Jeux, émoi

Eclairs, foudre et tonnerre

Billet de blog
le 10 Août 2016
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La première belle récolte quotidienne de médailles a été ternie par le développement de polémiques malsaines. C'est bien dommage pour les champions qui n'ont pas vu leurs performances détaillées comme elles l'auraient mérité.

Eclairs, foudre et tonnerre
Eclairs, foudre et tonnerre

Eclairs, foudre et tonnerre

Soulagement général : la France a obtenu ses premiers titres et fait monter son compteur de récompenses. Après quatre jours de compétitions, elle est 9e au tableau des médailles (qui privilégie les titres obtenus), devant la Grande-Bretagne et l’Allemagne, et seulement six nations ont obtenu un plus grand nombre de médailles.

Mais l’euphorie n’est pas encore installée. Le décalage horaire produit ses effets : les polémiques lancées quand l’attente d’interviews et d’images n’avait rien à d’autre se mettre sous la dent continuent de produire leurs effets nocifs. Ce qui a passablement brouillé la découverte de nouveaux héros qu’on ne connaissait pas, ou pas assez.

L’escrime et le judo ont obtenu leur premier trophée individuel, ce qui va soulager les délégations et permettre à ceux qui entrent en lice de s’exprimer sans surcroît de pression. Ce dont sont assurés les participants aux épreuves de voile, de boxe et surtout d’aviron, qui avancent gentiment dans leurs épreuves sans que personne ne les dérange.

Les compétiteurs de canoë et d’équitation, eux aussi, sont habitués à n’être sous les projecteurs et les flashes que quelques minutes tous les quatre ans. Ils vivent leur vie dans la discrétion le reste du temps et n’en changent guère si les succès ne sont pas au rendez-vous.

Ce sont des sports qui nécessitent des investissements importants, que tous les pays ne peuvent pas s’offrir. Si un môme se présente au Marseille Mazargues Canoë Kayak, le club de Denis Gargaud-Chanut où on ne doute pas qu’il sera bien accueilli, en disant « je veux être le futur champion olympique de ce sport rafraichissant », il ne doit pas s’attendre à trouver sur place un parcours équivalent à celui de Rio. Il faudra prévoir des déplacements, car les emplacements favorables ne sont pas nombreux… Le nouveau champion français de cette jeune discipline olympique semble de la même trempe que son glorieux prédécesseur Tony Estanguet, et il a su attendre son tour. Il fera honneur à Marseille.

Les cavaliers sont la partie émergente d’une population discrète de centaines de milliers d’amoureux. Qui élèvent les chevaux, les soignent, les entraînent et les entourent de leur affection, ce que les montures leur rendent au centuple. Cela leur suffit pour supporter des conditions de vie astreignantes et peu lucratives. Ils méritent bien ce moment de joie, et sont bien aimables de nous le faire partager.

Ces fédérations bien organisées et bien élevées devraient servir d’exemple.

En revanche, le tennis n’en finit plus de démontrer l’égoïsme de ses champions et l’inefficacité de certains de ses dirigeants. Il avait rapporté six médailles depuis le retour de la discipline au programme olympiques aux JO de Séoul en 1988. Sauf un exploit de Gilles Simon contre Nadal, ou de Gaël Monfils, toujours imprévisible, il est peu probable que la série continue. Alors que, sur le papier, les chances n’avaient jamais été meilleures, notamment dans les doubles.

Benoît Paire, l’Avignonnais, a balancé un match qu’il tenait dans sa main contre un autre agité notoire du circuit, l’Italien Fabio Fognini. Puis il a pris ses cliques et ses claques, écoeuré par le climat olympique qui n’est pas bon pour son teint. On se demande pourquoi la Fédération l’a obligé à venir à Rio, quand Lucas Pouille, bien plus fiable, était aussi disponible pour remplacer Richard Gasquet, un des nombreux blessés de dernière minute.

Le pompon semble devoir être attribué à la Fédération de natation, qui a gâché en quelques jours l’image idyllique qu’elle était parvenue à reconstruire depuis les Jeux d’Athènes en 2004, et le premier titre de Laure Manaudou.

Les nageurs, beaux jeunes gens au corps superbe et au sourire généreux, ont vite été la proie des médias et des publicitaires. Ce qui les a parfois distraits de leur entraînement si rigoureux, et les a installés comme cibles pour de nombreux jeunes concurrents qui veulent aussi leur part du gâteau.

