Une absence de gouvernance de la ville

IL FAUT UN PROJET POLITIQUE POUR MARSEILLE

Billet de blog
le 4 Mar 2018
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L’approche des élections municipales, qui auront lieu en 2020 invite à engager le débat sur la politique de la ville à Marseille et à avoir un regard critique sur ce qu’il faut bien appeler une absence de gouvernance pour la ville et pour la métropole

IL FAUT UN PROJET POLITIQUE POUR MARSEILLE
IL FAUT UN PROJET POLITIQUE POUR MARSEILLE

IL FAUT UN PROJET POLITIQUE POUR MARSEILLE

Si nous disons qu’il faut un projet politique pour Marseille, ce n’est pas seulement un appel à concevoir un projet pour la ville, ce n’est pas seulement un appel à imaginer ce que pourraient être la ville et la métropole de Marseille de demain et concevoir les moyens de parvenir à les construire, c’est aussi faire le constat qu’on a l’impression qu’il n’y en a pas, pour le moment.

Un paysage de déclin

La première impression que l’on a en regardant le paysage urbain, à Marseille, est l’impression d’un déclin. Les rues ne sont pas entretenues, elles sont sales, les containers à ordures sont placés n’importe comment, les trottoirs ne sont pas nettoyés, les maisons sont en mauvais état et elles ne sont pas ravalées régulièrement. La ville qui fut un grand port et une métropole ambitieuse semble se réduire à un ensemble d’habitations sans cohérence. Marseille, somme toute, donne l’impression d’un « grand ensemble », c’est-à-dire d’un ensemble de nombreux logements dont l’architecture et les aménagements ne sont pas cohérents : un ensemble de logements posés là, les uns à côté des autres, sans avoir de relations les uns avec les autres et sans être pleinement habités, sans que les gens qui y vivent se les approprient pleinement et en fassent des manifestations de leur identité. Ce que désignait l’expression « grand ensemble » quand elle a été imaginée dans les années cinquante, des ensembles de logements sans identité et, en quelque sorte, sans signification, pourrait s’appliquer à c qu’est devenue Marseille aujourd’hui. C’est ce paysage qu’il devient urgent de repenser pour que la ville n’offre plus un paysage de déclin, mais pour que son image devienne ce qu’il faut : celui d’une grande ville, pleinement ouverte sur le futur et sur le monde.

Une absence de politique de la ville

Cette image de déclin renvoie, bien sûr, à ce que semble devenue la politique urbaine, à Marseille. La majorité de droite de la ville, qui est tout de même au pouvoir depuis plus de vingt ans, semble s’être contentée de gérer la ville sans lui donner de véritable projet. Même des circonstances comme le fait d’être devenue ville européenne de la culture n’ont pas suffi à la ville pour retrouver un véritable imaginaire, une véritable ambition et un véritable projet. Les traces de cette année qui aurait pu être une année d’élan et de renouveau se limitent à quelques objets comme le MUCEM. Mais cette absence de projet semble aussi frapper l’opposition municipale. En dehors de quelques acteurs isolés, on a l’impression que les partis de gauche n’ont pas plus de projet pour la ville. Il n’y a pas de véritable débat sur ce que pourrait être le devenir de la ville – en partie parce que les acteurs de cette ville n’ont pas de projets à confronter les uns aux autres. Quand la politique de notre pays ont imaginé, dans les années 80, le retour à ce qui s’est appelé, alors, la politique de la ville, c’était, certes, pour répondre à une urgence, celle d’une crise des banlieues, mais c’était aussi, sans doute, pour que faire retrouver aux villes le sens de leur existence même : être des cités, c’est-à-dire des espaces de citoyenneté, et être des villes, c’est-à-dire des espaces d’habitation active et engagée. Marseille semble, aujourd’hui, manquer de cette politique de la ville et elle doit la retrouver, la concevoir de nouveau dans une articulation entre le temps court du présent et le temps long à venir.

