MARSEILLE : UNE MER (1)

Billet de blog
le 18 Oct 2024
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Marseille est au bord de la mer. La mer l’a fondée, car c’est d'elle que sont venus ses premiers habitants, et cela a fait de la ville un port. Mais si la ville elle-même était une mer ?

MARSEILLE : UNE MER (1)
MARSEILLE : UNE MER (1)

MARSEILLE : UNE MER (1)

Marseille : un réseau de flux et de courants

Marseille n’est pas seulement une ville peuplée d’habitantes et d’habitants : elle est aussi un réseau de flux qui la parcourent en tous sens. Ces flux qui font vivre la ville sont mis en œuvre, d’abord, par celles et ceux qui y vivent. Ces habitantes et ces habitent peuplent la ville de leurs histoires, de leurs mémoires, de leurs cultures. Les courants de la ville sont les cultures qui s’y mêlent, faisant découvrir aux habitantes et aux habitants celles et ceux qui ne sont pas comme eux. Comme toutes les mers traversées et même ensemencées par les courants et par les flots qui les fécondent, Marseille a une histoire faite de parcours d’hommes et de femmes issus de toutes les cultures possibles, porteurs de tous les savoirs et de toutes les légendes du monde. Marseille est une mer et, en même temps – mais n’est-ce pas la même chose ? – elle est un monde. Ce réseau de flux et de courants est un nœud de rencontres entre des cultures issues de tous les pays du monde, mais, par le même mouvement, elle fait se retrouver ces cultures, elle fait se parler les uns aux autres et échanger les uns avec les autres celles et ceux qui en sont porteurs, fécondés par la variété de ces histoires différentes qui trouvent leurs vérités dans ces rencontres mêmes que leur propose la ville. La ville est nourrie de la diversité des langues qui s’y parlent, des costumes qui s’y portent, des façons de parler, de chanter, mais aussi des mille manières de se nourrir, de se déplacer, de se trouver et d’habiter la ville. Le réseau de flux et de courants qui donnent sa vie à Marseille lui donne aussi son histoire, faite de ces rencontres et de ces échanges – mais parfois aussi, bien sûr, de ces guerres et de ces conflits qui ont toujours peuplé l’histoire de Marseille, comme, d’ailleurs, bien sûr, c’est le cas de toutes les villes. Si une ville est, comme par définition, un espace politique, ce n’est pas seulement parce qu’elle est l’héritière de la polis, c’est aussi parce que ce sont les conflits qui donnent ses significations à son histoire. Des conflits entre ses habitants pour des rues encombrées et pour des bruits trop violents aux conflits plus politiques entre des partis et entre des pouvoirs, les mythes et les légendes, les récits et les souvenirs donnent à l’histoire de Marseille les repères et les héritages qui permettent de la comprendre. Les journaux comme « Marsactu », héritier de toute une tradition et de toute une culture de journaux locaux, sont là pour nous transmettre l’histoire de ces flux, parfois violents, afin qu’ils ne se perdent pas, qu’ils ne soient pas noyés dans la mer de l’oubli.

 

Des flots, des vagues et des tempêtes

Marseille est une mer, parce que, comme toutes les mers, elle est faite de vagues qui fondent la dynamique de ses  flots, mais, bien sûr, son histoire est peuplée de tempêtes. Des conflits qui jalonnent sa naissance aux guerres de religion, l’histoire de Marseille n’est pas une histoire tranquille et sereine. La diversité des peuples qui y vivent permet de comprendre une part de ces conflits, dûs à des différences de cultures qui entraînent des radicalisations excessives. Les tempêtes qui font de Marseille une mer sont aussi liées à des époques où la diversité n’était pas acceptée ou l’était mal. Les tempêtes marseillaises sont aussi liées à des rencontres, parfois violentes, liées à l’histoire de notre pays, comme, par exemple, l’histoire de la décolonisation qui a eu une grande place dans l’histoire de ce port méditerranéen, puisque c’est de Marseille que des françaises et des français sont partis coloniser des pays d’Afrique du Nord, pour en revenir, des années après des guerres, et toujours à Marseille. Les flots que sont les rues qui parcourent la ville portent dans leurs noms les traces de cette mémoire. Mais, de la même manière, l’urbanisme de la ville et les façons d’y vivre sont aussi porteurs de cette histoire. Les tempêtes les plus violentes de la mer marseillaise sont liées aux différences et aux ruptures entre les riches et les pauvres qui ont fini par s’inscrire dans la carte de cette mer, comme, par exemple, entre les quartiers du Nord et ceux du Sud.

 

Des façons multiples d’habiter la mer

Cette mer de Marseille n’est pas habitée d’une seule manière. Différentes îles se sont installées au milieu de cette mer pour permettre à ses habitantes et à ses habitants d’y vivre. C’est ainsi qu’à côté des îles constituées par les immeubles d’habitation (on les appelait, justement, en latin, des insulæ, des îles), d’autres îles donnent la vie à la ville : les commerces, les lieux d’échanges et de troc, les lieux de culture et de représentations, comme les lieux des images que sont les cinémas et les musées, les lieux des livres, comme les bibliothèques ou les librairies, les lieux des sons comme les lieux de concert des musiques classiques ou des musiques contemporaines. Les îles de la mer Marseille sont aussi les lieux conçus, tout simplement pour la rencontre, comme les cafés, les places, les jardins publics. La mer de Marseille est jalonnée de ces espaces de rencontres qui nous permettent de ne pas nous noyer dans ses flots et de ne pas nous y perdre. Pour pleinement comprendre Marseille, les mots qui s’y disent et les langues qui s’y parlent, il importe de disposer d’une bonne carte maritime de ses flots ou d’avoir un solide sens de l’orientation, car les flots de Marseille peuvent, parfois, être difficiles à habiter parce qu’il arrive qu’ils nous emmènent dans des lieux où nous ne voulions pas aller. C’est ainsi que, comme toutes les mers, Marseille a sa part d’imprévu, d’inattendu, d’incompréhensible. On peut, finalement, parfois, ne plus seulement habiter Marseille, mais s’y noyer : c’est le temps des crises de la ville qui, elles aussi, façonnent le tissu de son histoire. Pour habiter la mer de Marseille, il faut comprendre d’où nous y venons, où nous allons dans cette mer, et, surtout, entendre celles et ceux que nous y rencontrons.

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