Marseille – Medellin : correspondances
Il était une fois une ville marquée par des violences grandissantes, mais aussi par la pauvreté, le manque d’opportunités, la ségrégation sociale, l’habitat de mauvaise qualité dans des quartiers isolés, un abandon progressif de l’espace public et la perte de l’envie de vivre ensemble. Cette ville était composé de 16 arrondissements, mais aussi 250 quartiers, éparpillés autour d’une vallée à la topographie “ingrate” qui ne facilite pas les déplacements.
Ce cocktail explosif, c’est celui de Medellin dans les années 1980, une des villes les plus violentes du monde à son époque, où la seule année 1991 on compta 6349 homicides !
La réaction vient en 2003, quand le parti “Compromiso ciudadano” (Promesse citoyenne) fraîchement élu à la Mairie, lance son “Projet Urbain Intégral” qui fait l’objet d’une exposition cette semaine au Pavillon de l’Arsenal à Paris.
Leur idée : entrer en résistance pour reconquerir l’espace public.
Leur approche : le projet urbain intégral, c’est à dire, travailler à l’échelle du quartier sur les transports, les services publics, l’éducation et les commerces. Le tout afin d’améliorer les espaces existants et en créer de nouveaux, d’impliquer la communauté (quartier par quartier) dans la définition des enjeux et des priorités, de désenclaver les quartiers les plus isolés où le narcotrafic prospérait, de rendre les rues plus civiques et redonner leur fierté aux parties de la ville les plus sinistrées…
Résultat : le nombre d’homicides a été divisé par 7 en moins de dix ans, l’IDH (Indice de Développement Humain) a progressé dans l’ensemble de la ville.
Vous imaginez qu’à la lecture d’un article de Libé sur l’expo, j’ai tout de suite trouvé cette aventure intéressante, coup de bol, j’étais à Paris, j’y suis allé.
Le marseillais a forcément une lecture particulière de cette expo (qu’il serait bien de faire venir près du Vieux-Port à un moment – soit dit en passant) : l’abandon de l’espace public, la pauvreté, le manque d’opportunité, la ségrégation sociale… ça nous parle sûrement plus qu’à aucune autre ville en France.
Comparaison n’étant pas raison, il faut néanmoins rappeler qu’à la différence de Marseille, Medellin est une ville riche (poumon industriel de Colombie) dans un pays émergent (VS une ville pauvre dans un pays endetté). De plus, la situation de Marseille aujourd’hui est bien heureusement éloignée de celle de Medellin en 1991… Et n’ayant pas pu entendre d’autre son de cloche que celui des dirigeants, il convient de prendre tout ce formidable bilan avec des pincettes.
Mais ceci ne nous dispense pas de se pencher sur l’exemple en tenter d’en tirer des enseignements. Notamment lorsque la Municipalité justifie son plan d’actions envers tous les quartiers au nom de “la dette sociale et historique envers 40% de la population” (messieurs les élus des quartiers nord, vous pouvez noter ça quelque part, ça peut servir). Ou lorsqu’ils s’attachent à concevoir les projets de A à Z avec les acteurs existant : ONG, partenaires privés, représentant des habitants… Ou dans le fait que ce projet a été mené par un parti né en 1999, très différent de l’offre politique classique, et qui a surpris son monde en remportant les élections 4 ans plus tard…
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