Maryse, Kim-Jong-Un style

Une espionne à ma solde en mission à Aix m’a gentiment offert un document très instructif : un numéro spécial d’Aix en Dialogue, le magazine de la Ville d’Aix. C’est un hors série de 75 pages intitulé “La métamorphose d’une ville. Les années décisives qui ont changé le visage de la cité”, et qui propose au lecteur de passer en revue toutes les réalisations des années Joissains. La maire-candidate à sa réélection se fait offrir par la Mairie un catalogue hagiographique des réalisations de son équipe, sans laisser aucune place à l’opposition ou même au débat, mais avec quelques perles qui valent leur pesant de calissons.

Ce que j’aime chez Maryse, c’est son sens de la mesure tout marseillais, qu’on ne saurait comparer qu’à un Patrick Mennucci. Ce n’est pas donc une, ni deux, mais bien trois interviews de la patronne qui ponctuent ce tiré à part, sans oublier une tribune libre de remerciements à la fin qu’elle signe également.

Ainsi, elle analyse ces douze années durant lesquelles elle a permis à Aix de “rattraper des décennies de retard” (au moins, car rappelons-nous qu’Aix doit l’introduction de l’alphabet et de la roue à Madame Joissains), qu’elle se démène pour pallier les désengagements de l’Etat qui préfère investir à Marseille (ah bon) et ne fait rien pour la sécurité. Mais grâce à Madame le Maire, Aix a pu investir sans augmenter les impôts, garantir la sécurité des aixois, et aussi lutter pour maintenir leur pouvoir d’achat, détourner les LGV qui allaient lacérer le pays d’Aix, et se poser en rempart contre la métropole et ses hordes de marseillais. Ce n’est plus une mandature, c’est une croisade de tous les jours, heureusement qu’elle est en contact direct avec le Saint-Esprit pour l’épauler dans cette tâche.

Un sens de la mesure que l’on retrouve dans les titres un brin “too much” comme “le plus grand conservatoire de France ouvre ses portes”, “un forum culturel unique en Europe”, “le centre des Congrès dans la cour des grands”, “trois places quatre étoiles”, “le plus spectaculaire mur d’eau d’Europe”… qui n’a rien à envier à la vidéo de 9 minutes bullshit au possible que la Mairie de Marseille diffuse au Pavillon M sur la métamorphose de la ville. Comme quoi, les deux villes se ressemblent que ce qu’elles veulent bien avouer !

Sainte Maryse, priez pour Aix

Et  puis il y a quelques aixoiseries que j’aime bien, comme ces “séniors” qui s’entraînent au cas où les hordes de marseillais déferleraient sur la ville après la métropolisation. Ou les photos corporate de Maryse qui réfléchit.

Les Aixois se préparent à la Métropole

Bref, 75 pages d'”Aix en monologue” pour prendre la mesure des “années Maryse” pour la ville d’Aix, et limite avoir envie qu’elle rempile. Et bien sûr, voilà la question que pose l’existence même de ce hors série à un an des Municipales. La Mairie financera-t-elle un 75 pages à l’opposition pour qu’elle puisse donner sa version des faits ? Parce que si ce type de document plein de mauvaise foi, d’exagérations et de formules pré-électorales amuse le journaliste, il n’invite pas vraiment au débat de fond.

A sa lecture, on se demande comment Aix a fait sans Maryse, et on ne peut que penser au pire… comment fera-t-elle sans Maryse ? Ne devrait-on pas prévoir l’ouverture d’un lieu de mémoire, ou un think tank qui pourrait poursuivre son action après elle, continuer à éclairer Aix et ses alentours de sa lumière divine ? Je verrai bien une croix dans le style de celle de Colombey, mais plus brillante et plus sertie, on pourrait la mettre en haut du Cours Mirabeau, avec une crypte pour se recueillir et une sélection de ses plus grandes phrases.

Non, vraiment, le ridicule ne tue pas…

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