JO 2024 : gagné ? perdu ?  En tout cas, bien joué

Billet de blog
le 11 Août 2024
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Le débat sur le bilan final du sport français n’a pas lieu d’être. Les récompenses n’ont jamais été si nombreuses, alors que la concurrence internationale n’a jamais été aussi relevée. La fête est toujours présente autour des compétitions, et le patriotisme s’est présenté en source de motivation, pas en débordement d’agressivité.

Les grincheux élèvent la voix, et rabaissent le niveau du débat : selon eux, une finale, ça se gagne, un point c’est tout. Les Français en ont perdu quatre sur six disputées et la dernière, contre les basketteuses américaines, ne semble pas pouvoir améliorer la moyenne. La discussion est absurde. Les sélections nationales ont eu bien du mérite pour gagner l’honneur d’affronter les favoris de leurs disciplines. Elles ont gagné deux finales, en rugby à VII et au volley masculin, contre des totems de leur sport, et ont perdu les autres en défendant leurs maigres chances jusqu’au bout. A l’exception peut-être des handballeuses, dont le réservoir d’enthousiasme et d’énergie avait été vidé par l’âpre combat livré contre la Suède en demi-finale, et qui se sont éteintes devant le talent et l’expérience de leurs adversaires norvégiennes (21-29).

Nos volleyeurs ont survolé leur match contre les Polonais (3-0) au palmarès plus rebondi, qui sont apparus résignés dès le début de la finale devant la folie des tribunes et les audaces des tenants du titre olympique, multipliant des erreurs inhabituelles notamment au service. Cette sélection jusqu’ici imprévisible est en train d’acquérir le sang-froid et le réalisme qui lui faisaient défaut, et tous ses joueurs en partagent le mérite, ce qui la préserve des poisons internes.

Face aux Américains, les basketteurs ont fait bonne figure, gardant l’illusion qu’un retour restait possible jusqu’au moment décisif du « money time ». A ce moment, les candidats à la NBA ont tenté un peu n’importe quoi, tandis que les stars du championnat américain ont démontré les qualités qui les placent au-dessus du panier : le meilleur shooteur du monde, Steven Curry, a dégainé quatre paniers à 3 points, pour noyer les illusions des Français (98-87).

Les Serbes s’étaient montrés plus dangereux pour les « Avengers » en menant au score pendant les trois quarts du match, et en pratiquant un jeu mieux maîtrisé et plus réaliste. Ils ont mérité leur médaille de bronze en écartant (93-83) l’Allemagne qui avait tant fait souffrir les Bleus en demi-finale.

Ce n’est plus un paradoxe, mais bien une constatation rémanente : les Français, si bougons et individualistes, ne sont jamais meilleurs que dans un collectif, quand la petite défaillance de l’un est compensée par l’inspiration de l’autre et quand les grosses têtes sont remises au gabarit par les coups de gueule des petits copains.

Les exceptions existent, naturellement, et la taekwondoiste (c’est bien le terme ?) Althéa Laurin, déjà médaillée de bronze à Tokyo, s’est imposée seule en finale des plus de 67 kg face à Svetlana Osipova, une énième combattante venue d’Ouzbékistan (8 titres et 11 médailles en judo, lutte, boxe et taekwondo !).

En revanche, les autres « chances » de médailles, comme en escalade et au pentathlon moderne, se sont évaporées quand la réalité sportive a pris le pas sur les illusions entretenues par des vendeurs de cravates qui parlent de sport mais pensent à la pub. Reste que tout le monde s’est bien battu.

On peut légitimement être déçu de ce que le cyclisme sur piste, fournisseur habituel du tableau des médailles, n’ait apporté qu’un seul titre au clan français, mais l’explication tient justement dans le fait qu’il s’agit d’un clan, alors que la compétition s’est ouverte au monde entier. Un Erythréen a emporté le maillot vert du Tour de France, et un duo de Portugais s’est imposé dans « l’américaine » où les Français ont terminé à la dernière place.

La golfeuse Céline Boutier avait bien commencé, mais a plus difficilement fini, pour échouer à la 18e place du tournoi, à huit coups de la gagnante, ce qui n’est pas un naufrage. La Néo-Zélandaise Lydia Ko a devancé une Allemande et une Chinoise, qui ont touché la réussite dans un sport qui chamboule sa hiérarchie en permanence.

Le breaking, lors de sa météorique participation aux Jeux, a octroyé une médaille d’argent au pays qui l’accueillait. C’est sympa, merci bien ! On a déjà oublié le reste, tout de même moins décoratif que les attraits des autres squatteurs du programme olympique : natation artistique, gymnastique rythmique, skate. Il existe déjà bien assez de disciplines soumises au jugement d’experts improbables pour en ajouter de nouvelles. Même si elles sont appréciées des habituels mateurs des courbes d’audience TV. Le beach-volley, par exemple, n’a qu’un atout : le duo vainqueur est celui qui marque le plus grand nombre de points, pas celui qui a les lunettes de soleil les plus inventives.

Pour sa dernière soirée au stade de France, l’athlétisme a fait fort, saluant ses vedettes, révélant de nouveaux talents et des dramaturgies inédites.

