JO 2024 : à la fin, c’est la France qui gagne ?

Billet de blog
le 8 Août 2024
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Les matchs par élimination ne sont plus aussi défavorables aux Français que naguère. N’en déplaise aux piètres stratèges qui inondent les réseaux sociaux d’analyses boueuses, après la défaite calamiteuse des handballeurs français, champions olympiques en titre, sortis par les Allemands en quart de finale.

Six secondes à jouer, un but d’avance et la dernière possession. Les handballeurs français semblaient s’être sortis une fois de plus d’une chausse-trape face aux Allemands qui connaissent si bien leurs défauts. Mais voilà, Dika Nem, peut-être le meilleur de son équipe pendant un tournoi passablement inquiétant, s’est retrouvé entouré par trois adversaires. Coincé par le temps qui l’obligeait à se débarrasser de la balle, l’absence d’un partenaire envoyé sur le banc, et le règlement qui lui interdisait de faire une passe à son goal, Nem a manqué sa dernière passe. Koester l’a interceptée, puis lancé son partenaire Uscins vers l’avant, et l’attaquant allemand a réussi son tir pour envoyer l’Allemagne en prolongation. C’était finement joué, et la France le sait bien pour avoir gagné tant de matchs à l’issue d’un renversement similaire. Faut-il incriminer aussi le gardien Vincent Gérard, glorieux ancien, qui avait tenu le match pour son équipe ? Etait-il interdit aux Français de s’imposer pendant la prolongation, qui s’est conclue par un autre tir victorieux des Allemands au bi du bout du temps ?

Ces débats sont trop compliqués pour les analystes à la bouse de vache qui polluent les réseaux sociaux, en piétinant toutes les valeurs sportives qu’ils sont censés apprécier et qu’ils se permettent d’invoquer. Ils se sont acharnés sur le malheureux Dika Dem, dans un déferlement de coliques informatisées. Et sur le sélectionneur Guillaume Gille, qui aurait favorisé outrageusement ses anciens coéquipiers, plutôt que les petits jeunes. Pour rappel, les mêmes ont gagné le Championnat d’Europe fin janvier 2024… Et les séries de victoires successives sont comme les autres : plus elles durent, plus elles se rapprochent de leur fin.

Ce qui est bien fini aussi, c’est le complexe congénital des sportifs français quand ils affrontent des Allemands. Les étrangetés des calendriers olympiques ont programmé cinq affrontements entre les deux nations. Les Allemands ont gagné chez les handballeurs, mais ils ont perdu chez les handballeuses, chez les basketteuses, chez les volleyeurs (sur le fil…). Et ils ne font pas les fiers au moment de retrouver les basketteurs qu’ils ont corrigés en poule.

Les Français sont déjà assurés de jouer deux finales, en volley et en football, et leur bilan global devrait ressembler au butin qu’ils avaient ramené de Tokyo. Ce n’est donc plus une surprise, comme il n’est plus stupéfiant de voir les volleyeurs coller une trempe (3-0) en demi-finale à l’Italie, dont l’équipe paraît une copie conforme de la nôtre.

Les boxeurs évoluent désormais à Roland-Garros, écrin des combats pour les médailles. Les Français sont assurés d’en obtenir trois, ce qui est un résultat très honorable. Djamili Dini Aboudou-Moindze a obtenu le bronze, après sa défaite indiscutable en demi-finale des poids lourds contre l’Espagnol Ayoub Ghadfa-Drissel. Celui-ci est un remarquable styliste et sa finale contre l’impénétrable Ouzbek Bakhodin Jalolov vaudra le coup d’œil.

La défaite, d’un souffle, de Sofiane Oumiha serre le cœur, tant cet admirable boxeur méritait un titre sur l’ensemble de sa carrière (il avait déjà obtenu l’argent à Rio). Mais son adversaire cubain, Erislandy Alvares Borges, est apparu légèrement supérieur à l’issue d’un combat étouffant, où ces deux stylistes se sont vu entraîner dans un combat de rue.

