ÉCONOMIE DU LOGEMENT À MARSEILLE
L’appel lancé le 4 novembre par des citoyennes et des citoyens et par des associations « contre le logement cher à Marseille » invite à réfléchir sur l’économie du logement dans notre ville
Qu’est-ce qu’une économie du logement ?
L’économie du logement dans une ville ne se réduit pas au montant des loyers, même s’il s’agit de sa part la plus sensible pour celles et ceux qui y vivent. Plusieurs facteurs jouent un rôle dans le prix du logement, et c’est ainsi que se construit une véritable économie politique du logement urbain. Ces facteurs sont, d’abord, la répartition du logement dans l’espace urbain et métropolitain. Liée à cela, la charge du transport et des déplacements joue un rôle majeur dans cette économie : sans qu’ils apparaissent dans le loyer, les déplacements imposés ou permis par l’endroit où l’on habite constituent un facteur essentiel de ce que l’on peut appeler cette « économie subie » du logement. Par ailleurs, les coûts de l’entretien du logement peuvent être élevés – d’autant plus si les logements sont anciens et selon l’état des immeubles. L’économie du logement s’articule ici à l’économie du patrimoine, de l’architecture et de l’urbanisme. L’accès aux services de la vie quotidienne fait aussi partie de l’économie du logement. Dans un quartier sans commerces ou dans un quartier mal relié par les transports en commun, le prix du logement se trouve accru d’autant plus si les habitants ont à payer pour se déplacer pour faire leurs courses, pour aller travailler ou, tout simplement, pour aller dans le centre de la métropole. Enfin, l’économie du logement est liée aux contraintes de l’équipement : c’est une véritable ségrégation sociale qui se met en place selon que les immeubles sont ou non pourvus en ascenseurs, selon que les lieux dans lesquels on vit sont ou non perturbés par des nuisances, notamment sonores. On mesure les incidences de cette économie du logement en particulier quand on est à la recherche d’un espace où habiter.
De quoi est fait le prix du logement à Marseille ?
Le prix, c’est la valeur d’échange du logement. À Marseille, l’économie du logement a des particularités. D’abord, la plus évidente repose sur les différences sociales entre les quartiers de la ville. Nous vivons toujours dans une époque où les différences entre les quartiers riches de la ville et ses quartiers pauvres sont plus sensibles, plus aiguës, que dans d’autres villes. C’est ainsi, ensuite, sur se construit un marché du logement auquel sont soumis les habitants. Mais, comme tous les marchés, celui du logement est fait aussi bien de données objectivement économiques, notamment quand il s’agit de l’état ou de la dégradation des lieux de vie, que de données symboliques : certains quartiers ont une réputation que n’ont pas d’autres, et cet effet de réputation peut avoir une incidence considérable sur le prix du logement, sur sa valeur d’échange. C’est bien pourquoi l’appel du 4 novembre revendique l’élaboration d’un « agenda commun » de l’économie du logement pour mettre fin à ces différences sociales et à ces inégalités devenues insupportables à Marseille plus qu’ailleurs. Enfin, le paysage joue un rôle considérable dans l’économie du logement. Il y a, ainsi, une esthétique du logement qui contribue à l’évolution de ce qui est devenu un marché de l’immobilier, mais, de façon plus générale, du logement. On pourrait dire que l’esthétique des constructions et les conditions de vie dans les logements et dans les quartiers constituent une valeur d’usage du logement.
Quelles actions mener pour que le logement ne soit plus une contrainte à Marseille ?
À Marseille, une véritable politique du logement est destinée à élaborer les outils qui sont à la disposition des pouvoirs pour intervenir dans cette économie du logement, pour la réguler, et pour faire en sorte qu’elle ne se réduise plus, pour les habitantes et les habitants, à l’aliénation d’un marché. D’abord, il importe que les prix du logement, qu’il s’agisse du montant des loyers ou de la régulation des prix d’achat, soient établis dans le cadre d’une véritable concertation, sous l’autorité de la municipalité, entre les bailleurs et les locataires et entre les vendeurs et les acheteurs. À cet égard, les agences immobilières ont acquis une important qu’elles ne devraient pas avoir et dont il faut se libérer. Cette concertation permettrait à celles et à ceux qui vivent dans les logements d’avoir un pouvoir réel sur l’économie de leur habitation. Un deuxième élément de cette économie du logement est l’information. Au-delà des diagnostics innombrables et variés auxquels les usagers ne comprennent rien et qui donnent un vernis d’authenticité et de garantie de la consommation, les habitantes et les habitants à la recherche d’un logement devraient disposer d’informations précises et objectives et pouvoir se tourner vers des personnes qualifiées et compétentes pouvant les aider dans leur recherche et leur éviter de se faire gruger ou malmener par les acteurs du marché. À Marseille plus que dans d’autres villes, il faut que tous les quartiers fassent l’objet de la même oolitique de garanties et de protections. Il faut mettre fin aux inégalités qui sévissent dans le domaine du logement et, pour cela, il faut qu’existe, toujours l’autorité de la municipalité, un établissement chargé de superviser la rénovation des immeubles et des logements et de donner aux habitantes et aux habitants de la ville un accès équitable à des professionnels reconnus. La municipalité devrait pouvoir disposer d’un pouvoir de certification aux professionnels du logement. Enfin, la municipalité devrait disposer d’un outil de planification et de prévision sur le logement. Cela permettrait d’élaborer une politique qui ne soit pas à courte vue, comme l’ont trop souvent été les politiques du logement à Marseille : si les cités ont fleuri, dégradant irrémédiablement le paysage urbain et imposant des modes d’habitation sans valeur, c’est parce que le logement a été construit et aménagé au coup par coup, au jour le jour, sans s’inscrire dans un projet d’avenir. Une telle politique de prévision devrait être mieux articulée à la politique des transports, pour que ceux-ci soient mieux adaptés qu’ils ne le sont aux conditions de vie. La planification et la prévision devraient, elles aussi, faire l’objet d’une concertation et d’un dialogue entre tous les acteurs concernés, mais aussi avec les pouvoirs publics, municipaux et métropolitains.
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