Sylvabelle 1 Le monde d’avant s’éloigne

Billet de blog
le 20 Mar 2020
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Sylvabelle  1  Le monde d’avant s’éloigne
Sylvabelle 1 Le monde d’avant s’éloigne

Sylvabelle 1 Le monde d’avant s’éloigne

 

Le monde d’avant s’éloigne

Mercredi 18 mars 2020, c’est le premier jour du confinement général et je regarde ce qui vient de se passer avec étonnement.

En fait, le Covid-19 n’est véritablement entré dans ma vie que jeudi dernier 12 mars. Avant, c’était une information plutôt lointaine qui ne faisait pas partie de mes préoccupations personnelles et dont j’analysais avec détachement la diffusion, essentiellement médiatique.

J’étais beaucoup plus concernée et intéressée par les élections municipales et la vie marseillaise que par ce lointain virus qui ne me semblait pas plus inquiétant que celui de la grippe. Mon sentiment était qu’on en faisait beaucoup pour une épidémie, somme toute peu exceptionnelle.

Il y a moins d’une semaine, la progression du Coronavirus était une information qui me paraissait relever davantage de l’agitation médiatique que de la réalité locale.

Mercredi 11, il se trouve que j’avais un rendez-vous à l’hôpital de la Conception pour un contrôle de santé. Absolument rien de spécial ne se passait à l’hôpital sinon que, lorsque j’attendais, j’ai entendu une infirmière dire à une autre qu’on lui avait demandé de compter les draps à usage unique et qu’elle le faisait sans en voir la nécessité véritable.

Jeudi, je suis allée à la clinique Bouchard pour la suite de mes soins. Rien de particulier ne m’a frappée sinon une réserve sur des reports qui pouvaient arriver dans les jours prochains. J’ai vaqué ensuite à mes occupations habituelles, j’ai fait des courses, discuté avec des vendeurs dans des magasins, etc… Rien n’était différent d’avant.

Sinon qu’on annonçait une allocution du président de la République pour 20h.

C’est ce premier moment qui m’a fait prendre conscience qu’on entrait dans une crise sanitaire grave et bien réelle, qui allait nous concerner ici et maintenant. Les premières recommandations présidentielles sont restées relativement modérées. L’annonce est faite du début de l’épidémie, de son inéluctable propagation et des difficultés à venir. En fait, ce qui me frappe, c’est la fermeture des institutions scolaires. Tout le reste du discours est de bon sens plus que véritablement nouveau. Il y a une accentuation des précautions mais rien encore qui soit vraiment contraignant.

D’ailleurs, le lendemain, je pars me balader dans les collines comme j’avais prévu de le faire et sans envisager quoi que ce soit de particulier. Nous sommes le vendredi 13 mars. Il fait beau. J’envisage de rester déjeuner à la campagne et je m’arrête dans un supermarché de Roquevaire pour acheter de quoi déjeuner. Là, j’ai ma première surprise : à 10h, le magasin est plein de gens qui remplissent des cadis de pâtes dont la vente est déjà limitée à 3kg par personne, de papier hygiénique, de boîtes de conserve, etc. On est plusieurs à n’avoir que le nécessaire pour la journée et on s’étonne de ce comportement massif de précaution. Il y a beaucoup de remarques sur la psychose du manque et je n’y vois pour ma part que le caractère moutonnier et peu civil de la population générale. On apprend cependant que les manifestations contre le réchauffement climatique devraient être annulées mais tout cela reste vague.

Le soir, les médias commencent à changer de ton à propos des élections municipales. Elles sont maintenues, comme semblent l’avoir demandé de nombreux élus mais des précautions y sont associées. Le coronavirus est toujours présenté dans sa phase d’entrée en France et on décompte des malades en nombre très limité. La tension monte mais, pour ce qui me concerne, j’attribue cette agitation à ces pratiques médiatiques détestables de vouloir faire le buzz et le scoop avant la concurrence. D’ailleurs, le lendemain, samedi 14 mars, je vais faire mes courses hebdomadaires tout à fait comme d’habitude. Il y a du monde lorsque j’arrive vers 10h mais aucune précaution vraiment particulière. Les queues aux caisses sont longues mais serrées. Dans ce magasin des quartiers Sud, les cadis ne sont pas très différents des autres jours. La logique de réserve des habitants de Roquevaire n’a pas encore touché la population de ce quartier de Marseille. Par contre, changement brusque de régime vers 10h30 – 11h, alors que je suis encore dans la queue d’une caisse, la direction du magasin décide de ne plus laisser entrer les gens dans le magasin qu’en fonction de la place à partager. Des agents de sécurité tiennent la porte et organisent une queue extérieure avec distance de sécurité entre les personnes. Je m’en aperçois en sortant du magasin et je commence à me demander si tout cela va durer. Une atmosphère mi-figue, mi-raisin s’installe. Les choses changent un peu (des queues, moins de voitures) mais pas vraiment. D’ailleurs, j’avais programmé une balade urbaine dans les quartiers Nord avec un groupe et je m’y rends à 14h. Nous sommes une bonne trentaine à suivre nos guides sans aucune précaution. Nous parlons urbanisme et qualité des politiques publiques marseillaises tout l’après midi en traversant Bougainville, Les Crottes, Smartseille, le marché aux puces, la Cabucelle où nous prenons un pot de l’amitié tous ensemble vers 17h. Le groupe est plutôt militant et nous nous interrogeons sur le sens des mesures de lutte contre le COVID-19. Nous envisageons, sans vraiment y croire, qu’un confinement peut être décidé la semaine suivante mais nous essayons davantage d’analyser les implications socio-politiques de cet évènement que sanitaires.

Le premier ministre parle le soir mais le propos reste incertain. Les établissements recevant du public seront fermés (bars, discothèque, salles de spectacle…) et les déplacements limités. Les élections ne sont pas annulées.

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