Samedi 7 août 2021
La France a trouvé des mines d’or
Ils ne sont pas contentés de leur présence en finale : les volleyeurs et handballeurs français ont conquis le titre olympique, et les basketteurs ont fait douter les Etats-Unis jusqu’au bout. Avec la médaille de bronze des basketteuses, et avant la finale des handballeuses, les sélections tricolores ont prouvé la santé des sports collectifs dans l’Hexagone. Une excellente nouvelle avant les JO de 2024.
Les succès des sélections françaises à Tokyo n’auront pas un effet positif que sur l’amour-propre patriotique. L’économie du sport va en profiter pendant les trois années à venir, et les organisateurs des JO de Paris au premier rang. La recherche des sponsors majeurs connaissait une pause, surtout depuis que la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait fait échouer les négociations avec Total, considérant que l’argent escompté ne valait pas une perte de crédibilité sur le plan du respect de l’environnement. D’autres décideurs attendaient le résultat des JO de Tokyo avant de s’engager dans un soutien de longue durée à l’organisation des prochains Jeux.
Aujourd’hui, sans en être certain, on peut présumer que des entreprises puissantes voudront associer leur image aux succès obtenus par des sports rassemblant des centaines de milliers de licenciés en France, avec de bonnes chances de recueillir l’affection du public.
La visibilité sur les écrans des championnats et des compétitions internationales va augmenter, peut-être dans des proportions importantes. La manne financière qu’on peut prévoir devra être utilisée de manière efficace, mais le mouvement paraît devoir se s’engager bientôt et cela n’était pas prévisible.
Elles étaient les seules à n’être pas assurées d’obtenir une médaille, et risquaient de voir leur parcours inaperçu. Mais les filles du basket ont su surmonter leur déception après la demi-finale ratée contre le Japon. Pour une médaille de bronze, elles ont battu nettement (91-76) les Serbes, prenant leur revanche sur la finale du récent Euro. Le potentiel de cette équipe s’est révélé progressivement, aux yeux mêmes de joueuses, et de jeunes promesses ont passé un cap vers le haut niveau mondial.
Les basketteurs n’ont pas obtenu de titre, eux non plus. Mais ils ont soutenu le regard des stars américaines, et sont même parvenus à les faire douter. La victoire lors du premier match de poule n’était pas anecdotique. Le Team USA a dû s’employer comme rarement dans une finale olympique, pratiquer une défense agressive qui ne figure pas dans ses armes habituelles, et compter un peu sur l’aide de l’arbitrage, et de quelques coups de vice.
L’équipe de France a prouvé qu’on ne pouvait pas la contrôler en ciblant seulement deux ou trois de ses éléments. Le danger peut venir de partout, et la qualité moyenne de l’effectif est très encourageante en vue du rendez-vous parisien. Les entraineurs et journalistes spécialisés du championnat NBA se sont même renseignés à propos de Bleus qu’ils ne connaissaient pas. L’équipe de France s’est installée en menace n°1 pour la sélection américaine, et cela devait durer un moment.
Pour ce qui est du handball, la France est sur le toit du monde : trois titres et une finale lors des quatre dernières éditions des JO. Sa confiance est même stupéfiante, et elle ne s’est jamais affolée, même quand ses vieux rivaux danois ont recollé au score pendant la finale. La certitude qu’ils allaient gagner n’a jamais quitté les Bleus, qui se sont même permis de vendanger les pénaltys, puisque c’est leur péché mignon.
Puisque les filles sont en train d’atteindre elles aussi le sommet, les dirigeants du handball français ont une occasion unique de concurrencer auprès des sponsors le rugby, qui dispose à peu près de la même image de sport violent mais convivial. Et le hand se joue en salle…
Le titre olympique des volleyeurs est une surprise totale. Les Français n’avaient jamais atteint simplement les quarts de finale d’un tournoi olympique. Peu d’observateurs croyaient en leurs chances, et ils semblaient n’y pas croire eux-mêmes au début du tournoi. L’alchimie mystérieuse du succès est venue d’ingrédients entraperçus dans quelques compétitions précédentes : inventivité technique, amélioration de la qualité des services et des contres, solidarité de l’équipe avec les joueurs en défaut, et surtout sérénité dans l’acceptation des aléas du jeu.
