LA PRÉCARITÉ N’EST PAS UN MÉTIER : 350 € PAR MOIS POUR SURVEILLER NOS ENFANTS 💶👶👦👧👀💢

Billet de blog
le 17 Sep 2025
0
LA PRÉCARITÉ N’EST PAS UN MÉTIER : 350 € PAR MOIS POUR SURVEILLER NOS ENFANTS 💶👶👦👧👀💢
LA PRÉCARITÉ N’EST PAS UN MÉTIER : 350 € PAR MOIS POUR SURVEILLER NOS ENFANTS 💶👶👦👧👀💢

LA PRÉCARITÉ N’EST PAS UN MÉTIER : 350 € PAR MOIS POUR SURVEILLER NOS ENFANTS 💶👶👦👧👀💢

By the Collectif des écoles de Marseille (le CeM, prononcez le seum, parce que …)

La pause méridienne est un temps central de la vie scolaire. Pour plus de 40 000 enfants marseillais, c’est bien plus qu’un simple repas : c’est un moment de détente, de socialisation, parfois de découverte. C’est aussi un temps où la responsabilité des adultes encadrants est lourde : sécurité dans la cour, surveillance des repas, prévention des conflits ou des accidents, inclusion scolaire, lutte contre le harcèlement.

Pour organiser la pause méridienne, une ville a deux grandes options : soit elle la considère comme un simple temps de surveillance (comme à Marseille, assuré par des agents municipaux), sans véritable cadre éducatif ni normes d’encadrement, ce qui coûte le moins cher ; soit elle l’intègre dans un Accueil Collectif de Mineurs (ACM), ce qui implique un projet éducatif, des animateurs qualifiés, des ratios réglementaires (1 adulte pour 14 enfants en maternelle, 1 pour 18 en élémentaire), une déclaration auprès de l’État et des financements de la CAF. Mais cela suppose d’investir davantage et d’organiser la pause comme un vrai temps éducatif, avec des activités et une filière professionnelle structurée.

Marseille, depuis toujours, a choisi la première option : la pause méridienne est considérée comme un temps de surveillance. Elle repose sur une organisation éclatée et une myriade de statuts, dont le dénominateur commun est la précarité. La nouvelle majorité a malheureusement choisi de prolonger ce système.

Avec un soupçons d’ACM au milieu de tout ça : uniquement dans les écoles élémentaires, la Ville a ajouté deux à trois animateurs, qui réalisent chacun deux temps d’animation de 40 minutes en ACM (un seul animateur peut donc encadrer 18 enfants au maximum par atelier).

Source : Cahier des Clauses Techniques Particulières du marché 23_2983 – Prestations d’accueil et d’animation périscolaires dans les écoles maternelles et élémentaires publiques de la Ville de Marseille – relance 

Faute de personnel suffisant et malgré ces deux ou trois animateurs en ACM, la majorité actuelle continue, comme la précédente, à recruter en masse des contrats précaires pour limiter la casse sur le taux d’encadrement.

L’ancienne municipalité les appelait les ASIC (Agents de Surveillance Interclasse Cantine) : contrats précaires de 10 h par semaine, avec toutefois le repas de midi offert. La nouvelle majorité affirme que les ASIC n’existent plus. Certes. Mais elle a créé des AAPM (Agents d’Accompagnement de la Pause Méridienne). Et là, c’est une continuité : des contrats de 8 h par semaine, sans repas, 350 € nets par mois, déplaçable selon les besoins du service. Pour cette rentrée, 390 postes ont été créés : 390 personnes pour encadrer la pause méridienne à 350 € nets mensuels.

 

 

Annonce Agents de Surveillance Interclasse Cantine ASIC (version 2018)

Annonce Agent Accompagnateur de Pause Méridienne AAPM (version 2025) :

Des taux d’encadrement trompeurs

Deuxième sujet : le taux d’encadrement, c’est-à-dire le nombre d’enfants encadrés par un adulte. Historiquement, sous l’ancienne majorité, on parlait de 1 adulte pour 50 enfants en élémentaire, et 1 pour 25 en maternelle. En cas de tension ou d’absence, cela montait à 1 pour 60 et 1 pour 30 respectivement.

Aujourd’hui, la majorité annonce un taux de 1 pour 20 en élémentaire ! Mais aucune explication, aucun calcul détaillé n’est fourni. Dans les écoles, parents et agents rient jaune.

Car la réalité est bien différente.

Quelques précisions, dans une école publique marseillaise, on retrouve :

– La responsable cantinière, cheffe d’équipe des agents municipaux ;

– L’aide-cantinière, si elle existe ;

– Les agents d’entretien, mobilisés aussi pour la surveillance ;

– Les animateurs : deux ou trois par école élémentaire, chargés d’organiser deux ateliers de 40 minutes chacun pour des groupes de 18 enfants (aucun animateur en maternelle) ;

– Les AESH (Accompagnateurs d’Enfants en Situation de Handicap), qui soutiennent les élèves dans leurs apprentissages et leur autonomie ; un à quatre enfants spécifiquement (les AESH cantine de l’Éducation Nationale n’ont pas le repas (Sodexo ou Elior) fourni par la ville, ce serait un minimum…)

– Et enfin, les nouveaux AAPM : 8 h par semaine, 350 € nets mensuels, sans repas.

Comment, avec cette organisation, peut-on prétendre atteindre un taux de 1 adulte pour 20 enfants ?

