LA MARSEILLAISE

Billet de blog
le 11 Mar 2023
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Mardi dernier, le 7 mars, à Marseille comme dans toutes les villes de France, le peuple est venu dire, sur les pavés, sa colère et sa détermination

 

« La Marseillaise »

N’oublions tout de même pas que l’hymne national, issu de la Révolution de 1789, porte le nom de notre ville. C’est qu’elle a une longue tradition de protestation, sans doute même pourrait-on parler d’une culture de la protestation à Marseille. Peut-être même est-ce une raison pour laquelle je me retrouve un peu chez moi, comme à la maison, dans Marsactu. Cette réserve à l’égard du pouvoir central, cette revendication d’une forme d’indépendance, tient à la fois au fat que Marseille ne fut pas toujours en France, mais fut longtemps une ville grecque et au fait que, comme il s’agit d’un port, elle a toujours été ouverte sur le large, sur l’étranger, sur la liberté. Marseille n’est pas une ville qui se laisse facilement dompter, dominer, soumettre. Cette culture de l’indépendance et de la protestation a, bien sûr, trouvé matière à s’exprimer avec le projet macronien de réforme des retraites. C’est bien la tyrannie, comme dans la chanson, qui a levé son étendard et qui a suscité une expression de la protestation. « La Marseillaise » n’est pas une chanson tranquille, que l’on fredonne en pensant à autre chose : c’est un chant engagé, que l’on chante à pleine voix en manifestant, en défilant, en marchant contre les pouvoirs établis. La rue marseillaise n’est pas une rue apaisée de tranquillité où l’on se promène, mais une rue où ça bouge, une rue où l’on marche contre l’autorité.

 

La protestation contre la réforme des retraites à Marseille

Il y avait du monde sur le Vieux-Port, mardi. Entre 245 000 personnes pour la CGT et 30 000 pour la police. Cet écart de chiffes est, déjà, en soi, dérisoire, comme si la police pensait qu’on allait la croire avec des différences pareilles. Quels que soient les nombres de manifestants, ils étaient nombreux à dire leur colère et leur refus du projet du pouvoir. Mais, bien sûr, comme partout en France, Marseille ne s’est pas seulement soulevée contre la réforme des retraites, mais contre le pouvoir. C’est l’ensemble de la politique menée par le pouvoir, c’est le pouvoir tout entier, qui était visé par la manifestation de mardi comme par toutes celles qui ont eu lieu depuis le début de l’expression populaire du refus. Finalement, à Marseille comme ailleurs, la politique de la réforme des retraites n’est qu’une sorte de déclencheur, une opportunité, de déclencher un protestation globale contre la politique menée par l’exécutif, mais aussi, à Marseille, sans doute, une occasion de dénoncer la politique de la ville et de l’urbanisme menée pendant le mandat municipal de J.-C. Gaudin, et peut-être aussi pendant ceux qui l’ont précédé. C’est cela qui constitue la spécificité de l’expression politique des mécontentements et des protestations à Marseille : l’incurie d’une politique municipale et d’une politique métropolitaine menées pendant des années par les maires et les présidents qui ont précédé la municipalité dirigée par B. Payan, et, encore aujourd’hui, à la métropole, par M. Vassal.

 

Marseille et la réforme des retraites

Cela dit, Marseille est particulièrement touchée par la réforme des retraites. En effet, cette ville est à la fois une ville pauvre et une ville qui, comme de nombreuses villes du Sud de la France, est une ville plutôt âgée. La réforme des retraites frappe Marseille de plein fouet parce qu’elle dispose de peu d’emplois et parce que l’économie de la ville et de la métropole est fragile, parce Marseille et sa métropole ont encore du mal à décoller et à trouver une véritable énergie économique. La réforme des retraites fragilise encore les emplois, encore trop peu nombreux, qui sont proposés à la population. Mais, dans le même temps, cette précarité accentuée par la réforme des retraites devrait, pour la municipalité, susciter l’élan d’une politique économique municipale à élaborer, puisqu’il semble que la métropole ait, de son côté, fait l’autre choix : celui de ne rien faire. La réforme des retraites frappe ainsi Marseille parce qu’elle constitue un révélateur de la fragilité de l’activité économique. Ne nous trompons pas : si les gens protestent contre la réforme des retraites, ce n’est pas seulement contre le projet du pouvoir, mais aussi contre une situation économique qui accentue les inégalités et contre une situation économique de la ville. Cette ville connaît mieux que d’autres ce que L. Blisson, juge aux affaires familiales questionnée par V. Artaud, dans Marsactu du 8 mars, désigne comme « les conséquences dramatiques de l’allongement du temps de travail ». La Marseillaise ne doit plus être seulement un chant révolutionnaire, mais doit aussi être un ensemble de propositions constituant une politique économique et urbaine véritable, associée à une véritable politique d’urbanisme et d’aménagement et de transports. Finalement, sans doute la protestation contre la réforme des retraites pourrait-elle être l’occasion d’une remise à plat de la politique municipale et de l’élaboration d’une véritable politique de la ville.

 

La relation de la ville au pouvoir

Mais, si Marseille a dit aussi fermement son opposition, c’est aussi qu’elle entend manifester aussi une véritable opposition au pouvoir. En élisant un maire de gauche aux dernières élections municipales, elle a dit clairement de quel côté elle se situe. En ce sens, le débat sur la réforme des retraites et les manifestations qui habitent Marseille à cette occasion illustrent pleinement le rapport de Marseille au pouvoir qui, une fois de plus, comme souvent dans l’histoire, est un rapport de conflictualité. Ville rebelle, Marseille exprime aussi son opposition au pouvoir central pour des raisons économiques qui apparaissent à l’occasion de la réforme des retraites : plus que d’autres villes, et en dépit des démonstrations d’E. Macron, Marseille est trop souvent laissée à l’écart des projets de développement économique engagés dans notre pays, à l’écart de la politique économique. C’est aussi cela que dit la ville en exprimant son opposition à la politique des retraites. À l’occasion des débats ouverts à cette occasion, nous devons repenser, dans une véritable décentralisation, la relation de Marseille aux pouvoirs centraux de l’État et à la métropole.

 

Manifestations et répression

Marsactu nous apprend que, le mardi 7 mars, à l’occasion de la manifestation contre la réforme des retraites, des policiers en civil ont interpellé et placé en garde à vue plusieurs collégiens et lycéens. L’un d’eux, âgé de quatorze ans, comparaitra devant la justice, après avoir passé trente heures en garde à vue, pour ces faits, que, par ailleurs, il dément. Le caractère dictatorial du régime instauré sous la présidence d’E. Macron semble bien s’affirmer de plus en plus en déniant le droit de manifester et en interpellant ainsi des mineurs qu’il place en garde à vue. La répression semble devenue la seule forme de réaction du pouvoir (parce qu’il ne faut pas parler de réponse) face à l’expression d’oppositions à sa politique. Mais, en s’attaquant à des mineurs, il franchit une étape supplémentaire. Jusqu’où faut-il s’attendre à aller ?

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