Des États-Unis à Marseille
LA LEÇON POUR MARSEILLE DE L’ÉLECTION DE D. TRUMP
Les médias et, d’une façon générale, l’espace public, ont été emplis, ces jours derniers, du résultat de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, et de la sorte de sidération qui a saisi les opinions publiques, en particulier en France à l’approche de l’élection présidentielle dans notre pays. Sans doute est-il important de tirer des leçons, pour Marseille, de cette élection et du succès de D. Trump. C’est ce que nous allons tenter de faire pour Marsactu.
Marseille devrait tirer, me semble-t-il, trois leçons de cette élection de D. Trump.
La première est l’échec de la gauche. C’est le premier constat que nous devons tirer de cette élection. La gauche social-démocrate a perdu, de la même manière qu’elle avait perdu la municipalité de Marseille avec l’élection de J.-G. Gaudin. Mais ce constat ne suffit pas. Il faut trouver des raisons à cet échec de la gauche. La première raison est la perte d’adhésion des classes populaires aux partis de gauche et à leurs projets. Cela est vrai aussi à Marseille: si la gauche a perdu la municipalité, c’est qu’elle n’avait pas de projet à proposer pour l’avenir de la ville et de la métropole. C’est d’abord sur ce point que la gauche doit travailler pour retrouver l’adhésion populaire. Il importe que tous les acteurs de gauche, de la gauche social-démocrate à la gauche plus extrême, se rassemblent autour de l’élaboration d’un projet municipal commun. La gauche a du temps d’ici 2020, mais elle n’en a pas excessivement, et il importe d’entreprendre dès aujourd’hui ce travail.
Çela avait été le sens du travail mené dans les années 80 par des groupes de réflexion comme le C.E.M.E.R.S. (Centre Marseillais d’Étude et de Recherche sur les Solidarités), mais ce travail semble, aujourd’hui, connaître une forme de déclin. Pour le relancer et lui donner une nouvelle dynamique, une réflexion, une recherche et des débats devraient être menés dans cinq domaines, particulièrement importants dans la politique de la ville à Marseille. Le premier de ces domaines est ce que l’on a fini par appeler la politique de la ville : il s’agit de l’ensemble des politiques à engager pour assurer, dans l’espace urbain, une égalité réelle entre les habitants, grâce à la mise en œuvre d’une politique engagée de solidarité. Un second domaine important sur ce plan est la politique culturelle. Marseille a été désignée comme capitale européenne de la culture, mais on est bien obligé de constater l’absence de réelle politique culturelle dans notre métropole, où on trouve trop peu de cinémas, trop peu de librairies, trop peu de musées, trop peu de salles de spectacles de qualité. Un troisième champ de réflexion et de politique à engager est celui d’un urbanisme de qualité. Le développement urbain est conduit sans réelle cohérence et sans réelle articulation entre la dimension sociale de l’urbanisme, celle de l’habitation, et sa dimension esthétique, celle du paysage urbain. C’est pourquoi la gauche ne réussira à retrouver la confiance des habitants de cette ville que si elle met en œuvre un quatrième levier de la politique urbaine : le développement et l’amélioration du logement et une meilleure régulation municipale de ce domaine, de nature à mettre fin à l’emprise des acteurs privés de l’immobilier. C’est que le cinquième levier de la politique de nature à permettre à Marseille d’échapper au populisme est l’engagement d’une véritable justice sociale et d’une économie urbaine allant au-delà de l’illusion que le tourisme est une panacée et favorisant réellement le retour des activités industrielles, des activités commerciales réelles et, ainsi, de l’emploi dans la métropole.
La deuxième leçon à tirer de l’élection de D. Trump est le succès des partis qui, comme, en France, le Front national, donnent l’illusion d’être des partis, des mouvements ou des acteurs populaires ou près du peuple, alors qu’ils en sont éloignés – ne serait-ce que parce que D. Trump, comme, en France, J.-M. Le Pen, est un homme riche. IL est temps de mettre fin à cette illusion du populisme. À Marseille, en particulier, où la situation des clases sociales défavorisées devient critique, l’illusion est vite construite et entretenue. Nous devons, ensemble, lever le masque et rappeler, dans l’espace public, que les candidats comme Trump ou Le Pen sont enclins à développer la mise en œuvre d’une politique de richesse, mais moins pour le peuple que pour eux.
