Dépenses de la mairie de Rognac : la menace d’une plainte bâillon contre Marsactu

Dépenses de la mairie de Rognac : la menace d’une plainte bâillon contre Marsactu

Vendredi 10 mai, Sylvie Miceli-Houdais, maire de Rognac, a annoncé par un communiqué de presse qu’elle avait déposé plainte “pour vol et recel de documents administratifs à l’encontre du journal Marsactu”. Cette procédure, qui constitue une première pour notre média, nous paraît critiquable à plusieurs titres.

Tout d’abord, la maire de Rognac a publié ce communiqué suite à l’envoi de nos questions, ce que nous appelons la phase contradictoire, sans attendre la publication de notre enquête. Ce dépôt d’une plainte donne donc l’impression de viser à retarder ou annuler la publication, en créant une pression judiciaire autour du projet d’article.

Si tel était le cas, nous n’avons en tout cas pas donné suite et maintenu la publication ce mardi 14 mai, dès lors que les informations nous paraissaient suffisamment recoupées et mises en contexte, en dépit du refus de l’élue de répondre sur le fond.

Par ailleurs, en anticipant la publication de notre article, Sylvie Miceli-Houdais ne se base pas sur nos écrits mais sur nos questions, et ce qu’elle présente comme nos motivations. Elle nous impute donc “le but de participer à une opération de diffamation et de désinformation”. C’est bien sûr à l’exact opposé de la démarche de Marsactu, et de tout journal d’information. Et, à nouveau, c’est préjuger du contenu d’une enquête non encore parue.

Enfin, la maire ne nous reproche pas un délit de presse, comme la diffamation, mais un “vol et recel de documents administratifs”. Autrement dit, ce n’est pas un article qui est attaqué mais, semble-t-il, le simple fait de s’intéresser à la gestion de sa commune, en examinant des documents administratifs. De même, l’“enquête administrative interne” diligentée “dès lundi” pour “faire toute la lumière sur cette affaire” n’a pas pour but de comprendre si des irrégularités dans le processus d’achat public ont pu être commises, mais de rechercher nos sources éventuelles.

Pour notre part, nous considérons au contraire que notre enquête est d’intérêt public. Cette affaire rappelle que le journalisme d’investigation ne peut s’exercer sans avoir accès à des informations et documents internes, à même de dévoiler des pratiques dont les citoyens ne sont pas informés.

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