un mauvais défaut !
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C’est soirée dicton 🙂 ?
Quand vous dites que ce n’est pas si facile, vous voulez dire que je ne devrais pas dire que les étudiants en histoire de l’art ont mieux à faire ? Je tiens cette remarque d’une jeune fille en master 2 d’histoire de l’art, mais ça ne peut être que son point de vue megalo.
Désolé si je vous ai vexé par mes propos, êtes-vous une surveillant(e) de musée ? Aimeriez-vous développer votre commentaire ? N’hésitez pas, ça m’intéresse énormément.
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Quant à la jalousie, je ne comprends pas, mais si elle existe, elle doit être très inconsciente et très refoulée parce que je suis globalement très heureux de ce que je fais dans la vie.
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Pour Info le droit à l’image est discutable sur cet article.
En aucun cas il me semble qu’une autorisation concernant la diffusion de cette photo est été donnée……
Pour continuer à débattre sur un tel article qui à mon gout est assez bas et ne porte aucun intérêt à part le mépris de la personne ne fais pas de vous quelqu’un d’objectif puisqu’en fin de compte vous y êtes allé seulement dans l’optique de descendre en flèche les musées.
Certes il y a un droit d’expression tout comme le droit à l’image….. mais je pense quand même qu’il doit y avoir des limites.
C’est surement la frustration de ne pas être fonctionnaire qui vous fait agir de la sorte …..
A bon entendeur…….
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Vous avez raison sur le droit à l’image, il y a des limites que j’avais manifestement franchies et sur lesquelles je suis revenu http://lagachon.com/2013/04/17/quand-on-va-trop-loin/
Sinon, je n’ai rien contre les musées de Marseille, pas plus que je rêve de devenir fonctionnaire, c’est un métier que je connais bien (famille de fonctionnaires), qui a ses avantages mais beaucoup trop d’inconvénients pour moi.
Ne mélangeons pas tout : je reconnais m’être trompé sur la forme et j’ai présenté mes excuses, mais sur le fond, on doit pouvoir se demander s’il est opportun de téléphoner ou pianoter sur son smartphone quand on est face à du public, fonctionnaire ou pas. Comme je dis, je n’ai pas d’avis tranché, je m’interroge, c’est tout.
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Déjà le titre des exposition et des tatas pas très sympa !!!! Nous travaillons très dur l accueil des personnes n est pas toujours facile très touchée par votre article ………
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Déjà le titre des exposition et des tatas pas très sympa !!!! Nous
travaillons très dur l accueil des personnes n est pas toujours facile très touchée par votre article ………
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Ho !!! J ai oubliée le pluriel à exposition sssss je suis juste une tata!!!!!!!!!!
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J’ai quand même un peu l’impression de rêver là… “la frustration de na pas être fonctionnaire”… “nous travaillons dur à l’accueil des personnes”… c’est ce qu’on appelle un argumentaire choc et définitif, y’a pas de doute.
C’est surtout une sacrée blague ! La susceptibilité mal placée de vos commentaires est aussi irréaliste que l’idée même de jalouser le fonctionnariat municipal. Vous avez pris quelques lignes d’un (très bon) article qui parlait de tout autre chose pour fendre le vent d’une croisade bien risible là où on aurait pu débattre du choix, de la formation des personnes mises en place par la mairie pour s’occuper de la très dure tâche de l’accueil dans les musées. Au passage vous obligez l’auteur du papier à se confondre en excuses inutiles.
Pour une ville qui se veut capitale européenne de la culture il y existe encore un véritable, un gros souci dans l’accueil des musées et désolé si ça vous vexe. Ceci n’est pas un débat, c’est un fait. Tatas ou pas. La plupart des agents font sans doute très bien leur travail, c’est possible. Sincèrement ça ne m’a pas sauté aux yeux. Ce que je sais par contre c’est que la plupart des gens qui se trouve aux expositions a surtout envie d’être accueillie dans un cadre professionnel et courtois. Malheureusement, elle repart plus souvent avec l’impression qu’agent d’accueil de musée est un poste gadget où l’on classe des personnes qui, pour la plupart, ont été pistonnées (oh le vilain gros mot) et dont on ne sait plus quoi faire… comme par exemple des tatas d’école, et j’en connais plusieurs. Sans doute que le métier de s’occuper d’enfants était trop dur.
Alors arrêtons l’hypocrisie et les fausses crises d’amour propre quant au recrutement et à la formation des agents municipaux tant jalousés. Quand l’accueil sera digne de ce nom dans les musée de Marseille on pourra en reparler !
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