Une troisième leçon que la gauche marseillaise doit tirer de cette élection est que l’absence de réflexion et de discours critique sur le politique profite au populisme et aux partis fondés sur l’exclusion et sur l’imaginaire. Ce n’est pas seulement un projet politique que nous devons élaborer, à Marseille, pour la ville et pour la métropole : c’est aussi un travail de réflexion critique, d’analyse des discours et des projets de tous les acteurs politiques, afin de construire une véritable culture politique et de la diffuser auprès de tous les habitants de la ville par un travail d’apprentissage de la culture politique. Sur ce plan encore, Marsactu joue un rôle essentiel et doit continuer à le jouer.
Commentaires
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la gauche ce n ‘est pas un parti politique
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A mon avis, il faut beaucoup nuancer ces propos :
1/ parler de la gauche à Marseille ou en France ne veut pas dire grand chose : les différences sont plus qu’énormes entre des trotskystes, des néo staliniens et des socialistes dits libéraux en passant par le grand écart de pensées de gauche chez Europe Ecologie les Verts
2/ La gauche à Marseille est minée par une histoire ancienne et très proche de proximité du PS et autres gens dits de gauche avec le banditisme. Nettoyer les écuries est une mission quasi impossible.
3/ Un vrai et je pense bon projet pour la ville a été présenté à gauche par Patrick Menucci, projet occulté par la personnalité du bonhomme, son côté trop caricature marseillaise, son passé de proximité avec Guérini (comme quasiment tous les politiques ps, pc radicaux les 2 dernières décennies), et la forte adversité dans son propre camp…
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Tout à fait d’accord sur la qualité du projet municipal qui avait été présenté par Mennucci : il y avait eu au sein de son équipe une réflexion solide, et ça se voyait. Après, il est clair que le personnage ne faisait pas l’unanimité…
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Je reste rêveur. Les trois leçons que vous tirez sont….incomplètes ? orientées ?
La question c’est quand même : quel choix avons-nous ?
Dans une démocratie comme la nôtre, pour tenter de changer quelque chose le seul choix qui nous reste c’est le vote. On peut travailler dans des associations, dans des syndicats, faire avancer les idées, discuter, argumenter, mais au bout du compte, il reste le vote. Local ou national. Quels élus potentiels la « Gauche » nous propose-t-elle ? Quels élus la “droite” …?
Et là, c’est depuis quelques années –voire des décennies pour Marseille- une bagarre dans tous les camps pour maintenir les « rentes » de situation. Des élus, des familles d’élus, des vip de quartier, et des vieux confits, se sont appropriés les postes, se soutiennent entre eux et s’accrochent à leurs privilèges. Et bien sûr il y en a quelques uns des privilèges et donc des débordements.
Alors si les partis, tous, n’étaient pas si friands de pouvoir et d’avantages divers, et pouvaient comme ils le déclarent, sans le faire, s’intéresser au bien être collectif…..peut être en laissant la place à quelqu’un d’autre, plus jeune, plus informé, plus féminin, moins professionnel de la profession politique….moins « d’appareil » …etc. On y verrait plus clair ! On aurait davantage envie de voter !
Le programme de Mennucci était sympa, bien fait, et tout et tout…un peu dommage que lui, en tant que personne ait un effet repoussoir…un peu idiot aussi, il n’aurait pas été tout seul à la mairie…bon c’est fait passons (et souffrons, tant pis).
Donc moi aux USA si j’avais dû voter et bien j’aurai été bien embêté. Trump c’est affreux OK, mais Clinton c’était mieux…pas dit du tout ! Beaucoup d’américains n’ont pas voté, c’est le risque. Et chez nous beaucoup de marseillais n’ont pas voté non plus.
Alors oui, on peut tirer la leçon, échec de la gauche, succès du populisme séduisant les électeurs quand même très mal informés, et manque d’idéologie et d’analyse des partis traditionnels, on peut dire aussi échec de la droite …
On pourrait surtout en France prendre toutes les mesures législatives fortes contre le cumul des mandats, assurer le renouvellement de la classe politique, changer de constitution, …. Sans oublier de permettre aux médias nationaux ou locaux concentrés de cesser les sondages et les manipulations et d’être libérés du poids de leurs actionnariats…etc.
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