Les joueurs vont devoir cultiver ces vertus, après les avoir récoltées un peu par hasard. Mais ils ne sont désormais plus les mêmes. Dans chaque sport, c’est le premier succès majeur qui crée le champion. Personne ne peut plus mettre en doute leur capacité à produire un exploit. Ils étaient atypiques et imprévisibles, ils vont apprendre à devenir exemplaires.
La succession des finales a rendu invisibles sur les écrans les exploits et les déconvenues surgis sur d’autres terrains. Ils méritent d’être mentionnés tout de même.
La mésaventure des cavaliers de l’équipe de France de sauts d’obstacles (refus subit d’un cheval d’accomplir son parcours) l’a empêchée de rééditer son succès olympique de Rio. Au lendemain du refus analogue d’un cheval dans l’épreuve féminine du pentathlon, ces incidents rappellent la fragilité des osmoses entre les cavaliers et leurs montures. Il n’est pas inutile de garder en tête que l’homme ne peut pas soumettre à tout coup un autre être vivant à son bon vouloir. Les adeptes de l’équitation le savent depuis toujours, et bon gré mal gré, ils s’en accommodent…
La chronique retiendra la médaille d’argent obtenue par Jessica Springsteen (29 ans), fille du célèbre chanteur américain, avec l’équipe des Etats-Unis, au terme d’un barrage perdu contre la Suède.
Le bouquet final de l’athlétisme a mis en valeur l’Américaine Allison Felix, titrée avec le relais 4 x 400 m et désormais détentrice du record de médailles « moderne » (11, dont 6 en or), seulement dépassée par le Finlandais Paavo Nurmi (12, dont 9 en or, dans les années 1920). Mais aussi le lanceur de javelot Neeraj Chopra, qui a obtenu le premier titre d’un athlète indien. Et encore la coureuse néerlandaise Sifan Hassan, sacrée sur 10 000 m, après avoir gagné le 5 000 m et obtenu le bronze sur 1 500 m. Sur 1 500 m également, le Norvégien Jakob Ingebrigtsen, benjamin d’une fratrie talentueuse, a prouvé que les victoires des coureurs de demi-fond kényans pouvaient leur être contestées.
Le Japon a tiré un dernier feu d’artifice grâce à la victoire attendue par tout un peuple dans la finale du baseball, remportée face aux Américains. Dans une autre discipline adorée, le golf, Mone Inami a été privée du titre par l’Américaine Nelly Korda, fille d’un ancien champion de tennis tchèque. Si son équipe féminine de basket battait dimanche les Etats-Unis en finale, le bonheur serait inégalable. Avec deux nouvelles médailles d’or en lutte libre, le pays organisateur compilait 27 titres samedi soir, dépassé seulement par les Etats-Unis (36) et la Chine (38). Il a pulvérisé son record de médailles (16) enregistré en 1964, à Tokyo, et en 2004, à Athènes. La France aura beaucoup de mal à faire aussi bien dans trois ans à Paris.
VIGNETTES
¤ Le Brésil a confirmé son titre de Rio en football, en battant l’Espagne, autre favori du tournoi olympique (2-1, après prolongation).
¤ Pour une vingtaine de centimètres, Adrien Bart a été privé de la médaille de bronze, en canoë monoplace 1000 m, par le Moldave Serghei Tarnovschi, premier médaillé olympique pour son pays. Le Français l’avait d’autant plus mauvaise que son adversaire avait déjà obtenu cette place à Rio, avant de la perdre pour avoir été convaincu de dopage…
¤ Le duo formé par Benjamin Thomas (4e de la course aux points) et Donavan Grondin a obtenu la médaille de bronze dans l’épreuve de relais « à l’américaine ». C’est une maigre consolation pour l’équipe française de cyclisme sur piste.
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