La Française Cyréna Samba-Mayela a cru un instant arracher une victoire inespérée sur 100 m haies, pour constater qu’elle n’avait été devancée que d’un centième par l’Américaine Masai Russell (12 s 33). Sa performance permet à la sélection nationale de sauver la face, avec une médaille pour la dernière journée de compétition, et elle laisse espérer un avenir brillant à cette jeune athlète de 23 ans.

Le 1 500 m a été survolé par la Kényane Faith Kipyegon. En 3 min 51 s 29, elle établit un nouveau record olympique et améliore de plus de 17 secondes la performance qui lui avait permis de s’imposer une première fois aux JO de Rio. La Française Agathe Guillemot a terminé 9e après avoir réalisé un beau record de France en demie (3 min 56 s 69).

La Japonaise Haruka Kitaguchi s’est imposée au javelot devant la Sud-Africaine Jo-Ane VVan Dick et la première des Européennes, la Tchèque Nikola Ogrodnikova.

Le relais féminin du 4 X 400 m ne pouvait pas échapper aux Etats-Unis, qui ont franchi la ligne avec 40 m d’avance sur les Pays-Bas, pour qui Femke Bol a chipé l’argent aux Britanniques.

Côté garçons, le concours de saut en hauteur a atteint des sommets dramatiques. Le fantasque Italien Gianmarco Tamberi a fait son show habituel, mais il était vraiment diminué par des soucis de santé et a dû se contenter de la 11e place avec 2 m 22. L’aisance avec laquelle il a effacé cette barre à son troisième essai laissait entrevoir une participation plus durable. Son compère Mutaz Essa Barshim, avec lequel il avait partagé le titre olympique à Tokyo, a dû se contenter du bronze en sautant 2 m 34. Sa quatrième médaille olympique, performance historique dans cette discipline ultra-compétitive. Les deux révélations du concours n’arrivaient pas à se départager à 2 m 38, et ont choisi cette fois de participer à un barrage car chacun ne souhaitait pas devoir couper en deux la gloire attachée à une telle victoire. L’Américain Shelby McEwen a perdu à ce jeu, en échouant à franchir une barre placée à 2 m 34 qu’il avait vaincue quelques minutes plus tôt. Au contraire du Néo-Zélandais Hamish Kerr, vainqueur surprenant de ce concours interminable.

Le Norvégien Jakob Ingebrigtsen s’est racheté sur 5 000 m de son échec sur 1 500 m en s’imposant avec autorité sur le Kényan Ronald Kwemoi et l’Américain Grant Fisher. Les Français Yann Schrub et Hugo May n’ont pas joué de rôle dans la finale.

Autre espoir de médaille pour les Bleus, Gabriel Tual (1 min 42 s 14) n’a pas pu faire mieux que 6e de la finale du 800 m, dont il avait abordé en tête la dernière ligne droite. Ce n’est pas une déception, tant la course a atteint un niveau impressionnant. Le Kényan Emmanuel Wanyonyi (1 min 41 s 19) s’est imposé d’une épaisseur de maillot devant le Canadien Marco Arop (1 min 41 s 20) et l’Algérien Djamel Sedjati (1 mn 41 s 50). Ce dernier aura du mal à conserver sa médaille, car il est dans le collimateur des contrôleurs.

Le relais 4 X 400 m des garçons a été gagné par les Etats-Unis, qui ont dû batailler jusqu’à la ligne avec le Bostwana, dont le dernier relayeur était le champion olympique du 200 m, Letsile Tebogo. Les Français ont été victimes d’une bousculade, incident fréquent dans cette épreuve, et ont terminé 9es.

La finale du marathon, disputée sur un parcours majestueux mais très éprouvant, a couronné l’Ethiopien Tamirat Tola, qui est parvenu à battre le record olympique en 2 h 6 min 26 s. Il a devancé le Belge Bashir Abdi et le Kényan Benson Kiproto. Deux légendes de l’athlétisme ont sombré dans la côte du Pavé des Gardes : l’Ethiopien Kenenisa Bekele (qui a tenu à terminer la course à la 39e place), et son vieux rival des courses de fond, le Kényan Eliud Kipchoge, double champion olympique, qui a abandonné. Chez les Français, Nicolas Navarro s’est classé 16e et Hassan Chadhi 20e, alors qu’il avait été averti de sa désignation à la veille de la course. Les dirigeants ont eux aussi une belle marge de progression.

VIGNETTES

¤ Une réclamation auprès du Tribunal arbitral du sport a porté ses fruits et la Roumaine Ana Barboso, injustement pénalisée, a récupéré dans l’épreuve du sol la médaille de bronze attribuée à l’Américaine Jordan Chiles. Cette dernière aura tout de même la satisfaction d’avoir posé pour les photographes sur le podium, au côté de la méga-star Simone Biles. Dans un imbroglio réglementaire dont les détails font rêver, les juges ont été déjugés par d’autres juges, ça fait tourner leur boutique.

¤ La Slovène Jarnya Garnbret, grande favorite et tenante du titre, s’est aisément imposée en escalade, dans l’épreuve « bloc et difficulté ». La jeune Française (19 ans) Oriane Bertone, qui vit à La Réunion, a terminé 8e de la finale.

¤ Les Etats-Unis ont battu le Brésil (1-0) en finale du tournoi féminin de football, comme une démonstration de football moderne face aux gris-gris traditionnels. De son côté, l’Espagne s’est imposée (11-9) à l’Australie en finale du tournoi féminin de water-polo. Avec un très joli maillot…

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