La polémique entre Yannick Agnel (retraité à 24 ans !) et les autres relayeurs du 4 x 200 m, qui espéraient défendre la médaille d’argent obtenue à Londres il y a quatre ans, est un plongeon dans l’absurdité et la médiocrité. Les relayeurs ambitionnaient un podium, disaient-ils. Ils comptaient surtout se placer dans le sillage d’une locomotive, car Agnel avait démontré à Londres l’importance de son apport au relais. Car enfin, sans Agnel, ils ont été éliminés d’entrée, à cinq secondes du temps qui procurait la dernière place disponible pour la finale., et à onze secondes du temps réalisé par le relais français à Londres. On ne voit pas bien ce que le champion niçois aurait pu changer à l’affaire, surtout dans l’état fébrile qui l’avait sans doute déjà affecté dans son épreuve individuelle à Rio.

Les jalousies internes, les règlements de compte, les rivalités entre clubs et entraîneurs ont lancé une kyrielle de boules puantes, et la Fédération, dépassée, n’a pas su y mettre bon ordre. En plus, les consultants TV sont les autres anciens champions olympiques. Ils ne sont sans doute pas pressés de laisser leur place à Agnel, un modèle de réflexion, de pondération, et d’éducation. On n’est pas trop inquiet pour lui. Il trouvera bien son chemin ailleurs, pour avancer loin dans la vie.

L’entourage des nageurs français n’a pas su non plus indiquer à Jérémy Stravius, qu’il fallait profiter de la forme étincelante montrée lors du relais 4 x 100 m, pour assurer déjà sa place avant d’imaginer ce qu’il allait faire en finale du 100 m. A 28 ans, il est sans doute le talent le plus brillant de la natation masculine en France, capable de s’illustrer en libre, en dos et en papillon, et pas seulement sur le sprint pur. Il aurait sans doute dû depuis longtemps se consacrer au 200 m quatre nages, et aurait pu briguer la même réussite que le Hongrois Laszlo Cseh. Mais on n’a pas bien entendu le droit de le décider à sa place…

En natation, pour réussir, il faut du talent, du courage et beaucoup d’agnégation au travail. Stravius a tout cela, mais il manque tout de même un petit quelque chose au gentil Picard. La médaille d’argent du relais 4 x 100 m à Rio, la seule pour l’instant des Français dans la discipline, lui doit beaucoup. Mais il a choisi ,pour y apporter une meilleure contribution, de renoncer aux demi-finales du 200 m, ce qui a privé un autre nageur français d’une possibilité de briller à Rio dans l’épreuve. Le staff de l’équipe de France n’a pas de quoi s’en vanter non plus.

Oublions tout cela, qu’on n’aurait même pas dû relever, et admirons le bouquet final du feu d’artifice présenté par Michael Phelps, le plus grand nageur de tous les temps. Après avoir participé à la qualification du relais 4 x 200 m américain, il a bien failli le faire perdre en finale, lui qui l’a fait si souvent gagner, épuisé qu’il était par une monstrueuse journée de combats. Il avait gagné entretemps la finale du 200m papillon, arrachant un nouveau titre à une meute de concurrents affamés, tous désireux de s’offrir le scalp du tyran. Trois 200 m à fond le même jour, avec trois échauffements, trois séjours en chambre d’appel, trois passages devant les médias surexcités par les exploits de ce titan, une cérémonie de podium. Il faut un mental et une technique irréels pour y parvenir. Phelps mérite sans réserve d’être le Dieu de son sport. On espère qu’il fera d’autres disciples, à Marseille et partout ailleurs.

 

VIGNETTE

# Le basket australien fait des misères à la France : deux roustes infligées aux hommes, puis aux femmes. Les équipes tricolores de « sport co » font tout de même bonne figure dans l’ensemble, en particulier les handballeurs et les footballeuses.

# Il paraît qu’il y a toujours du beach-volley aux Jeux. Désolé, mais on s’en fiche totalement. A l’heure où cela est diffusé, le sable est déjà dans les yeux. Et pour ceux qui ont besoin de tirer la langue devant leur écran, il y a suffisamment de belles femmes et de beaux gars dans les autres disciplines, même s’ils sont généralement moins déshabillés. Le tennis de table, en revanche, est un vrai régal. La discipline n’a pas hésité à bouleverser ses règles, pour être plus spectaculaire. Et elle y est parvenue. C’est une des rares activités sportives que chacun a pratiquée au moins une fois, un jour ou l’autre. Et chacun est en mesure de constater à quel point le haut niveau lui reste inaccessible. 

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