L’économie politique de Marseille

MARSEILLE, ESPACE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE

Billet de blog
le 17 Sep 2017
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Ce que nous révèle le débat en cours sur les vestiges de la Corderie, sur les conditions de leur préservation et sur le vol d’une partie du patrimoine architectural et culturel de Marseille avec la complicité des pouvoirs municipaux, c’est la complexité de l’économie politique urbaine, en particulier de l’économie politique de la ville de Marseille et de la métropole.

Les multiples domaines de l’économie politique de la ville

Comme toutes les grandes villes, comme toutes les métropoles – peut-être est-ce même ainsi que l’on peut définir ce qu’est une métropole, Marseille ne situe pas son économie dans un seul champ. Si elle a longtemps été dominée, comme tous les ports, par le commerce et par l’économie marchande des échanges et des circulations de biens, la ville a aussi toujours orienté son activité dans une multiplicité de champs : la construction navale et les arsenaux, bien sûr, eux-mêmes liés à la mer, mais aussi les activités liées à l’économie et à la vie financière, ce qui a développé un secteur tertiaire important, les activités liées à l’information et aux médias, les activités liées à la formation et à la recherche scientifique, et les activités liées à ce qui s’est appelé un temps les nouvelles technologies de l’information et de la communication, qui ne sont plus « nouvelles », mais qui continuent à être des technologies nécessaires à l’ensemble des activités de traitement de l’information. C’est sans doute dans cette dimension particulière que Marseille avait connu un regain d’activité, notamment dans les années quatre-vingt, qu’il faudrait, aujourd’hui, repenser, afin qu’il s’engage sur de nouvelles voies, plus prometteuses, pus riches d’espoir pour l’avenir, comme dans le domaine du traitement de l’image, qui a été trop peu développé dans la ville, notamment dans l’ensemble de ses engagements dans de multiples domaines d’activité économique.

 

Ne pas réduire Marseille à n’être qu’un espace de tourisme

C’est qu’il ne faudrait pas réduire Marseille, comme trop de villes du Sud, à n’être qu’une vitrine ou un espace de loisirs et de tourisme. Il s’agirait d’une forme de retour de la colonisation : après avoir vécu et s’être enrichie par les incidences de la colonisation par la France de pays d’Afrique, en particulier d’Afrique du Nord, Marseille risque, par une sorte de retour de flamme, d’être, à son tour, victime d’une forme de dépendance et de colonisation, cette fois celle des touristes, des organisateurs de voyage, et, d’une façon générale, de l’ensemble des acteurs du marché du tourisme. On peut craindre qu’au lieu d’engager la dynamique d’une économie réelle de la culture, la politique de Marseille comme « ville européenne de la culture » n’ait été réduite à n’engager que des investissements liés au tourisme et que cette politique culturelle n’ait pas eu de lendemain pour les habitants de la ville et pour la pérennité de la place que joue la culture dans l’économie de la ville. L’exemple de la question des vestiges de la Corderie confisqués par l’immobilier est une illustration de cette réduction de la culture à des objets que l’on montre. Au-delà, il importe que l’immobilier ne devienne pas le seul acteur majeur de l’économie urbaine, car ce serait réduire Marseille à ce que l’on a appelé, dans les banlieues, une « cité-dortoir », sans activités.

 

Marseille dans l’économie mondiale recomposée

Pour rendre son dynamisme à son économie, sans doute importe-t-il que la ville retrouve la place qui fut la sienne est qui devrait être celle de tous les ports dans l’économie du monde. C’est que ce que l’on appelé « l’économie-monde », comme Braudel, est devenue à la fois un champ complexe d’une multiplicité d’acteurs et d’activités et un champ plus facilement parcouru par l’amélioration des transports et des circulations, et, de ce fait, ancré davantage dans une forme d’unité : l’économie mondiale n’est plus la rencontre de plusieurs économies, elle a fini par devenir réellement une économie unique, fondée sur une forme de solidarité, d’interdépendance, entre les diverses économies qui peuplent le monde. Au lieu qu’elle ne soit qu’une contrainte et une forme d’aliénation, la mondialisation pourrait, ainsi, devenir une nouvelle chance pour Marseille. Cela peut se situer, notamment, dans trois domaines : la recherche d’un urbanisme portuaire pourrait permettre à des acteurs formés et travaillant à Marseille de mettre à profit l’expérience acquise dans la ville pour jouer un rôle majeur dans l’aménagement d’autres villes de France et du monde, et, ainsi, produire de véritables activités et de véritables richesses pour Marseille ; la production de biens et de services liés au traitement de l’information associé au domaine maritime et au commerce international : à cet égard, il serait important de reprendre le projet initial du Centre méditerranéen de commerce international qui semble en sommeil ; enfin, la naissance et le développement de nouvelles activités encore à inventer, liées à la mondialisation et à la construction d’une nouvelle économie, devraient être des champs de réflexion et d’innovation pour la ville et ses acteurs, en particulier, peut-être, dans l’amélioration des institutions internationales de la solidarité et des politiques sociales.

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