Samedi 31 juillet 2021

L’argent coule à flot

Billet de blog
le 1 Août 2021
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La délégation française a obtenu six médailles ce samedi, dont quatre d’argent, souvent dans des épreuves qui apparaissaient au programme olympique. Du coup, les retransmissions TV ont papillonné partout, et négligé quelques rendez-vous attendus.    

Etrange journée pour un vieil observateur des quinzaines olympiques. Depuis plusieurs années, pour économiser ses forces, et reposer ses oreilles, l’habitude a été prise de couper le son de la TV autant que possible. Mais durant ce samedi, les médailles sont souvent arrivées dans des formats inattendus, et ce silence complique la compréhension des événements. Le rétablissement du bavardage ne résout pas souvent le problème, car les commentateurs ne sont pas beaucoup mieux informés du déroulement des opérations.

Durant la retransmission de l’ultime régate masculine de planche à voile, on a ainsi été surpris de voir disparaître d’un coup le Français Thomas Goyard, puis de l’apercevoir furtivement sur un engin immobile. Il ne s’était pas noyé et les explications sont apparues par la suite : avec deux autres concurrents, il avait été disqualifié pour départ anticipé. Mais l’ordre d’arrivée de la régate n’a pas modifié le classement général, ce qui lui a assuré la deuxième place.

Dans la perspective des JO 2024, où Marseille accueillera ces compétitions de voile, l’amélioration des prises de vues est très satisfaisante, et l’apparition de trucages techniques permet désormais de mieux suivre les positions respectives des embarcations. Ce qui n’est pas du luxe ! Quelques épreuves ont même profité de l’installation de caméras de bord, qui placent le spectateur au cœur de la bataille navale.

Charline Picon, championne olympique en titre, a obtenu cette fois la médaille d’argent sur sa planche. Elle ne pourra pas envisager de récidiver à Marseille, puisque la planche a adopté un nouveau modèle, perché sur des ailerons. Ce standard exigerait d’elle des qualités différentes, et elle envisage de participer à une autre épreuve olympique de voile, en équipage cette fois. La discipline s’est engagée résolument dans la multiplication des épreuves mixtes, ce dont il faut la féliciter.

Au petit matin tokyoïte, c’est-à-dire en pleine nuit dans l’Hexagone, la nouvelle épreuve du relais mixte en triathlon a permis à la France -et surtout à ses quatre représentant(e)s !- d’obtenir la première médaille (de bronze) dans la discipline, qui était espérée depuis longtemps.

Deux autres médailles d’argent sont venues récompenser les Françaises, qui alimentent mieux le compteur que les garçons, au sabre par équipes et, autre apparition dans le programme, au rugby à VII. Ce nouveau sport olympique n’a pas grand-chose à voir avec le rugby à XV, surtout chez les femmes, sinon la forme du ballon et la taille du terrain. Il est ponctué de courses incessantes et de chocs plutôt rares, et privilégie par conséquent la rapidité et la résistance. Bien que battues nettement par les Néo-Zélandaises en finale, les joueuses françaises s’y sont rapidement adaptées, mieux que leurs traditionnelles rivales anglaises.

L’innovation la plus fracassante de la journée était tout de même la compétition de judo par équipes mixtes, qui a opposé en finale les deux nations qui dominent la discipline : le Japon et la France. Et grande surprise, les Tricolores ont dominé nettement (4-1) les inventeurs du judo, qui les accueillaient au Budokan, temple de la discipline. Les Nippons auront l’occasion de rendre la pareille aux Français dans trois ans, mais ils ont pris un temps de retard. Les succès obtenus par la joyeuse troupe autour de Teddy Riner vient couronner une semaine où les Français ont obtenu huit médailles, et ternir un peu le palmarès époustouflant des Japonais, en dépit de leurs neuf titres. Au décompte traditionnel des médailles, le Kosovo était classé devant la France grâce à ses deux titres individuels. Mais ce petit pays n’a pas encore assez de champions pour participer à la compétition par équipes.