Du côté du taekwondo, dont il faut bien parler puisqu’il existe au programme, un jeune Français Cyrian Ravet a vu une médaille de bronze lui tomber dans la poche, sans combattre puisque son adversaire italien s’était blessé dans son combat précédent. Il avait gagné sur le fil son premier duel contre un Russe, perdu le deuxième contre le futur champion sud-coréen Tae-joon Park, et gagné son repêchage contre un Colombien, Yohandri Granado. Le taek, c’est moins dur que le judo, et on y voit du pays.

Pendant la promenade hygiénique dans la galaxie du sport, on s’est attardé un instant sur les plateaux d’haltérophilie. Comme la boxe, ce sport antique court en permanence le danger d’être exclu du programme, en raison de ses tares traditionnelles qu’il peine à faire disparaître. Il faut insister : c’est un spectacle magnifique, plein de dramaturgie, où on découvre au plus près l’intensité d’un effort et la palette des émotions qu’il génère. Dans les « petites » catégories, des bouts d’homme musculeux s’affrontent à coup de défis, d’impasses, de paris, et c’est captivant. Un Chinois de moins de 61 kg, Fabin Li, a ainsi soulevé un total de 310 kg, entre un arraché à 143 kg et un épaulé-jeté à 167 kg. Il devance un Thaïlandais et un Américain, tout heureux d’apporter la première médaille depuis 1984 à son pays dans cette discipline. Chez les femmes, en moins de 49 kg, sa compatriote Zhihui Hou a terrorisé ses adversaires avec un total de 206 kg, avec 89 kg à l’arraché et 117 kg à l’épaulé-jeté (plus de deux fois son poids de corps !).

Côté vélodrome, les Français continuent de décevoir. La vitesse par équipes, ancienne spécialité, s’est donnée aux Pays-Bas, record du monde à la clé, devant la Grande-Bretagne et l’Australie. La France est pour la première fois absente du podium. En poursuite par équipes, les Tricolores sont cinquièmes chez les féminines et sixièmes chez les garçons. Ne cherchez pas comment Australie et Grande-Bretagne nous surpassent au classement général des médailles, c’est là que cela se passe.

 La soirée d’athlétisme a procuré, mercredi 7 août, son lot quotidien de bonheurs, de drames et de rédemptions.

Le 400 m masculin a donné lieu à une course d’anthologie, arrachée par l’Américain Quincy Hall au terme d’une remontée fantastique, devant le Britannique Matthew Hudson-Smith, et le Zambien Muzala Samukonga.  Cinq athlètes sont descendus sous la barre des 43 secondes !

Au 3 000 m steeple, le Marocain Soufiane El Bakkali a confirmé son titre de Tokyo, aux dépens de l’Américain Kenneth Brooks et du Kényan Abraham Kibiwot. Le recordman du monde Lamecha Girma (Ethiopie) a été victime d’une chute dramatique dans l’emballage final et a dû être évacué sur une civière après avoir été touché au dos et à la tête.

L’Australienne Nina Kennedy s’est imposée à la perche (4 m 90), devant la tenante du titre américaine Katie Moon et la Canadienne Alysha Newman. Kennedy s’était perdue dans une profonde dépression, qu’elle a ainsi brillamment repoussée dans le ciel.

Au lancer du disque, le Jamaïcain Roje Stona (25 ans) a surpris le monde entier par sa victoire et son adversaire Mykolas Alekna pour une queue de cerise (70 m contre 69 m 97). Le Lituanien de 21 ans venait à peine d’améliorer le record olympique détenu depuis 38 ans par son père Virgilijus, champion olympique en 2000 et 2004. Matthew Denny, l’Australien, a obtenu le bronze en dépassant lui-aussi les 69 m de 31 cm.

VIGNETTES

¤ Les Françaises ont terminé quatrièmes en natation artistique, et déplorent que leur créativité saluée par le public n’ait pas été récompensée par les juges. Les sports de jugement sont une plaie, sur terre et sous l’eau, et à chaque fois, nos sportifs semblent le découvrir. Quand ils ne bénéficient pas eux-mêmes des erreurs. Cela vaut tout de même mieux que le jugement des tribunes.

 ¤ Le skate-board park a couronné l’Australien Keegan Palmer, devant l’Américain Tom Shaar et le Brésilien Augusto Akio. Palmer conserve ainsi le titre acquis à Tokyo, peut-on dire qu’il est repassé sur la planche ?

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