IMAGINER UN NOUVEL URBANISME (3)

Billet de blog
le 29 Oct 2022
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UN URBANISME POLITIQUE POUR MARSEILLE

Il y a plusieurs semaines, nous avions proposé ici quelques réflexions sur l’urbanisme à Marseille. Nous les concluons aujourd’hui en proposant ce que serait, pour notre ville, un urbanisme politique.

Qu’est-ce qu’un urbanisme politique ?

Même si tout urbanisme est politique, puisque le rôle de l’urbanisme est d’imaginer la ville et sa politique de demain, un urbanisme politique est un urbanisme qui articule pleinement les projets pour la ville, les pouvoirs qui les imaginent et ceux qui les mettent en œuvre. À Marseille, l’urbanisme politique se pense de trois manières. D’abord, il s’agit d’un urbanisme fondé sur la confrontation entre les pouvoirs multiples qui portent sur l’espace de la ville : pouvoir municipal, pouvoir métropolitain, pouvoirs nationaux. L’urbanisme politique de Marseille imagine l’espace politique de la ville et de la métropole tel qu’il est conçu par les pouvoirs qui confrontent l’une à l’autre leurs conceptions de la ville. Sans doute, par exemple, l’urbanisme politique de la ville se pense-t-il aussi comme la confrontation entre l’engagement urbain des pouvoirs économiques et financiers, celui des pouvoirs qui se manifestent dans les quartiers comme les pouvoirs associatifs, et celui des pouvoirs techniques ou technocratiques comme ceux des urbanistes et de l’agence d’urbanisme de la métropole. Par ailleurs, un urbanisme politique met en œuvre dans les aménagements et les constructions de la ville des projets politiques élaborés par les acteurs comme les partis ou les mouvements politiques. Un urbanisme politique est, ainsi, une sorte d’espace public dans lequel les projets pour Marseille du P.S, ceux des écologistes, ceux du P.C.F., ceux des Insoumis et ceux de la droite macroniste ou républicaine se confrontent les uns aux autres dans un débat public. Encore faut-il que tous les partis aient des projets pour l’avenir de la ville et de la métropole. Enfin, un urbanisme politique articule le présent et le futur de la ville et de ses aménagements aux projets et aux réalisations qui s’inscrivent dans l’histoire politique, dans le passé des débats qu’elle a pu connaître au sujet de ses aménagements : en ce sens, il s’agit d’une histoire politique de l’urbanisme de la ville.

 

La confrontation entre le pouvoir de la ville et celui de la métropole

L’urbanisme est un domaine majeur dans lequel le pouvoir de la municipalité se confronte à celui de la métropole – ce qui est particulièrement sensible dans des situations comme celle d’aujourd’hui au cours desquelles les deux pouvoirs n’appartiennent pas au même courant. Un urbanisme de gauche ne peut pas se confondre avec un urbanisme de droite. Mais, en même temps, cette confrontation a l’intérêt de faire pleinement apparaître les spécificités de l’un et celle de l’autre. On voit plus clairement ce que sont un urbanisme de gauche et un urbanisme de droite quand on les voit à l’œuvre sur le terrain, dans l’espace marseillais, comme, par exemple, quand il s’agit de faire des choix concernant la réhabilitation du Panier ou des choix concernant de nouveaux aménagements dans les quartiers Nord. C’est bien pourquoi les projets de la municipalité ne se confondent pas avec ceux de la métropole. On peur aussi s’en rendre compte dans le choix des priorités, dans l’ordre dans lequel l’un et l’autre ordonnent les aménagements des quartiers. Enfin, c’est dans le domaine des transports publics et de la circulation que l’urbanisme de la municipalité s’oppose à celui de la métropole, à la fois dans les choix de gauche et ceux de droite en matière de choix des modes de transport et dans leurs choix en matière de quartiers à desservir.

 

Un urbanisme qui en finisse avec les inégalités

Sans doute est-ce là la dimension la plus criante des différences politiques entre les urbanismes. Si, pour la droite, l’urbanisme n’est pas là pour mettre fin aux inégalités mais plutôt pour imaginer un espace urbain plutôt consacré aux activités commerciales et financières, pour la gauche, l’urbanisme est une arme qu’elle utilise pour réduire les inégalités. Tandis qu’un urbanisme de droite va desservir en priorité les quartiers habités par les populations favorisés et mettre l’accent sur les usages élitistes de l’espace urbain, un urbanisme de gauche va mettre l’accent sur l’aménagement de logements convenables pour tous, sur la desserte égale entre les quartiers et sur la préoccupation écologique de l’aménagement. À Marseille, l’urbanisme peut en finir avec les inégalités et, en particulier, avec les différences entre quartiers, notamment entre le Nord et le Sud, ou, au contraire, les pérenniser. C’est en ce point que les choix en matière d’urbanisme expriment le plus nettement les différences entre les identités et entre les orientations.

L’articulation politique entre l’urbanisme et la culture

Ne nous trompons pas : la culture es un élément fondamental de l’urbanisme. Elle est même, sans doute, le point de l’urbanisme le plus sensible aux projets politiques. On peut relever, en particulier, trois éléments majeurs de la politique culturelle de l’urbanisme. Le premier est l’élaboration d’une géographie urbaine et métropolitaine des implantations culturelles : comment l’urbanisme peut prévoir et réguler la conception architecturale des équipements culturels et leur implantation dans l’espace métropolitain. Le second point est l’élaboration d’une esthétique de l’urbanisme : il s’agit là de la façon dont la politique de l’urbanisme agit sur l’architecture des aménagements et des constructions – mais aussi sur l’entretien du patrimoine architectural et sur la politique de sa conservation. Enfin, la dimension culturelle de l’urbanisme est l’articulation entre le temps long de la ville et de ses aménagements – la projection de l’urbanisme dans l’histoire et dans le futur – et son temps court, celui de la quotidienneté des pratiques sociales. La culture urbaine est une articulation entre ces deux temps, que l’on peut aussi définir comme le temps de la conception de la ville et celui de l’habitation. C’est le rôle de la culture de l’urbanisme de manifester cette articulation.

 

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