LIRE ET ENTENDRE LA VILLE

Billet de blog
le 5 Nov 2022
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LIRE ET ENTENDRE LA VILLE
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LIRE ET ENTENDRE LA VILLE

Les mots du propos qui va suivre ont été glanés au cours de promenades, de déplacements, de visites, dans ce gigantesque complexe urbain qu’est Marseille. Ils n’ont ni date ni lieu précis : ils servent seulement à mieux lire Marseille

Un complexe urbain

Le mot est lâché : « complexe urbain ». Mais de quoi est fait un complexe urbain comme Marseille ? Ce terme désigne une ville qui ne peut se réduire, comme certaines de ces fausses villes de banlieue, à une « cité-dortoir » sans activité, comme on les appelle, ni à une de ces villes artificielles qui se réduisent à des activités agricoles ou industrielles. Non. Un complexe urbain comme Marseille, c’est un monde qui articule des activités et des quartiers de repos ou de loisir, des lieux culturels et du patrimoine qui donne à voir l’histoire de la ville. Un complexe urbain, c’est une ville qui se découvre peu à peu au cours de nos déplacements. Dans un complexe urbain, ce qui fait la ville, c’est la cohue, la foule, les personnes qui se pressent autour des lieux publics et des arrêts de bus et des stations de métro. Ce qui fait la ville, au premier abord, c’est que tout le monde semble passer son temps à se déplacer, à bouger, ensemble : il n’y pas de point fixe dans une ville comme Marseille, on ne s’arrête jamais, car on est sans cesse happé par quelque chose ou par quelqu’un. Un complexe urbain, c’est une ville qui se donne toujours à découvrir, une ville que l’on n’a jamais fini de parcourir, dans l’histoire et dans l’espace. C’est pourquoi la figure du réseau domine la géographie de l’espace urbain. Mais un réseau, c’est aussi une pluralité de « rets », de filets, dans lesquels ceux qui vivent dans la ville se laissent prendre avec les autres.

 

Des rues

Ce réseau est un réseau de rues, qui sont à la fois des voies de circulation et des lignes le long desquels on habite dans les maisons qui s’y dressent, ponctuant les rues de leurs constructions, qui donnent à lire la multiplicité de leurs architectures. Les rues de Marseille sont des rues destinées aux piétons, mais elles peuvent aussi être destinées aux transports publics comme le boulevard Chave, depuis longtemps dévolu à l’emprise du tramway. Elles peuvent enfin être parcourues par les voitures qui polluent l’espace de la ville de leurs bruits incessants et de leurs pollutions de l’air urbain. Mais les rues, ce sont aussi ces lignes jalonnées de commerces et de lieux d’échanges, de lieux de culture et de lieux de loisirs : c’est dans les rues, en les parcourant dans tous les sens que l’on découvre les secrets de la ville où l’on habite. Dans une grande ville comme Marseille, on se perd le long de ces rues, on ne retrouve pas son chemin, et, ainsi, on passe son temps à chercher à découvrir de nouveau la ville que l’on a oubliée et que l’on veut voir de nouveau, pour mieux l’habiter et pour mieux la parcourir.

 

Un monde qui habite la ville

Marseille, c’est un monde : cette ville est habitée par des gens qui viennent de toutes les parties du monde, qui font vivre cette diversité au cœur de l’espace urbain. Une ville comme Marseille n’est ni homogène ni uniforme : tout un monde se retrouve dans cet espace de rues et de places où l’on découvre cette diversité que l’on rencontre au hasard de nos parcours, de nos déplacements. De cette manière, un complexe urbain comme celui que représente Marseille est aussi un espace de rencontres au point que l’on finit par ne plus trop savoir qui l’on est, car notre identité est fondée sur la pluralité des mondes que l’on habite l’un après l’autre au fur et à mesure que l’on découvre cette ville plurielle, multiple, toujours différente, toujours nouvelle, toujours en cours de création et de diversité. Ce monde qui habite Marseille, qui vient du Sud ou du Nord, de l’Est ou de l’Oust, nous rappelle que la ville a toujours été fondée sur la migrance. Toutes les villes ont toujours été établies par des voyageurs, il n’y a pas que Marseille, même si Marseille a peut-être une plus grande expérience que d’autres cités. Après tout, n’oublions pas que, de la même façon que Marseille a été fondée par des marins venus de Grèce, Paris a été fondée par des « nautes » dont on découvre le bateau sur les armoiries de la ville.

Les sons et les scènes de la ville

La foule qui se presse dans la ville, au marché de Noailles, par exemple, ce sont des scènes que l’on peut voir, mais ce sont aussi des sons qui se multiplient, dans des dialogues, dans des cris, dans des bruits de mouvements, dans une pluralité de couleurs qui fait de Marseille une véritable palette. Mais, en même temps, ce qui montre que la ville vit, c’est cette multiplicité de désordres, de confusions dans lesquels on se perd. Les sons et les scènes de la ville font de Marseille un opéra vivant, mais un opéra qui vit grâce à la perte d’harmonie qui l’empêche de se figer dans l’immobilité d’une scène fixe. Peut-être est-ce pour cela que la ville est un espace politique, dans lequel on se retrouve aussi pour défiler, pour manifester, pour protester, pour dire ce que l’on veut faire de la ville en l’habitant et en la faisant vivre et parler toutes ces langues que l’on finit par ne plus reconnaître.

 

L’autre dans la ville

C’est que ce qui fait une ville comme Marseille, c’est l’autre, c’est l’étranger, celui que l’on ne reconnaît pas et que l’on adopte comme un autre habitant qui vit avec nous, dans la même ville que nous. L’histoire de Marseille, mais aussi son présent, sont faits de cette rencontre incessante de l’autre qui nous permet de comprendre qui nous sommes nous-mêmes en nous retrouvant en lui. Peut-être est-ce pour cela que Marseille est une métropole : une ville qui nous fait naître comme une mère. Marseille est une mère-ville, une « merveille » au bord d’une mer qui veille, dans laquelle notre vie est enrichie de la découverte de l’autre, car c’est en rencontrant l’étranger que nous comprenons vraiment qui nous sommes. Dans les rues de Marseille, dans son port, le long de son rivage, nous allons à la rencontre de l’autre pour nus retrouver et, en lisant l’autre dans touts ces langues que nous lisons et que nous entendons pour retrouver notre voix et notre regard.

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