Teddy Riner n’a pas fait la fine bouche sur ce troisième titre, même s’il l’aurait volontiers échangée contre celui des plus de 100 kg. Avec trois médailles d’or et deux de bronze, Il devient le 7e sportif français parmi les plus souvent médaillés aux JO d’été. S’il gagnait deux nouvelles médailles à Paris, il rejoindrait l’escrimeur Lucien Gaudin, qui en avait gagné sept au début du XXe siècle. Et s’il obtient deux titres supplémentaires, il deviendra le Français le plus titré aux JO d’été, tous sports confondus.

A la fin de la première semaine, la délégation olympique française a obtenu l’argent à neuf reprises, soit pratiquement la moitié de ses 19 médailles. On se gardera néanmoins d’affirmer que notre pays ne sait plus gagner. Cela pourrait être plus préoccupant ; dans le même temps, l’Allemagne a touché dix fois du bronze sur ses 17 médailles, et l’Italie compte 13 troisièmes places sur ses 23 podiums.

A l’inverse, le Japon compte 17 médailles d’or sur un total de 30 podiums. Il va sans doute moins souvent gagner puisque les épreuves de judo sont terminées. Mais bon, ce qui est pris est pris, et le pays du Soleil levant a d’ores et déjà réussi ses Jeux sur le plan des résultats.

Le zapping frénétique de la télévision française lors de cette journée faste en médailles a empêché le spectateur de savourer comme il l’aurait souhaité l’épreuve du 100 m féminin, premier rendez-vous majeur de la semaine consacrée au sport roi de l’olympisme.

La Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser (34 ans) a manqué son objectif :  obtenir une troisième médaille d’or sur la distance, ce qui lui aurait permis d’égaler son compatriote Usain Bolt. Déjà titrée à Rio, l’autre star du sprint national, Elaine Thomson, a devancé « Mommy Rocket » en fin de course dans un temps canon (10 s 61), et la troisième Jamaïcaine engagée, Shericka Jackson. Il ne s’agissait pas du premier triplé dans l’épreuve, déjà réalisé par la Jamaïque à Pékin en 2008, mais avec six femmes sous les 11 secondes, la finale de Tokyo est la plus rapide de l’histoire.

Fraser prolonge tout de même le fil d’une carrière longue et étincelante au sommet du sprint mondial. Tout en étant une personnalité aux engagements courageux et respectables, notamment en faveur des jeunes filles issues comme elle d’un quartier misérable. Personne d’autre n’a obtenu quatre médailles olympiques consécutives sur 100 m, et elles s’ajoutent à quatre titres mondiaux. Ce petit bout (1,52 m) de talent pur mérite amplement qu’on la salue bien bas.

VIGNETTES

¤ La France n’a pas été capable d’engager une équipe dans le nouveau 4 x 400 m mixte d’athlétisme. La Pologne, qui s’obstine avec succès à cultiver l’art des relais malgré une disette de talents équivalente, s’est imposée dans cette première édition.

¤ Les handballeuses françaises continuent de se punir elles-mêmes, sans que leurs adversaires n’interviennent. Elles ont perdu un nouveau match d’un seul but, contre la Russie, après avoir manqué le pénalty qui leur aurait donné la victoire contre la Suède. Elles étaient en argent à Rio.

¤ L’Américain Caleb Dressel, nouvel ogre annoncé de la natation, a produit son premier effort impressionnant en s’imposant dans le 100 papillon, avec un record du monde à la clé (49 s 85).

¤ Un Turc, Mete Gazoz, est champion olympique de tir à l’arc. Moins surprenant, Belinda Bencic a apporté à la Suisse un nouveau succès en tennis. L’Ukrainienne Elina Svitolina, qui a annoncé son mariage avec le Français Gaël Monfils, a obtenu le bronze. Sous quelles couleurs jouera-t-elle à Paris dans trois ans ?

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