LA RIGUEUR ET LE CONSERVATISME
À propos du budget 2021 de la métropole
B Gilles et J. Vinzent ont proposé, dans « Marsactu » du 18 décembre, une présentation du budget de la métropole pour 2021. Sans surprise, on peut y voir un budget conservateur, au sens propre de ce terme, c’est-à-dire un budget engagé dans le maintien des logiques existantes.
Le déni de la crise
Ce qui frappe, d’abord, dans ce budget, est une forme de déni de la crise que nous vivons. Alors que les institutions, la métropole comme les autres, devraient être là pour aider les habitants à surmonter l’épreuve du coronavirus et organiser une vie de la collectivité de nature à faire face à cette crise, le budget de 2021, les dépenses d’équipement sont en baisse, selon les propres termes de M. Vassal. La seule dimension de ce budget qui témoigne des incidences de la pandémie est la « rigueur » budgétaire, c’est-à-dire la faiblesse de ce budget, alors que précisément, le rôle des institutions comme la métropole est de permettre aux habitants qu’elle gouverne de pouvoir pleinement vivre dans une période de crise. En ce sens, ce budget manifeste un véritable déni des tensions liées dans la métropole à la pandémie et à ses incidences sociales, notamment dans le domaine de l’emploi et de la vie des entreprises. Par ailleurs, ce budget témoigne d’un autre déni : celui des exigences liées aux incidences du dérèglement climatique, auquel la métropole semble ne pas vouloir faire face. Dans ce déni des différents aspects de la crise que nous vivons, la métropole exprime, dans ce budget, une forme de conservatisme : celui du maintien des logiques politiques anciennes en dépit de l’évolution de l’actualité et des exigences du présent. Ce que la métropole entend ne pas voir en préparant un tel budget, c’est sa confrontation à la violence des crises et aux difficultés que connaissent les habitantes et les habitants face à elle.
Une absence d’investissements
On observe, dans ce budget, une réduction de la politique d’investissements, ces derniers étant les plus faibles des cinq dernières années. Il s’agit, ainsi, d’un budget de temps court, et non d’un budget de temps long, d’un budget de prévision ; il s’agit d’un budget pour le temps court, et non d’un budget pou l’avenir. La métropole fait, ainsi, le choix de tenter de répondre aux exigences du présent, au lieu de se donner les moyens d’une prévision du futur, alors que le propre d’un budget est de prévoir une évolution de l’économie dans le temps long. Même si un budget est prévu pour l’année à venir, il doit, dans une bonne rationalité politique, se situer dans l’articulation du présent et du futur. C’est, en particulier, dans le domaine des transports que l’on peut pointer une absence d’investissements dans le temps long. Une fois de plus, la question des transports et des déplacements distingue un budget conservateur et un budget que l’on pourrait qualifier de progressiste. En effet, en faisant le choix de peu investir dans le domaine des transports, la métropole privilégie l’usage des voitures particulières dans les déplacements, ce qui renforce une forme de repli sur soi des habitants de la métropole et accentue les inégalités.
L’inégalité entre les territoires
C’est qu’une autre caractéristique du budget de la métropole pour 2021 est l’inégalité entre les territoires qui la composent. Cette inégalité se manifeste de deux façons. D’abord, comme on vient de le dire, alors que l’organisation de transports en commun efficaces, bien répartis et bien organisés devrait assurer l’égalité entre les territoires de la métropole, la faiblesse des investissements dans ce domaine accentue l’inégalité entre les territoires dans la liaison des uns avec les autres. Par ailleurs, plusieurs élus ont souligné le déséquilibre budgétaire entre la grande ville, Marseille, et les autres territoires de la métropole comme les pays d’Aix. C’est ainsi que, si le pays d’Aix reçoit plus de budget d’investissement que la ville-centre, alors qu’il y a plus de deux fois plus d’habitants à Marseille que dans le pays d’Aix. Une telle inégalité, qui est significative de l’orientation politique de la métropole, est de nature, par ailleurs, à engager des crises urbaines majeures et, ainsi, à éveiller des tensions sociales préjudiciables pour la métropole elle-même. Dans ces conditions, l’inégalité entre les territoires fait apparaître une véritable méconnaissance – ou une forme de déni – de la métropole à l’égard de la dimension sociale de son rôle. Cette inégalité entre les territoires engage une inégalité entre les habitants de la métropole. Finalement, on peut se demander quel est le rôle que s’assigne la métropole en élaborant un tel budget.
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