Dilapidation du patrimoine municipal
LA PERTE DE L’ESPACE PUBLIC
Qu’il s’agisse de la braderie des édifices publics municipaux ou du manque d’entretien de l’espace public, les pouvoirs municipaux sont en train de dilapider le patrimoine public de la ville de Marseille. Il est temps de s’en rendre compte, de mesurer l’étendue de cette dégradation, et, sans doute, de s’élever contre cette tendance de la politique engagée par la municipalité.
La dégradation de l’espace public
C’est, d’abord, l’évidence qui manifeste cette tendance de la politique engagée par le municipalité : les rues de Marseille sont sales, elles ne sont pas convenablement entretenues, elles se dégradent. Les voitures se garent n’importe comment, ce qui empêche les piétons de circuler et, au-delà, ce qui empêche ceux qui habitent la ville et ceux qui la visitent de prendre toute la mesure de la qualité de certains sites urbains et celle de nombreuses constructions devenues de réels biens patrimoniaux. L’espace public urbain se dégrade, et on a le sentiment qu’il se dégrade chaque jour davantage sans que la municipalité s’en préoccupe – à moins, mais peut-être serait-ce encore plus grave en termes politiques et en termes d’exercice des pouvoirs, qu’elle n’ait pas véritablement conscience de cette situation, qu’elle ne prenne pas la mesure de l’étendue de cette dégradation de l’espace de la ville. On a le sentiment que les acteurs des pouvoirs municipaux ne sortent pas de leurs bureaux et ne viennent jamais marcher dans la ville, ne sont pas capables de prendre la mesure de l’état de la ville pour prendre les mesures qui s’imposeraient. Du fait des ordures qui jonchent les trottoirs dans certains quartiers, du fait de la dégradation des constructions anciennes, du fait de l’absence d’entretien du patrimoine et de la voirie, c’est tout l’espace urbain qui se trouve aujourd’hui en crise, à Marseille. Mais, sans doute, cette dégradation de l’espace public urbain est-elle aggravée du fait de l’absence d’une politique des transports en commun : comme les habitants de la ville sont toujours dans leur voiture pour se déplacer, peut-être ne voient-ils pas ce qu’est devenu le paysage urbain.
L’absence de réflexion sur une politique de l’espace urbain
En effet, cette dégradation de l’espace public s’inscrit dans une logique plus large de l’absence de réflexion sur les significations des politiques publiques dans une ville et sur leur rôle dans l’évolution de l’espace, de ses formes, de ses aménagements, de ses paysages. On peut lier cette dégradation du paysage de la ville à une absence plus générale de réflexion sur une politique réelle de l’espace urbain que l’on retrouve dans l’absence de politique des transports en commun et des déplacements. En effet, ce n’est que par l’engagement d’une politique des transports en commun, par l’aménagement d’un véritable réseau de voies piétonnes, par la mise en œuvre d’une économie politique municipale véritable des déplacements, que la municipalité pourrait faire retrouver toute sa place à l’espace public. Sans doute, d’ailleurs, faut-il ajouter qu’une telle politique de l’espace urbain devrait se penser à l’échelle de la métropole, de l’intercommunalité, et ne pas se limiter à la gestion de l’espace urbain propre à la ville de Marseille. Il importe de mettre en œuvre toute une réflexion sur l’espace de la ville et d’engager toute une politique réelle dans ce domaine.
La dilapidation du patrimoine municipal
Mais il n’y a pas que cela dans la disparition d’une politique publique de l’espace à Marseille. Au-delà des évidences, des manifestations quotidiennes de cette absence de politique, sans doute peut-on trouver une autre illustration de cette tendance dans la braderie des édifices publics. Pour ne prendre que deux exemples, l’Hôtel-Dieu, qui fut l’hôpital de la ville, ou la Villa Valmer, dans le 7ème, qui abrita l’Agence d’urbanisme de la ville, les monuments architecturaux qui furent la propriété de la municipalité sont en train d’être bradés à des promoteurs privés. Il ne s’agit plus seulement de l’absence d’entretien de nature à conserver à l’espace public l’allure d’un paysage réel ou de l’absence de desserte de l’espace public de nature à permettre aux habitants de le retrouver et de se l’approprier pleinement, mais il s’agit désormais de la dimension économique et financière de cette dilapidation. C’est toute la richesse de la ville qui échappe à ses habitants et à ses citoyens pour devenir une part d’un espace privé qui occupe une surface de plus en plus étendue de l’aire urbaine. Sans doute y a-t-il lieu que les habitants prennent la mesure de ce qui se passe et que des initiatives soient entreprises pour engager une forme de résistance. Il y a une véritable urgence.
Commentaires
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Diagnostic tragiquement exact. Et on a l’impression que la municipalité actuelle fait tout ce qu’elle peut pour le rendre le plus irréversible possible avant 2020, de sorte que le(s) prochain(s) maire(s) n’ai(en)t plus aucune marge de manoeuvre pour rétablir le caractère collectif du patrimoine urbain (dans lequel j’inclus l’espace public).
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Les amis de Gaudin se repaissent sur le cadavre encore chaud des institutions publiques (Ville, APHM,…) qu’ils ont mis en faillite.
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