Surtout quand on sait que les dix minutes les plus critiques de la pause méridienne sont entre 13h20 et 13h30 : la cantine est finie, tous les enfants sont dans la cour, ceux qui déjeunent à la maison reviennent, et les ateliers d’animation sont terminés.

À 13h20, la responsabilité de la surveillance repose sur alors les enseignants. Mais ceux-ci ne sont pas toujours présents au complet à ce moment-là. Or, c’est précisément l’instant critique de la pause méridienne : tous les enfants sont regroupés dans la cour, y compris ceux qui reviennent de déjeuner à la maison. Avec un effectif maximal et un encadrement réduit, les risques d’incidents ou d’accidents augmentent fortement sur ces 10 dix minutes fatidiques.

C’est à ce moment que les incidents et accidents explosent. Annoncer un taux idéaliste de 1/20 n’a aucun sens. Pour une école de 240 élèves, cela supposerait 12 adultes présents. La réalité est bien plus faible.

Nous exigeons que la Ville publie son mode de calcul, école par école, et non des moyennes invérifiables.

Une logique de réduction des moyens

La situation est si dégradée que la Ville aurait même changé les règles pour l’accueil du soir. Le nombre d’animateurs n’est plus calculé en fonction des enfants inscrits, mais sur un estimatif de fréquentation fourni par les équipes. Conséquence : en moyenne, un animateur de moins par école. Or ce « supplément » était bien utile pour pallier une absence ou une surcharge. Qui porte la responsabilité de ce retrait ? La Ville ? Les associations gestionnaires ? Cette décision fragilise encore plus les conditions de travail et d’encadrement et pose de sérieuses questions sur la sécurité.

Les centres sociaux laissés de côté

On aurait pu imaginer une articulation forte avec les centres sociaux, gérés par les associations d’éducation populaire, piliers du maillage éducatif des quartiers. Ces structures, reconnues par l’État, la CAF, le Département et la Ville, auraient pu devenir des partenaires naturels du périscolaire.

Au lieu de cela, la Ville les finance désormais par des appels à projets annuels, plutôt que par des conventions pluriannuelles stables. Et surtout, elle n’a pas relié leurs actions au périscolaire, alors même que ce sont souvent les mêmes associations qui portent les deux. On juxtapose, au lieu d’articuler.

Un PEDT hors-sol

En 2022, Marseille a adopté un Projet Éducatif de Territoire (PEDT) de 150 pages. Gouvernance, dispositifs, actions : tout y est détaillé. Sauf l’essentiel. Pas une seule fois les mot « Méditerranée », « Calanque », « Provence »  n’apparaissent, le mot « mer » apparaît deux fois. Comment bâtir un projet éducatif local en niant l’identité géographique, historique et culturelle de la ville ?

Lien vers le PEDT.

Le PEDT prévoit bien un grand nombre d’actions mais la majorité sont déconnectées des réalités culturelles et sociales marseillaises. C’est un document conforme au cadre national, mais qui ne valorise pas la singularité de Marseille. C’est dommage.

Pour une vraie filière municipale d’animation

Nous demandons depuis longtemps une filière municipale d’animation et de formation d’animateurs, regroupant la pause méridienne, le périscolaire du soir et le soutien scolaire (nous rappelons que les études surveillées ne sont pas des dispositifs de soutien scolaire). Une telle filière permettrait de créer des postes à temps plein, stables, attractifs et qualifiés, avec de vraies perspectives de carrière.

Cela aurait dû être la rupture claire avec les années Gaudin. Cela aurait été cohérent avec les ambitions affichées par la Ville.

Aujourd’hui, Marseille reste engluée dans un système de petits contrats, de ratios opaques et de bricolages administratifs.

Les enfants paient le prix d’un encadrement instable.

Les agents paient le prix de la précarité.

Le service public paie le prix d’une absence de vision.

Il est temps de tourner la page des ASIC, des AAPM et des marchés fragmentés. La pause méridienne doit devenir un temps éducatif assumé, porté par une filière municipale solide.

C’est coûteux, mais c’est le prix de la dignité éducative dans la deuxième ville de France.

Nos demandes immédiates

– Affichage quotidien du taux d’encadrement de la pause méridienne sur les panneaux d’affichage de chaque école (prévisionnel le matin, réel le soir) ;

– Publication de ces données sur le site de la Ville, école par école.

– Conserver l’alignement du nombre d’animateurs sur le nombre d’enfants inscrits

– Offrir le repas aux AAPM et AESH Cantine dans le cadre de leur fonction

Le Collectif des écoles de Marseille (le CeM, prononcez le seum, parce que …)

Exemples de communications mensongères 

Le kit scolaire n’a jamais coûté 85€, ce montant intègre une part contributive obligatoire de la ville aux achats des fournitures nécessaires au fonctionnement de la classe que nous estimons à plus de 60€. Le coût du kit scolaire est estimé à un peu plus de 20€. Cette même publicité apporte aussi de la confusion pour les familles des enfants scolarisés dans les établissements privés qui reçoivent également le kit des fournitures scolaires. C’est peut être malin mais ce n’est pas de gauche.

Les études surveillées ne sont pas du soutien scolaire : ce sont des temps où les enfants font leurs devoirs dans un cadre calme, avec un adulte qui les surveille et peut les aider ponctuellement et s’il le veut bien. Mais il ne s’agit pas de cours, ni d’un accompagnement personnalisé comme dans le soutien scolaire.

Commentaires

Rejoignez-la communauté Marsactu pour, vous aussi, contribuer au débat local. Découvrez nos offres


ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire