JO 2024 : et un, et deux, et trois…

Billet de blog
le 1 Août 2024
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Troisième titre pour Léon Marchand, qui entre dans l’histoire de la natation avec un doublé prodigieux réalisé dans la même soirée, et trois médailles d’or pour la France, grâce à la triathlète Cassandre Beaugrand. L’euphorie collective continue.

Le nageur Léon Marchand a réussi en une soirée un exploit qui le place au sommet du sport français, toutes disciplines confondues. On tente ici de proscrire l’abus de superlatifs, pour privilégier la qualité des émotions ressenties. Marchand est un spécialiste des épreuves un peu délaissées par les plus doués des nageurs, qu’on retrouve généralement en crawl et sur le dos. Mais il s’impose dans un sport majeur, pratiqué sur toute la planète. Déjà titré sur l’épreuve reine des bosseurs, il a dépossédé l’icône de sa discipline, Michael Phelps, du dernier de ses records mondiaux sur 400 m 4 nages, et s’est attiré l’hommage affectueux et respectueux de l’Américain, qui était lui aussi entraîné par Bob Bowman.

Tenter de gagner deux courses exigeantes (200 m papillon et 200 m brasse) lors de la même soirée était un défi colossal. Y parvenir en écartant une concurrence relevée sans l’ombre d’un débat est un accomplissement qui force l’admiration et marque l’histoire. Obtenir cette communion avec un public gigantesque, qui a suivi son chemin vers les deux podiums même quand il assistait à d’autres compétitions dans d’autres stades, est un autre exploit exceptionnel. Marchand est devenu instantanément le héros du pays, charmé par son équilibre, son intelligence, sa simplicité.

Pour accompagner ces deux exploits, la piscine olympique a eu le privilège d’assister au sacre, tardif et mérité, de la Suédoise Sarah Sjöström (30 ans) sur 100 m et à celui de l’Américaine Katie Ledecky (27 ans), qui a emporté sur 1 500 m son 8e titre olympique. Sur cette distance, la Française d’origine russe Anastasia Kirpichnikova a obtenu une magnifique et inattendue médaille d’argent, avec une joie réjouissante.

Cette soirée idyllique s’est terminée un peu en eau de boudin dans le silence embarrassé qui a accueilli la victoire du Chinois Pan Zhanle sur 100 m. Certes, il détenait déjà le record du monde de la distance depuis quelque mois. Mais… Mais on n’avait jamais assisté à un tel écart avec une adversité redoutable (le tenant du titre, et l’ancien recordman du monde) dans une finale olympique sur la distance reine. Mais on n’avait jamais vu un record du monde y être amélioré avec une telle marge (quatre dixièmes) dans un bassin dont tout le monde regrette la lenteur. On n’avait jamais vu un des plus grands talents de la planète sur 50 m (le Français Maxime Grousset, finalement 5e) qui avait décidé de jeter son va-tout dans la première longueur, se faire avaler par le futur champion avant même la mi-course. Mais Pan s’était qualifié par la peau des dents en série, puis avait réalisé le meilleur temps des demi-finales, confirmant une inconstance étonnante. Mais, et surtout, il fait partie d’une délégation chinoise dont les performances sont fortement entourées de soupçons pharmaceutiques, et ce depuis des âges… On ne sait pas trop quoi en penser, quoi en dire. Ce qu’on sait simplement, c’est que l’exploit exceptionnel réalisé sur 100 m restera dans l’ombre du doublé unique que Marchand a su imaginer. Il faut aussi le remercier pour cela.

Le troisième titre obtenu le même jour par les Français est l’œuvre de Cassandre Beaugrand sur le triathlon, ce qui est une première dans un sport où les Tricolores n’arrivaient pas à transformer leurs occasions précédentes. Son mérite est immense. D’abord parce qu’elle est parvenue à surmonter ses propres doutes, en s’imposant sans discussion au terme de la course à pied. Ensuite, parce que, comme tous les concurrents des deux épreuves, elle a survécu à son bain dans la Seine. La ministre des Sports, la maire de Paris, et le président du COJO avaient montré l’exemple, mais ils ont le cuir plus tanné. La pluie, qui avait pourtant détrempé le parcours et provoqué de nombreuses chutes dans la partie cycliste de l’épreuve, a eu la délicatesse de ne pas faire gonfler le résultat des analyses bactériologiques. Une concurrente belge s’est plainte de ce que les organisateurs s’étaient plus préoccupés de la qualité de la retransmission TV que du bien-être des concurrents, ce qui n’est pas faux. Mais le spectacle a effectivement été à la hauteur, dans un cadre somptueux, ce qui devrait profiter à tous les acteurs de cette discipline exigeante et parfois injuste. La Belge a trouvé la Seine et les ponts peu ragoûtants, ce qui surprend un peu de la part de la citoyenne d’un pays où l’emblème national est le Manneken Piss.

