Déficits, autonomie et indépendance
Voilà près d’une semaine que je suis arrivé à Barcelone et que je suis frappé par une chose. En bon infobèse, j’ai abusé de journaux, télé, radio et internet, ce qui m’a bien aéré : ici pas de campagne présidentielle (j’y reviendrai), pas de défaites de l’OM, pas de visite de C.Guéant… mais un sujet récurrent : le pacte européen de stabilité et les objectifs de déficit. Tout ça se joue en Catalogne sur fond de “pacte fiscal” qui est grosso modo un accord entre les gouvernements catalan et espagnols sur la contribution de la région au budget national, avec le spectre de l’indépendance…
Je connais la Catalogne depuis pas mal de temps, et ce n’est pas la première fois que j’entends parler de tensions entre Barcelone et Madrid. Par contre, c’est la première fois que j’entends aussi clairement en moins d’une semaine autant parler d’autodétermination et d’indépendance.
Il y a d’abord eu un article dans la Vanguardia dimanche qui imaginait cinq scenarii pour sortir du blocage sur le pacte fiscal, l’un d’entre eux étant l’insurrection fiscale (que le gouvernement catalan demandent aux citoyens de ne plus payer leurs impôts à l’Etat mais à lui) et un autre la convocation d’un référendum sur l’indépendance. En sachant que La Vanguardia est plutôt le journal de la droite catalane, traditionnellement souverainiste mais pas indépendantiste (disons qu’ils ont une relation très complexe au sujet), c’est assez étonnant.
Puis le soir, une interview de l’ancien président, Jordi Pujol, sorte de De Gaulle catalan, qui jouit encore d’une influence certaine, et qui s’était toujours prononcé contre l’indépendance lorsqu’il était aux responsabilités. Dans cette interview, il déclare qu’il voterait “oui” à l’indépendance car il ne trouve plus d’arguments contre.
Et hier matin, j’apprends la convocation d’une assemblée constituante catalane ce week-end à Barcelone. 7 000 personnes sont attendues pour un grand meeting.
Alors bien sûr, ces événements isolés sont récurrents ici, même si d’aucuns soulignent la poussée indépendantiste, mais c’est surtout leur juxtaposition qui a attiré mon attention. Surtout replacé dans un contexte de relations profondément détériorées entre les deux gouvernements, le retour au pouvoir à Madrid du Partido Popular qui est férocement centraliste alors que les nationalistes revenaient à Barcelone, et la crise économique qui favorise l’instabilité et montre la faiblesse des états…et aussi leurs limites.
Nombre d’anciens arguments n’existent plus depuis Schengen (avec qui commercer, comment voyager etc…). Mais en plus avec la crise, les pays décident de moins en moins au profit de Bruxelles et Francfort, et finalement tant mieux car des problèmes tels que la gestion de la crise, la politique financière et la relance économique ne peuvent être pris en main qu’à niveau européen. Mais alors, à quoi nous servent les états ? Dans un pays composé de régions très autonomes déjà en charge de l’éducation, de la police, des transports…, leur utilité est facilement remise en question.
Reste le désir de vivre ensemble… et c’est justement ce que l’on ne sent plus du tout ici.
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