Engager aujourd’hui un débat sur des projets

En effet, c’est maintenant qu’il importe d’élaborer des projets pour la ville et d’engager le débat sur eux, à la fois parce que 2020, c’est demain et parce que, pour être de nouveau un espace réellement habité et un espace pleinement politique, l’espace d’une véritable cité, la ville doit imaginer un projet pour le futur. D’abord, nous l’avons déjà écrit ici mais il importe de le redire, la ville doit rendre sa place à la mer : la politique urbaine, à Marseille, doit se fonder sur ce qui l’a fait naître et sur ce qui a fait sa richesse. Par ailleurs, Marseille peut trouver un atout de développement et de nouvelle naissance dans la dimension économique et politique de la mer, en s’imposant comme une sorte de capitale de la Méditerranée. À la fois sur le plan politique, en accueillant des institutions méditerranéennes, sur le plan de la culture en concevant des lieux de recherche et de réflexion sur l’avenir de l’espace méditerranéen et sur le plan économique, en ne réduisant pas les échanges entre pays méditerranéens à des flux de migrations mais en fondant sur eux une véritable coopération et de véritables échanges, Marseille pourrait retrouver sa place de métropole méditerranéenne. La ville pourrait, ainsi, par exemple, donner naissance à un pôle d’échanges et de traduction entre les langues et les cultures méditerranéennes, à l’image de ce qu’est, à Paris, pour toutes les langues du monde, l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs, l’E.S.I.T. Elle pourrait aussi développer, à partir de l’École de journalisme et de communication de Marseille, un véritable pôle d’information, de documentation et d’échanges sur les pays méditerranéens et leur devenir. Enfin, et dans la suite de cette place de la mer, Marseille doit se donner une véritable politique économique qui ne se limite pas au tourisme, comme c’est le cas des villes mortes qui se réduisent à n’âtre que des figures du patrimoine. Pour cela, la ville doit rechercher de nouveaux métiers, de nouveaux horizons, de nouvelles logiques d’activité.

Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Je souscris assez largement à ce qui est écrit ici. Oui, il faut concevoir un projet, et il faut commencer à y réfléchir maintenant, afin qu’il soit prêt un an avant les municipales de 2020.

    Mais c’est d’un projet pour les vingt prochaines années dont a besoin Marseille, afin de résorber autant que faire se peut les conséquences de l’immobilisme et de la (non-)gestion à courte vue des deux dernières décennies. Qu’importe la durée du mandat, six ans : il faut penser loin.

    Je vais prendre une nouvelle fois l’exemple de Lyon : si le réseau de transport public de cette métropole est enviable, c’est en grande partie parce qu’elle applique bon an mal an un schéma directeur de long terme, qui transcende les majorités politiques et le calendrier électoral.

    Ici, on préfère promettre n’importe quoi et, ensuite, jeter de la poudre aux yeux (le fameux téléphérique, qui changera la vie de la plupart des Marseillais, bien sûr !). Ce sont ces pratiques politiques, où les électeurs sont pris pour des c.ns, qu’il faut changer. Et il y a une forte probabilité que, pour ce faire, on ne puisse compter ni sur la majorité gaudiniste, incompétente et faillie, ni sur ce qui reste du PS local, plus occupé à régler des comptes internes qu’à réfléchir à l’avenir.

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  2. Alceste. Alceste.

    Marseille se conjugue à l’imparfait. Ce fût un grand port , cette ville fût entretenue, ce fût une ville industrielle etc.
    Nos politiques se conjuguent aussi à l’imparfait, avec un maire qui date d’un autre temps et ses pratiques politiques qui vont avec, et plus particulièrement par un clientélisme effréné et une gestion municipale calamiteuse . Il n’est pas le seul, une opposition laminée qui a poussé au bout sa logique et a finalement implosé. Le PS local est mort de ses combines et de ses turpitudes.
    Marseille est tellement à l’imparfait que l’Etat lui même ne jette même plus un œil sur la cité phocéenne. Il semble qu’il attende que quelque chose se passe. 2020 c’est loin.
    Marseille n ‘a pas de vision à long terme ou du moins les politiques n ‘en émettent pas . Electeur du 8e en donne les raisons , le court terme. Il a raison.
    Ecœuré de nos politiques locaux , de leurs pratiques et de leur conceptions de la gestion de la Cité , je crois au Politique néanmoins ,et espère un épisode tel que celui de Vigouroux, avec des projets ambitieux, structurés , intelligents.. Mai avec qui ?: les Muselier, les Ghali , les Vassal , non merci comme aurait dit Cyrano.
    Cher Electeur du 8e , les marseillais sont pris pour des c.ns, mais visiblement cela ne les gênent pas trop depuis 20 ans , ils y reviennent régulièrement . C’est dur à écrire mais la réalité est bien celle là.
    Quel pourrait notre avenir ? Les pistes de BLAMIZET sont pertinentes mais elles ne pourront se réaliser que si une femme ou un homme avec une équipe d’envergure émerge. Si cette ville ne trouve pas une crédibilité incarnée , alors nous nous enfoncerons encore plus.
    Le reste n’est que littérature.

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  3. Voyageur Voyageur

    “les partis de gauche n’ont plus de projet pour Marseille”

    est-ce exact ? Nombre de membres du PS ont allègrement participé au projet global pour Marseille de Zone touristique à aménagement non concerté. Comme par exemple l’Îlot Tasso, Euromed, Le Panier, et tant d’autres opérations tiroirs caisses pour élus en cheville avec des promoteurs. Comment tirer l’argent public sans servir le public a été le projet d’un certain nombre d’élus passés et présents.

    Il y avait donc bien un projet à droite comme à gauche…

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