Le Français Leo Bergère a obtenu le bronze dans l’épreuve masculine (il peut, il peut Bergère…), ce qui laisse entrevoir un résultat brillant dans le relais mixte. Si la pluie le permet.

Une autre forme de pluie, avec des gouttes en bronze, a rafraichi la délégation française.

La médaille du jour en judo n’est pas venue de Marie-Eve Gahié, comme on le prévoyait, mais d’un athlète inconnu âgé de 23 ans, Maxime-Gaël Ngayap-Hambou, à qui il va falloir attribuer rapidement un diminutif car on sera probablement amené à reparler de lui dans le futur.

Le BMX freestyle park, qui se pratique sur un vélo peu adapté pour aller au marché faire ses courses et sur un terrain très adapté pour fracasser le même vélo, a couronné José Torres Gil, un Argentin (grr, dit la foule), devant Kieran Reilly, un Britannique (grr, grr, gronde la foule), et Anthony Jeanjean, un Français parait-il spolié par les juges (« A la Seine, l’arbitre ! », explose la foule).

Dans une discipline plus classique, et une ambiance tout aussi survoltée, les sabreurs français ont obtenu le bronze. Pour ce faire, ils ont battu l’Egypte (avec qui ils partagent les mêmes entraîneurs) et l’Iran (qui s’était débarrassé des Etats-Unis, leur médaille à eux), après leur défaite contre les Sud-Coréens. Démonstration de l’évolution de ce sport jusque-là un peu empoussiéré, qui utilise au mieux la vidéo et l’expérience d’arbitres féminines, et sanctionne les attitudes attentistes. Les sauts de cabri du Français Sébastien Patrice, par ailleurs d’une efficacité remarquable, auront leur place dans l’armoire aux souvenirs.

L’Australienne Jessica Fox, née et licenciée à Marseille, a obtenu un doublé olympique inédit dans les épreuves de slalom en eaux vives, puisqu’elle s’est imposée à la fois en canoë et en kayak. Elle avait déjà réalisé cette performance aux championnats du monde en 2024 et en 2018. Cette surdouée a, on le sait, de qui tenir puisqu’elle est la fille de Richard Fox et Myriam Jerusalmi, autres champions multi-titrés de la discipline. A l’âge de 30 ans, elle survole avec grâce les remous de ces épreuves compliquées.

L’eau ne favorise pas systématiquement les Français, puisque l’aviron national s’est perdu corps et biens. Il lui faut un sursaut pour remettre au goût de la jeunesse ce sport admirable et irréprochable.

Autre échec collectif, inexcusable celui-là : le tennis a perdu tous ses représentants, surtout dans les doubles dont les paires ont été bricolées in extremis sans parvenir à sauver la face. Le Tchèque Ivan Ljubicic avait été tardivement missionné pour découvrir les entraves que les dirigeants fédéraux n’arrivent pas à discerner eux-mêmes. Ecoeuré par le constat et les résultats, il a aussitôt démissionné. Il serait surprenant que les dirigeants l’imitent, même si on se demande ce qu’il leur faut de plus pour qu’ils le fassent.

En sportko, on se dirige partout vers les quarts de finale, moment décisif où la perspective de médaille se dessine, et les risques de fiasco apparaissent. Contre toute attente, les handballeurs bleus restent englués et leurs totems historiques semblent vermoulus. Les footballeuses se sont qualifiées, grâce à la meilleure buteuse du tournoi, Marie-Antoinette Kakoto, mais pas par la qualité de leur jeu collectif.

D’autres animateurs de la journée ont été les voileux à Marseille, où on a retrouvé de l’air, et Félix Lebrun au tennis de table, qui a retrouvé un second souffle en huitième de finale.

VIGNETTES

¤ Longtemps critiquée pour le manque de soins dont elle entourait les chevaux, l’équitation veut désormais montrer l’exemple. « Viking d’la Rousserie », la monture du cavalier français de saut d’obstacles Kevin Staut, a été recalée à l’issue des visites médicales devenues obligatoires. Le couple sera donc remplacé pour l’épreuve par équipes, mais, en cas d’amélioration de la blessure découverte, pourrait participer à l’épreuve individuelle.

¤ Le podium de l’épreuve par équipes mixte de tennis de table a procuré un moment étonnant, avec une célébration conviviale entre les duos de Corée du Nord (argent) et Corée du Sud (bronze) qui encadraient les intouchables Chinois. La diplomatie du ping-pong serait-elle en train de renaître ?

 

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