Marseille contre Marseille 1
J’ai loué le premier DVD du documentaire « Marseille contre Marseille » au Vidéodrome. L’ensemble compte 7 épisodes couvrant 12 années de politiques marseillaises vues par Michel Samson, également co-auteur du livre « Gouverner Marseille » avec Péraldi, et Jean-Louis Comolli, cinéaste.
Ce premier DVD, intitulé « Marseille de père en fils », s’ouvre sur la mort de Gaston Deferre (1986) et le grand vide qui s’en suivit. On y voit les deux « héritiers » socialistes se déchirer pour devenir calife à la place du feu-grand calife. Michel Pezet dans le rôle d’Œdipe, fils parricide, adoubé par le PS national ; et Robert Vigouroux, fils légitime devenu Maire par intérim et soutenu par Madame veuve Deferre (Edmonde Charles-Roux herself). Face à eux, un Jean-Claude Gaudin fringuant, rassembleur de la droite et qui y croit plus que jamais. Les élections de 1989 confirmeront le triomphe de Vigouroux, avec plus de 40% des suffrages dès le premier tour, et l’existence d’un Defferrisme plus fort que tout.
J’étais trop petit à cette époque pour m’en rappeler (mes premiers souvenirs de grands événements populaires datent de mai 1993 J), ce DVD m’a permis de mieux comprendre un épisode clé de la politique marseillaise et j’en retiens 3 points.
- Gaudin jurait que s’il était battu en 89, il ne chercherait plus à être Maire de Marseille car il aurait compris le message… bon, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, mais sûrement pas quelqu’un qui « n’exclue rien pour 2014 ». Et globalement, je n’ai pas rencontré beaucoup d’inconnu dans ce premier épisode (qui date quand même de 25 ans), en plus de Gaudin, on retrouve déjà Mennucci, Lolo des taxis, Hopvesian, Pezet, San Marco… Ce qui m’a poussé à demander à une copine de l’IEP : « Ce serait constitutionnel de dire que, à Marseille, on limite le nombre de mandats de maire à deux, comme pour le Président ? ». Elle ne sait pas mais a trouvé l’idée bonne, « pour toutes les grandes villes ».
- Le clientélisme est déjà assumé et largement théorisé par la plupart des témoins : je me rappelle de Lolo des taxis tupp et du directeur du Provençal qui expliquent comment ils « travaillaient » avec Deferre : « pendant la campagne, le journal était à lui », « on renvoyait l’ascenseur s’il fallait emmener une vieille dame à voter »… Là encore, rien de nouveau.
- On y voit aussi le triomphe d’une liste marseillaise, indépendante des partis nationaux, et même en rupture avec le PS mais dépositaire d’un héritage politique local. Je le vois comme un signe encourageant pour une liste 100% locale qui voudrait se lancer dans l’aventure en 2014. Car si Gaudin ne se représente pas, nous nous retrouverons dans une configuration similaire.
J’ai prévu de regarder les autres épisodes, donc d’autres billets sont à suivre, sur d’autres moments de l’histoire politique marseillaise, pour toujours essayer de mieux comprendre.
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