LA SPEM EN DIFFICULTÉ, LA VILLE REPREND À SES FRAIS

Billet de blog
le 11 Nov 2025
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LA SPEM EN DIFFICULTÉ, LA VILLE REPREND À SES FRAIS
LA SPEM EN DIFFICULTÉ, LA VILLE REPREND À SES FRAIS

LA SPEM EN DIFFICULTÉ, LA VILLE REPREND À SES FRAIS

Le 3 octobre 2025, le Conseil municipal de Marseille a voté un nouveau marché de partenariat avec la Société Publique des Écoles Marseillaises (SPEM).

Officiellement, il s’agit d’une « novation » : un terme juridique qui signifie que l’on remplace un contrat par un autre, en effaçant le précédent. En clair : le contrat annulé en première instance par le tribunal administratif, et rétabli en appel pour un délai dépassé dans la procédure, est purement et simplement réécrit, légitimant ainsi ce que nous réclamons depuis le début de cette affaire à savoir enlever à la SPEM cette obligation de réaliser l’entretien et la maintenance du patrimoine qui lui est confié.

Derrière ce mot technique, un véritable tour de passe-passe juridique. Le risque contentieux est donc balayé, le passé effacé, même si la Ville repart tout de même pour 30 ans d’engagements financiers dignes d’un partenariat public-privé.


Un contrat toujours plus lourd et plus coûteux

Ce nouveau marché concerne à cette heure 31 écoles :

– 10 déjà incluses dans les contrats précédents,
– 2 ajoutées,
– et 19 en option.

Nous lisons que le coût global de l’opération est estimé à 226 millions d’euros HT, financés par emprunt via la SPEM, garanti par l’État. La Ville remboursera sur trois décennies, par des redevances annuelles couvrant capital, intérêts et frais de gestion.

Un chiffre en dit long : les 10 millions d’euros prévus pour cinq années de maintenance sur 11 écoles neuves confiées à des entreprises via la SPEM dans le cadre de ces marchés de travaux passés en MGP (Marchés Globaux de Performance).

Avec ce même budget, et pour le même périmètre, la régie municipale pourrait entretenir plus de 70 écoles anciennes.

Voilà tout le problème : l’argent public ne renforce pas les moyens municipaux, il alimente des rentes privées.

Une victoire tout de meme

Lors de la création de la SPEM en 2022, la Ville et l’État prévoyaient un budget de 300 millions d’euros pour l’entretien et la maintenance des 184 écoles – soit une centaine de groupes scolaires – qui devaient lui être confiées. Dès le départ, nous nous sommes opposés à ce modèle de partenariat imposé. Nos alertes et recours n’ont pas été vains : ce budget a depuis été largement revu à la baisse, et les contrats de type MGP ne sont plus systématiques. Même si nous regrettons qu’une partie de l’Assemblée Nationale ait voté des amendements au code l’Urbanisme (Article L327-3), voir notre mini site : https://l327-3.ovh/, autorisant ainsi les SPLA-IN à faire de l’entretien et de la maintenance.

Extrait du projet de loi (scrutin public https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/scrutins/3056) :


La SPEM déjà en difficulté

Depuis la création de la SPEM, nous alertons sur un un autre sujet : sur le risque opérationnel lié à sa capacité à suivre le rythme soutenu des projets de reconstruction et de réhabilitation des 184 écoles qui lui ont été confiées et ce avec les moyens décidés par la ville et l’Etat. Ce risque est amplifié par le choix de la Ville de traiter chaque projet séparément, sans vision globale, sans rationalisation des operations. Les faits nous donnent raison : à l’aube de la « vague n°4 », dont l’ampleur équivaut à celle des trois précédentes réunies, les difficultés de la SPEM se confirment.

L’été dernier, au Conseil municipal de juillet 2025, plusieurs écoles initialement confiées à la SPEM ont dû être reprises en régie directe par la Ville — en partie financées par l’ANRU.

Motif : la SPEM n’arrivait pas à tenir les délais.

Cet aveu est lourd de sens. L’opérateur censé incarner l’efficacité montre ses limites, et pourtant, la Ville lui confie la “vague 4” du Plan Écoles : près de 40 nouvelles écoles à piloter avec des moyens constants.

Nous le répétons, comment absorber une telle charge sans planification ni rationalisation des coûts ?

Tout laisse craindre une catastrophe industrielle qui pèsera durablement sur les finances publiques de la ville et retardera la livraison des écoles promises aux Marseillais.


Et, pour couronner le tout, un rabot budgétaire

Autre absurdité : pour reprendre ces écoles en maîtrise d’ouvrage directe, la Ville a diminué d’autant ses autorisations de programme. Autrement dit : pas un euro de plus pour compenser les défaillances de la SPEM et financer ces nouveaux travaux.

Résultat : les 34 millions d’euros initialement prévus pour être dépensés par la SPEM le seront désormais par la Ville, à budget constant.

Le service public paie deux fois : d’abord la défaillance du montage, puis le manque de moyens pour faire mieux.


Un choix politique assumé : le libéralisme municipal

Il faut nommer les choses : ce montage n’est pas une politique d’intérêt général, mais une politique libérale.
L’argent du contribuable marseillais circule dans des structures intermédiaires et des contrats privés, au lieu de renforcer les services municipaux et la maîtrise d’ouvrage publique.

Et lorsque ces opérateurs défaillent, c’est encore la Ville qui paie.

Nous continuerons à le dénoncer.

Parce que derrière les artifices juridiques et financiers, ce sont les enfants marseillais, leurs familles et l’école publique qui subissent et subiront les retards, les surcoûts et les renoncements.

Et parce qu’au bout du compte, c’est le service public lui-même qui s’en trouve affaibli.

Bref… Nous voulions simplement des écoles à taille humaine, proches des familles, et des agents municipaux pour les entretenir au quotidien. Nous héritons d’établissements géants de trente classes, aux périmètres scolaires étendus (donc plus de trajets pour les enfants et leurs parents), tous différents les uns des autres, parfois, souvent avec des cours d’école perchées à l’étage pour les elementaires. Et pour couronner le tout, l’entretien courant est parfois confié à des entreprises privées, du remplacement d’une ampoule à la plomberie… Une vision qui rappelle tristement le projet de SEMOP des deux aquasplasch Nord et Luminy, dont plus personne ne semble avoir de nouvelles.

A suivre….

Le Collectif des écoles de Marseille (le CeM)

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