Lundi 10 août 2021
De la trêve au rêve
Rendez-vous est pris dans trois ans, à Paris... et à Marseille, qui accueillera plusieurs matchs des tournois de football et les épreuves de voile. Le délai est court pour améliorer spectaculairement le bilan des médailles. Mais le plus important est de donner une impulsion décisive à la pratique de tous les sports, principalement auprès des jeunes qui ont besoin d’espoir.
Tokyo, c’est fini maintenant. Bien sûr, il y aura bientôt les Jeux paralympiques, mais il est probable qu’ils ne prendront vraiment de l’importance pour le public français que dans trois ans, à Paris. On regrettera de ne pas avoir eu trop l’occasion de mieux découvrir le Japon, confinés que nous étions dans l’enceinte des stades et des salles. Les équipements réalisés étaient superbes, et il faut espérer qu’ils vont réellement servir aux pratiquants japonais à l’avenir.
Paris, c’est déjà aujourd’hui. Il est sans doute trop tard pour entreprendre des changements majeurs dans l’organisation des sports dans le pays. Or on a pu voir qu’ils seraient nécessaires, tant les résultats ont été globalement décevants. Il ne s’agit pas de satisfaire une gloriole imbécile, mais de générer un héritage et d’encourager la pratique d’activités physiques, pas nécessairement au plus haut niveau. Le dynamisme et la santé d’une nation, plutôt mis en danger depuis quelque temps, en dépendent.
Surgit même une crainte : quelle perspective avons-nous après 2024 ? Il serait illusoire de postuler à une nouvelle candidature pour des Jeux d’été, même si les candidats ne se bousculent plus. En revanche, la France n’a plus organisé les Jeux d’hiver depuis Albertville et le Savoie en 1992.
Les prochains Jeux d’hiver seront organisés à Pékin en 2022, et à Milan et Cortina d’Ampezzo en 2026. Lyon paraît être une candidate idéale pour les Jeux de 2030, par le dynamisme économique de sa région, la relative proximité des massifs montagneux, et la possibilité de réutiliser des équipements construits pour les Jeux de Grenoble puis d’Albertville. Nice s’est déjà portée en vain candidate, et pourrait aussi retenter sa chance.
Du reste, l’intérêt des Jeux d’hiver pourrait être relancé, jusqu’à égaler celui dont bénéficient les Jeux d’été, en leur attribuant les tournois olympiques des sports pratiqués en salle. Les compétitions y trouveraient une meilleure visibilité médiatique, en disputant le soir quand les journées seraient occupées par les sports de plein air. L’allègement du programme « estival » serait bénéfique au renforcement du menu « hivernal ».
La réussite sportive des Jeux de Paris ne semble pas bien garantie pour le bilan de la délégation française, condition importante sinon essentielle du succès de l’événement.
Pour les deux disciplines majeures du calendrier, la natation et l’athlétisme, le mal semble irrémédiable, d’autant que la concurrence s’élargit. La seule tentative d’amélioration réaliste consisterait à renforcer les conditions d’entraînement des nageurs locaux, dans la France d’outremer, en particulier à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie. Pour l’athlé, il faut accompagner les trop rares promesses dans les épreuves « patrimoniales » : les courses d’obstacles (110 m haies, 3 000 m steeple), la perche, le lancer du marteau, et surtout les relais. Il serait même possible d’envisager des résultats sur les marathons, en procurant des conditions de vie nettement améliorées aux meilleurs spécialiste français.
Pour le cyclisme, le fossé à combler est sans doute moins grand. A Paris, la motivation des « routiers » sera à son top. Sur la piste, quelques-unes des déceptions de Tokyo trouveront l’occasion d’un rachat. Il serait temps, tout de même, de développer les structures de détection et d’entraînement dans la France d’outremer, où les pratiquants sont nombreux et enthousiastes. Les exiler en métropole pour économiser sur le coût de l’encadrement est une politique à courte vue.
Plusieurs disciplines sont d’abondantes fournisseuses de médailles, et il est étrange d’y voir aussi peu de concurrents français : l’aviron, le canoë-kayak, par exemple. Si un effort particulier et résolu y est réalisé immédiatement, il ne produira sans doute ses effets que partiellement pour 2024, mais il serait profitable pour la suite.
Pour ce qui est des sports de combat, prolifiques en breloques eux aussi, il serait souhaitable de professionnaliser le statut des pratiquants amateurs, à l’instar de ce qu’a réussi le judo. Depuis les JO de Rio, il est évident que la France ne manque pas de talents, mais que les meilleurs d’entre eux n’arrivent pas à bénéficier d’une vie quotidienne correcte. Si une série de galas était organisée toute l’année, mêlant boxeurs, lutteurs, pratiquants de taekwondo, voire judokas, karatékas et escrimeurs, pour les opposer dans des compétitions de clubs, de villes ou de régions, le niveau sportif de chacun en serait amélioré, et surtout les conditions matérielles d’entraînement et de compétition. On pourrait même y adjoindre l’haltérophilie, qui est aussi un sport de combattants, et qui est bien plus spectaculaire que ce que la télévision nous en montre.
Les soirées d’«arts martiaux» rencontrent un grand succès en France, particulièrement à Marseille, quand elles sont proposées au public. Il est grand temps de mettre un tel programme sur pied, comme l’avait tenté Brahim Asloum il y a peu avec l’aide intermittente d’une chaîne de TV.
L’avantage de jouer à domicile peut galvaniser les pratiquant(e)s de golf et de tennis. Une action volontariste pour mettre sur pied des couples compétitifs dans les doubles peut encore s’envisager. L’effort d’accompagnement en faveur du badminton et du tennis de table peut également être entrepris, car les Tricolores figurent petit à petit parmi les meilleurs Européens, notamment en accueillant des transfuges venus d’Asie.
Les Jeux 2024 se tiendront en partie à Marseille, on le sait.
La Ville ne s’est pas encore engagée résolument dans la présentation de son action en faveur des épreuves de voile, notamment pour ce qui concerne l’hébergement des équipes nationales et leurs conditions d’entraînement.
Les structures de qualité déjà existantes (Cercle des Nageurs de Marseille, Société culturelle omnisports de Sainte-Marguerite) auront un rôle à jouer, qui va bousculer quelque peu les habitudes. L’entraînement d’une équipe nationale de water-polo, qualifiée d’office, trouvera une expertise aux Catalans.
Puisqu’il est permis de rêver encore un peu, on revient sur l’idée d’un « INSEP » du Sud, qui pourrait entourer le Stadium abandonné sur les hauteurs de Vitrolles, pour offrir un campus sportif d’excellence entre Aix et Marseille, à proximité de l’aéroport et de la gare TGV. Marseille disposerait alors d’un club omnisports universitaire de rang international, et d’une structure d’accueil et d’entrainement permanente.
A Marseille, on souhaite entendre « Faites vos Jeux », plutôt que « Rien ne va plus »…
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