Retour sur une rencontre

L’IDENTITÉ ET LA RESPONSABILITÉ DES JOURNALISTES

Billet de blog
le 26 Nov 2016
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Aujourd’hui, ne vais parler d’une rencontre : il s’agit d’un colloque qui a eu lieu à l’Hôtel du Département, à Saint-Just, sur l’engagement et le responsabilité des journalistes. J’ai deux raisons d’évoquer cette rencontre. La première est qu’il s’agissait d’une manifestation qui avait lieu à Marseille et que le fondateur de Marsactu, P. Boucaud, y est intervenu. La deuxième est qu’il est important, pour Marsactu de prendre le temps de réfléchir, avec un recul un peu critique, sur ce qu’est un journaliste et sur ce qu’est son rôle dans la société.

Le choix des informations

L’information consiste à inscrire dans des mots – et, éventuellement, dans des images – des représentations des événements qui se produisent dans une société et des évolutions qu’elle peut connaître, afin de leur donner des significations et de faire apparaître, pour les lecteurs de l’information, la multiplicité des significations que cette information peut avoir. En ce sens, le premier travail du journaliste est de choisir : il faut trier dans l’accumulation des faits et des événements qui se sont produits dans l’espace dans lequel il vit et travaille – en l’occurrence l’espace marseillais – les faits qu’il choisit de traiter, dont il choisit de parler à ses lecteurs, car on ne peut pas parler de tout. Sans doute est-ce là que se situe la première responsabilité des journalistes, car, pour qu’une information ait du sens, il faut, d’abord, qu’elle ne soit pas noyée sous un déluge d’autres informations. C’est ainsi, par exemple, que P. Boucaud, au cours de la rencontre dont je parle, a expliqué que Marsactu avait fait le choix de ne pas parler de faits divers, de ces petites informations qui confondent, dans une sorte de voyeurisme ou d’exhibitionnisme (les deux versants de la même tendance), la vie privée et la vie publique, et de ne pas faire de publicité au Front national, en décidant de ne pas lui accorder une trop grande place, d’autant plus qu’il est bien assez présent comme cela à Marseille. C’est donc le choix des informations qui est la première responsabilité. Il s’agit d’une forme de censure, n’ayons pas peur des mots, mais n’oublions pas que, pour Freud, la première des obligations de l’inconscient est, justement, de construire la frontière  du refoulement entre ce dont nous parlons, ce que nous voyons et savons, et ce que nous méconnaissons. Le choix des informations est aussi une façon de construire l’identité d’un journal, car il repose sur la connaissance qu’il peut avoir de ce qui peut intéresser ses lecteurs, ce qui est une façon pour lui de connaître ses lecteurs, et, éventuellement, de peser sur leurs intérêts en contribuant, par ces choix, à les orienter.

L’énonciation du discours

Mais l’identité d’un journal, comme celle d’une personne, s’exprime surtout dans le discours qu’il tient, dans sa façon d’énoncer l’information. Cela passe par le choix des mots, par le choix de la présentation du journal, mais cela passe aussi par la façon dont le journaliste va mettre en scène l’information en particulier en l’ordonnant selon une certaine hiérarchie et selon un certain ordre. C’est ainsi que, même dans un site Internet comme celui de Marsactu, les informations sont données dans un certain ordre, et, surtout, sont énoncées dans un certain langage. Au fil du temps, de plus, un journal et ses journalistes finissent par avoir une certaine façon de s’exprimer, d’énoncer l’information, finissent par se construire une certaine langue, caractéristique d’un journal comme la langue qu’il parle témoigne de l’identité de quelqu’un qui s’exprime. C’est cette langue qui construit l’identité du journal, à côté de ses engagements, de ses choix, de ses orientations.

Les orientations du journal

Ce que l’on appelle les orientations d’un journal, c’est ce que l’on peut appeler son identité sociale, son identité politique, l’identité qui lui est reconnue dans l’espace public, en particulier en le distinguant des autres journaux. Ces orientations ne sont pas seulement des orientations et des choix politiques : ce sont aussi des orientations et des choix en matière de culture, en matière de pratiques sociales, en matière aussi de façons d’aménager la ville et de la faire vivre. Les orientations du journal, celles que ses lecteurs ont l’habitude de retrouver et dont ils finissent par attendre les expressions quand ils ouvrent le journal ou quand ils commencent à le lire quand il s’agit, comme Marsactu, d’un journal publié sur Internet, c’est finalement ce qui définit son identité, que l’on retrouve aussi bien dans les positions qu’il peut être amené à prendre sur certains sujets qui l’incitent à s’engager et à faire connaître son engagement, que dans les mots qu’il choisit d’utiliser ou dans les images qu’il choisit de mettre en avant plutôt que d’autres. Marsactu, c’est, ainsi, un certain Marseille qui s’offre à ses lecteurs, qui peut être différent du leur comme lui être semblable, qui, en tous les cas, s’offre à eux comme l’identité d’un ami.

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