MARSEILLLE ET LE CORONAVIRUS

Billet de blog
le 10 Mai 2020
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MARSEILLLE ET LE CORONAVIRUS

 À plusieurs reprises, nous avons évoqué ici ce qui est devenu une véritable figure politique, la pandémie du coronavirus. Nous souhaitons revenir à cette figure en questionnant la place qu’elle peut occuper dans la culture marseillaise.

 

La ville et la politique de la maladie

Au-delà de la figure de la peste, que nous avons déjà tenté d’associer à celle du coronavirus, sans doute importe-t-il de s’interroger sur la place de la maladie dans la politique marseillaise. C’est que, sans doute, d’ailleurs, en raison de l’importance qu’occupe la peste dans la culture de la ville, la maladie a une place majeure dans la culture politique de la ville. On peut définir cette place de trois façons. D’abord, il s’agit d’une représentation particulière de la figure du danger, de la menace – d’une représentation particulière de la catastrophe dans l’histoire de la ville. La maladie, comme, par exemple, d’autres figures comme celle du climat et de la météorologie, représente un des dangers qui menacent la ville et ceux qui l’habitent. D’ailleurs, être conscient de ces menaces constitue une des façons d’habiter la ville, de donner une signification à l’identité dont on est porteur quand on habite Marseille. Par ailleurs, la maladie est une des expressions de la confrontation, du conflit, une des figures de l’ennemi qui, comme d’autres dans la mémoire de la ville, contribuent à forger l’identité urbaine. Comme toutes les identités politiques, l’identité d’une ville ne peut pleinement se penser que dans la confrontation à celle de l’adversaire, et, à cet égard, la mobilisation des médias et des discours politiques de la ville constitue un des éléments qui permettent de donner une signification particulière, aujourd’hui, à l’identité marseillaise. Enfin, ce que l’on peut appeler la politique de la maladie constitue, à Marseille, une des façons de s’engager : que l’on se situe dans le champ des pouvoirs ou dans ceux des oppositions, se situer par rapport à la question de la maladie, de la prévention et de la politique de la santé représente une des façons majeures de s’inscrire dans la politique de la ville – liée à la fois à la place de la peste dans la culture politique de la ville et à la place de la médecine dans l’histoire de la culture de la ville.

 

Marseille et les réseaux de solidarité

Il s’agit d’une autre manière de penser la politique de la maladie. En effet, à la fois en raison de l’importance qu’y occupent les réseaux liés aux migrants et aux habitants de Marseille porteurs d’identités étrangères et en raison de l’importance des réseaux dans la culture du travail dans la ville, le réseau représente une figure majeure de la politique marseillaise. C’est ainsi également par rapport aux réseaux de solidarité présents dans la politique de la ville que le coronavirus se situe dans la politique marseillaise de la maladie. En effet, d’abord, il s’agit d’une circonstance, d’un événement, qui engage les réseaux, une fois de plus, dans une dynamique de solidarité, qui s’inscrit dans ce que l’on peut appeler, à Marseille, la culture de la solidarité. Mais il s’agit aussi des réseaux de communication et d’échanges qui se sont institués tout au long de l’histoire de la ville, venant, en quelque sorte, doubler les médias classiques et les acteurs reconnus de l’information. C’est toute une culture de la maladie et du soin qui s’ancre à Marseille, dans les réseaux populaires de solidarité, contribuant à élaborer une autre culture, populaire, de la maladie parallèlement aux formes officielles de cette culture et aux normes qu’elles produisent.

 

La figure du coronavirus dans les projets municipaux en débat

Mais nous ne pouvons pas aborder cette question de la figure politique de la maladie comme si les élections municipales ne devaient pas avoir lieu. Le temps marseillais du coronavirus est proche de celui du renouvellement de la municipalité, d’abord, tout simplement, pour des raisons de calendrier. La pandémie s’est imposée en France au moment des élections municipales et a perturbé à la fois la campagne électorale en empêchant l’expression des acteurs politiques et en retardant le second tour des élections quand il devait avoir lieu. À Marseille comme dans beaucoup d’autres villes, c’est le temps électoral qui a été modifié par le temps de la maladie. Mais c’est aussi le débat électoral qui prend une forme particulière en raison de l’apparition de la pandémie. En effet, cela oblige les acteurs politiques à penser et à exprimer d’une façon particulière leur projet politique dans le domaine de la santé publique. En ce sens, sans doute importe-t-il que, d’ici la nouvelle date prévue pour l’élection, les candidats élaborent un véritable projet politique, détaillé et argumenté, précis et engagé, dans le domaine de la santé publique, notamment pour que le fait que le maire soit à la tête de l’Assistance publique et des Hôpitaux de Marseille ne soit pas une simple forme institutionnelle, mais corresponde à un véritable engagement.

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