JO 2024 : un lutteur et des bagarreuses

Billet de blog
le 7 Août 2024
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Le Cubain Mijian Lopez Nunez est devenu le seul sportif de tous les temps à s’imposer cinq fois consécutivement dans la même épreuve individuelle. Dans la première journée sans médaille pour la délégation française, les jeunes femmes se sont joliment battues.

Il s’agit de lutte gréco-romaine, celle où le combattant doit dominer son adversaire sans lui saisir les jambes. Une discipline qui se pratique de toute éternité, partout dans le monde, et que le monde ne redécouvre que tous les quatre ans, quand les TV consentent à en montrer quelques images. C’est de là qu’est surgi le combattant suprême, le Cubain Mijian Lopez Nunez, bientôt 42 ans, qui a obtenu son cinquième titre olympique consécutif dans la catégorie des super-lourds qui fait le yoyo au fil du temps entre la limite des moins de 120 kg et des moins de 130 kg (qui est en vigueur en 2024). Il avait même participé aux JO de 2004 à Athènes, obtenant la 5e place. Un guerrier dont la carrière s’étend sur vingt années au plus haut niveau ! Mijian de Pinard el Rio a rejoint, enfin presque, Milon de Crotone dans l’éternité mémorielle.

Cet athlète impeccable s’impose en individuel, mais est l’icône de tout un pays, un système, une espérance fanée, et un quotidien misérable. Porte-drapeau immuable de Cuba, sauf cette année pour d’obscures raisons, il ressort de cette catégorie de sportifs emblématiques du castrisme, puis du post-castrisme, qui vit son dernier souffle dans une deuxième éternité. Avant lui, Teofilo Stevenson (1972, 1976, 1980) puis Felix Savon (1992, 1996, 2000) avaient obtenu trois titres consécutifs chez les boxeurs poids lourds, comme un défi à l’éternel rival américain incapable de mettre la main sur la catégorie la plus convoitée.

Lopez Nunez réédite le même défi face l’ennemi héréditaire, puisque la lutte gréco-romaine est le sport favori des élites aux Etats-Unis, un peu comme la boxe l’est chez nous dans les sous-sols de l’Assemblée nationale. Il ne pouvait pas s’imposer apparemment en lutte libre, où la concurrence internationale est plus développée. Et puis la liberté à Cuba… Mis à part le cocktail favori d’Ernest Hemingway, le cuba libre mélange de rhum et de Coca-Cola, la liberté reste une hérésie civilisationnelle face à la collectivité socialiste…

Mijian Lopez Nunez s’est nettement imposé (6-0) à Paris devant un ex-compatriote devenu Chilien, Yasmani Acosta, un minot de 36 ans qui avait fui Cuba pour avoir sa chance de participer aux Jeux, lui dont la candidature restait bloquée au pays par la statue du Commandeur Lopez.

Le mardi 6 août a été relativement calme dans cette agitation olympique continue, comme une journée de voile à Marseille. Cela permet de réparer un oubli de cette chronique, impardonnable mais inaperçu : le titre olympique du lancer du disque est revenu à la sculpturale Américaine Valarie Allman, qui réédite son exploit de Tokyo et confirme la nouvelle tendance observée dans les concours, où la vitesse est désormais préférée à la force pure. Il faut saluer par la même occasion Melina Robert-Michon, la porteuse de drapeau de la délégation française. Certes, elle a terminé 12e et dernière de la finale, à sept mètres de sa meilleure performance. Mais elle avait eu le mérite de s’y qualifier, et elle valide ainsi sa 7e participation aux JO depuis l’édition 2000 à Sydney. Mieux que Mijian Lopez, de ce point de vue !

Elle aussi, la nouvelle championne olympique au marteau, la Canadienne Camryn Rogers, illustre les nouveaux standards dans les épreuves de lancers.

