« LA MARSEILLAISE »

Billet de blog
le 16 Déc 2023
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Et si, une fois de plus, c’était à Marseille que tout commençait ? Lundi, le 18 décembre, à 18 heures, à la porte d’Aix, la gauche va se retrouver pour dire « non ».

La protestation

Il s’agit, d’abord, de se retrouver pour protester. Nous avions protesté contre la réforme des retraites. Nous avons protesté contre la guerre de Gaza. Nous protestons, aujourd’hui, contre le projet de loi sur l’immigration porté par le ministre de l’Intérieur, G. Darmanin. Toutes ces protestations nous rappellent, et, en même temps, rappellent à notre ville, et, au-delà, à notre pays, que c’est en protestant, toujours, que les forces du progrès et de la justice se retrouvent et font face à la répression, à la violence de l’ordre établi. « Contre nous, de la tyrannie, l’étendard sanglant est levé ». Ce n’étaient pas seulement des mots quand Rouget de Lisle nous a donné le chant qui allait devenir l’hymne de notre pays, et ce ne sont pas seulement des mots, aujourd’hui, quand la police tue et que l’État réprime, exclut, enferme le pays. Protester c’est retrouver le sens des mots que le pouvoir nous a volés, c’est rappeler que « La Marseillaise » a commencé par être un chant de protestation, avant de devenir le chant dans lequel le pays se retrouve, avant d’avoir été confisqué par les pouvoirs qui en ont fait une petite musique de nuit au son de laquelle les officiels se réunissent. Ne l’oublions pas : « La Marseillaise » a été le chant du peuple contre les adversaires de la démocratie avant d’être volé par les présidents et les pouvoirs qui le chantent à notre place.

 

L’engagement

« La Marseillaise » est un chant de partisans. On ne la chante pas pour sa jolie musique, on la chante pour dire un engagement. On chante « La Marseillaise », car elle nous explique qu’enfin, grâce à elle « le jour de gloire est arrivé ». On la chante pour dire qu’on est décidé à gagner, à vaincre les forces du libéralisme, du conservatisme et des discriminations. On la chante pour s’engager, mais ce n’est jamais du côté des pouvoirs que l’on s’engage : c’est toujours contre eux. On ne s’engage jamais pour les autorités, car, pour cela, il n’y a pas besoin de s’engager, il suffit de suivre, de se conformer, d’obéir. On s’engage pour dire que l’on est contre les pouvoirs, on s’engage pour donner une voix à l’égalité, à la justice, à la démocratie. Mais nous sommes à Marseille. Marseille est une ville qui a toujours vécu de son engagement. Elle est née contre, contre les pouvoirs de Phocée dont elle était issue, pour faire naître une ville libre, une ville d’ailleurs. Elle a poursuivi sa lutte pour la liberté à toutes les époques de l’histoire de notre pays. Elle a inventé le chant de la liberté. Elle a vécu la Résistance, plus qu’aucune autre ville française. Elle vit aujourd’hui le refus de la politique du président et de ses complices, afin de dire son engagement pour l’égalité et pour la justice sociale.

 

La gauche se retrouve

À Marseille, la gauche se retrouve. « La Marseillaise » est aussi le chant par lequel les citoyennes et les citoyens se retrouvent : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons », disent ses paroles. Nous ne sommes pas en train de former des bataillons d’armes à feu : les bataillons sont, de nos jours, d’une autre nature : ce sont les bataillons des syndicats, des défilés et des manifestations, des musiques et des chants qui disent leur engagement, les bataillons de celles et de ceux qui écrivent et conçoivent « Marsactu », pour que la gauche retrouve sa voix et, ainsi, se retrouve elle-même. On a pu craindre que la gauche ne se soit perdue dans les querelles de partis et dans les histoires de pouvoirs, mais, pour se retrouver elle-même, la gauche doit se rappeler qu’elle a toujours été imaginée pour protester.

La solidarité

C’est l’autre façon de la gauche de se retrouver : c’est dans la solidarité qu’elle est elle-même. La gauche se retrouve quand elle vient se retrouver « dans nos campagnes », mais, plus encore, aujourd’hui, dans nos villes, pour protester contre ceux « qui viennent jusque dans vos bras égorger vos fils, vos compagnes ». C’est que l’urgence est là : elle est dans la nécessité de mettre fin à la violence du libéralisme et de ceux qui le soutiennent, car, de nos jours, les « féroces soldats », ce sont les entreprises, le patronat, qui font mourir dans les accidents du travail, la police qui fait mourir dans les violences policières dans les manifestations, dans les rues, dans la violence de l’aveuglement des forces répressives, à Marseille, comme dans toutes les autres villes et dans les autres campagnes, aujourd’hui, pour tenter d’en finir avec la résistance et avec la solidarité. C’est que seul le peuple sait ce qu’est la solidarité. À Marseille, on sait ce qu’est la solidarité rue de Tivoli et rue d’Aubagne, quand des maisons et des rues y sont détruites faute de prévention et de sécurité pour celles et ceux qui y vivent.

 

La ville

Marseille est une ville. C’est son identité de ville qu’elle retrouve quand elle dit « non » à un pouvoir qui ignore ce qu’est une ville comme il ignore ce qu’est un peuple. C’est parce qu’elle est une ville dont tous les habitants se retrouvent, parce qu’elle est un port dont les habitants sont issus de tous les pays du monde, parce qu’elle est une ville qui recherche l’égalité pour tous ceux qui sont venus chercher en elle la liberté et la fraternité. C’est cela, ce que l’on appelle la politique de la ville : ce qui permet à la ville de retrouver le sens de la politique, celui de la polis, de la cité et de ses citoyens. Marseille est une ville qui s’est construite dans la pluralité des peuples, des cultures et des peuples qui l’ont choisie pour y vivre, et qui, de cette façon, l’ont construite – comme un monde. Marseille est un monde enrichi de ses migrants qui sont venus y parler la richesse et la diversité de leurs mots et de leurs langues. Marseille est une ville, et c’est une ville qui se retrouve elle-même pour dire les mots de la langue qui est la sienne : celle de la protestation et de la résistance.

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