Marseille tout contre le pays

Marseille tout contre le pays

20h, les soirs d’élection. Le pays sait et Marseille, comme les autres grandes villes, attend. La majorité présidentielle est reconduite, mais ne sera que relative (moins de 250 député·e·s). La coalition de gauche conduite par sa composante la plus à gauche réalise une percée importante, sinon historique, mais insuffisante (150). Le RN, sans faire campagne, réalise un score considérable (90). La droite, qu’on disait moribonde, sera juge, arbitre et partenaire, ou l’un ou l’autre, ou les trois (70). Ça donc on le sait. Mais pour le reste, on attend et on actualise le live de Marsactu, entre les annonces de ministres battus ou reconduits et une allocution de chefs de partis qui cachent plus ou moins la satisfaction ou l’amertume.

Par un effet de zoom localisé, et en attendant les résultats à Marseille, on apprend la défaite de l’ancien ministre Christophe Castaner dans le département voisin des Alpes-de-Haute-Provence ; puis, surtout, la razzia du RN à dans les Bouches-du-Rhône. Le mouvement de Marine Le Pen ne disposait d’aucun député dans la mandature précédente : il en comptera 6.

Le troisième temps, et alors que les ténors des partis s’écharpent sur les plateaux nationaux et que les projections en siège s’enchaînent, les premiers échos des dépouillements marseillais nous parviennent. Et ils ne sont bons ni pour la majorité présidentielle, ni pour la gauche. On annonce d’abord Sabrina Roubache (Ensemble) battue par Monique Griseti (RN). Dans la 3e, très scrutée, l’équipe de l’Insoumis Mohamed Bensaada annonce bientôt que « tout n’est pas perdu », ce que tout le monde comprend par « c’est mal barré » face au RN.

Et puis, ça s’affine, surtout dans les circonscriptions les moins indécises. Sébastien Delogu (NUPES) sera largement élu dans les quartiers Nord. L’ex-LR, Lionel Royer-Perreaut, (Ensemble) au Sud, également. Manuel Bompard (NUPES) surgit sur les chaines nationales pour y amener un peu de Marseille en évoquant pour l’évacuer son succès dans la 3e. Hendrik Davi (NUPES) l’emportera aussi dans la 5e et Claire Pitollat pour le parti présidentiel dans la 2e. 

Les regards se concentrent enfin sur les décomptes serrés et les coude-à-coudes Roubache (Ensemble)-Griseti (RN) et Bensaada (NUPES)-Lelouis (RN). S’ils semblaient tourner à l’avantage des seconds, le RN échouera d’un souffle face au parti du Président, mais l’emportera devant le candidat Insoumis, nuançant la majorité décidément bien relative du Président, et le succès franchement bien fragile de son opposition de gauche. Ou révélant plus certainement la présomption d’ingouvernabilité nationale. Et ses ombres brunes.