La soirée d’athlétisme a permis de saluer la confirmation de son titre olympique de la longueur par le Grec Miltiadis Tentoglou, imperturbable devant l’hystérie méditerranéenne de ses fans. On reste confondu par l’immobilisme de cette discipline dont seuls les huit premiers participants à la finale ont dépassé la marque des 8 mètres. Avec son meilleur saut (8 m 06) de Berlin en 1936, Jesse Owens aurait battu cinq des douze finalistes de Paris.

Le 1 500 m masculin a vu la défaite surprenante du Norvégien Jakob Ingebrigtsen (23 ans). Le tenant du titre avait imprimé un rythme très soutenu mais n’a pas contrôlé la course jusqu’au bout, se faisant dépasser à la corde par l’Américain Cole Hocker, et à l’extérieur par le Britannique Josh Kerr et l’autre Américain Yared Nuguse.

Au 3 000 m steeple, une belle ovation a salué la performance inattendue de la Française Alice Finot, 4e après une belle remontée un peu trop tardive, et nouvelle recordwoman d’Europe en 8 min 58 s 67. A 33 ans, elle acquiert ainsi un nouveau statut qui va lui permettre de vivre plus confortablement de sa passion. L’épreuve a été emportée par l’ancienne Kényane et néo-Barheïnie Winfred Yavi (24 ans), championne du monde de la distance, devant l’Ougandaise Peruth Chemutai (25 ans), tenante du titre, et la Kényane Faith Cherotich (20 ans).

Le 200 m féminin a confirmé l’éclipse étonnante des sprinteuses jamaïcaines, mais a consacré une belle championne, l’Américaine Gabrielle Thomas, diplômée de Harvard et épidémiologiste. Elle a nettement devancé Julien Alfred, la récente lauréate du 100 m venue de Sainte-Lucie, et sa compatriote Britanny Brown, qui a arraché le bronze pour quelques centièmes à deux Britanniques et une Nigériane.

Le stade de France a salué aussi l’attitude de Louise Maraval, qui s’est qualifiée avec grand mérite pour la finale du 400 m haies où elle pourra nourrir quelques espoirs.

Les combattantes étaient aussi à l’honneur dans les sports collectifs, puisque les handballeuses bleues, décidément favorites de leur tournoi, ont écarté l’Allemagne (26-23). En football,  les Brésiliennes, plus hargneuses que brillantes, qui avaient repoussé les Françaises en quart, ont puni les favorites espagnoles en demie (4-2) et retrouveront les Américaines en finale, qui ont difficilement battu l’Allemagne (1-0, après prolongation).

Chez les hommes, les basketteurs français se sont enfin montrés dignes de leurs espoirs et de leur statut de vice-champions olympiques en dominant le Canada (82-73), ce dont plus grand monde ne les pensait capables. La Serbie, pour sa part, a retourné une situation mal embarquée contre l’Australie, qui menait de 24 points dans le 2e quart-temps. Tout comme l’Allemagne, future adversaire de la France, face la Grèce qui a mené les débats en première mi-temps. Ces valeureuses formations vont s’entrebattre pour l’honneur de prendre une rouste en finale face aux Américains.

Sur la piste du vélodrome, les Français sont loin de leurs premières médailles, attribuées aux nouvelles puissances : Grande-Bretagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Australie.

VIGNETTES

¤ Le sauteur en hauteur italien, Gianmarco Tamberi, ne sera pas peut-être pas de nouveau champion olympique, mais on peut être certain qu’il va faire de nouveau son show. Cela commence avec une arrivée scénarisée au pied du sautoir, à coups de communiqués médicaux et de déclarations pathétiques. Suite au prochain numéro…

¤ L’Allemagne a provoqué une douleur intense au pays le plus peuplé de la planète en battant l’Inde en demi-finale du tournoi masculin de hockey. Elle retrouvera les Pays-Bas en finale, tandis que les Indiens chercheront le bronze face aux Espagnols. Chez les dames, les demi-finales opposent l’Argentine aux Pays-Bas et la Belgique à la Chine.

¤ En équitation, le Français Julien Epaillard s’est classé quatrième du concours de sauts d’obstacle, derrière l’Allemand Christian Kukut, le Suisse Steve Guerdat, et le Néerlandais Maikel van der Vleuten.

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