Marseille en 2012 : le chaos contre la crise ?

Billet de blog
par Lagachon
le 8 Mai 2012
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Je passe ces six premiers mois de l’année entre Marseille et Barcelone et je voulais partager un sentiment que j’ai eu en revenant à Marseille après seulement deux mois en Catalogne : l’impression que l’effervescence pré-2013 atténue les effets de la crise.

En arrivant en ville, j’ai retrouvé des chantiers partout : il y a les historiques (Mucem, Rd Point du Prado, Stade Vélodrome, Hôtel Dieu, Rue de la République, la L2…), la tête d’affiche incontournable (le Vieux Port), les cerises culturelles sur le gâteaux 2013 (Odéon, Longchamp, Borely, Palais des Arts), ceux que l’on oublie parce qu’on ne les a pas sous les yeux en permanence (Terrasses du port, Friche Belle de Mai, Euromed Center), et les nouveaux sortis du chapeau comme si tous ceux cités plus haut ne suffisaient pas (Rue de Rome, Boulevard d’Athènes, Quatre Septembre).

Et je me dis : la plupart des responsables devaient penser que Marseille-Provence 2013 se passerait en 2015, qu’ils avaient le temps, que l’on disait 2013 par coquetterie, en référence au Conseil Général (encore de la mégalomanie Guerinienne !). Et j’imagine qu’un stagiaire a du dire fin 2011 : “dites donc tous ces projets qu’on doit faire pour 2013, vous pensez qu’ils seront prêts ? Parce que c’est dans un an 2013 !”

Comme ce con de calendrier grégorien n’a pas prévu une année de 20 mois en 2012, même pas bissextile (encore un complot des Qataris du PSG !), on a commencé à s’affoler un peu… Et quelqu’un a eu l’idée géniale : “pas grave, on va tout faire en même temps ! Ça va être le ouaïlle mais on sera peut-être même prêts à l’heure !”.

On ne mesurera jamais assez l’importance du principal atout de cette ville : l’immunité quasi-biologique des habitants au chaos ! Imaginez que l’on installe en centre-ville une colonie de suisses allemands en ce moment, comme ça, pour la science. Je parie qu’en moins d’une semaine on les retrouve (au choix) flottant dans le Port après s’y être jetés, ou en repli autistique au fond de leur appartement. Qui peut supporter le niveau de bordel qu’atteint Marseille en ce moment si ce n’est les marseillais ? Allez, j’admets, peut-être les habitants de Beyrouth ou ceux de Mexico.

Après cette parenthèse, tout ce bordel ne représente-t-il pas un rempart contre la crise ?

D’un point de vue pratique d’abord, il donne du travail dans la construction, les études, les avocats (les fameux recours), puis chaque structure nouvelle qui ouvre embauche un minimum de monde (reste à savoir s’ils sont toujours adaptés aux besoins de la ville mais c’est un autre débat). Tous ces chantiers offrent un rempart modeste mais réel, chose que l’on ne voit pas à Barcelone : tous les grands projets structurants ont été gelés (par exemple la ligne 9 du métro – oui je sais, ça fait rêver d’imaginer qu’ils en ont déjà 8 – qui est suspendue jusqu’à nouvel ordre).

Mais aussi d’un point de vue psychologique, pour donner une impression de mouvement (Marseille accélère, non ?), créer une dynamique positive, penser que demain sera mieux qu’aujourd’hui (ou que 2013 sera meilleur que 2012). Même si nous n’aimons pas tous le projet retenu pour le Vieux-Port (pas assez piéton, trop cher, et cette putain d’ombrière…), je pense qu’une immense majorité est d’accord pour dire que ce sera mieux quand les travaux seront finis, et même mieux qu’avant les travaux.

Bref, Euroméditerranée et 2013 altèrent notre ville pour le meilleur et pour le pire, mais imaginons un instant comment Marseille pourrait affronter la crise sans ces projets, sans ces travaux mal organisés, sans ce chaos ? J’ai tendance à penser que ce serait pire.

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